2010-04-20

 

OGM, mission accomplie

Aux États-Unis, un nouveau rapport examine l'effet de l'adoption de semences génétiquement modifiées sur l'agriculture du pays. Ce rapport, The Impact of Genetically Engineered Crops on Farm Sustainability in the United States, peut-être lu ou acheté sur ce site. Le résumé annonce la couleur : « To date, crops with traits that provide resistance to some herbicides and to specific insect pests have benefited adopting farmers by reducing crop losses to insect damage, by increasing flexibility in time management, and by facilitating the use of more environmentally friendly pesticides and tillage practices. »

Ceci résume bien les conclusions présentées dans le cinquième chapitre, en commençant par un constat qui en dit plus long qu'on pourrait le croire : « The evidence shows that the planting of GE crops has largely resulted in less adverse or equivalent effects on the farm environment compared with the conventional non-GE systems that GE crops replaced. A key improvement has been the change to pesticide regimens that apply less pesticide or that use pesticide with lower toxicity to the environment but that have more consistent efficacy than conventional pesticide regimens used on non-GE versions of the crops. In the first phase of use, herbicide-resistant (HR) crops have been associated with an increased use of conservation tillage, in particular no-till methods, that can improve water quality and enhance soil-quality characteristics. »

De fait, il faut se rappeler que les OGM ont été développés en grande partie parce que l'agriculture industrielle de l'après-Seconde Guerre mondiale montrait des signes d'essoufflement : l'utilisation massive de pesticides et d'engrais était non seulement de plus en plus coûteuse (eu égard à l'apparition d'espèces tolérantes ou résistantes exigeant des doses plus élevées, des applications répétées, des pesticides améliorés ou des refuges), mais elle avait aussi des impacts de moins en moins acceptables sur l'environnement naturel. L'invention des OGM devait d'abord réduire la facture des fermiers — et non rétablir une agriculture édénique... Étant donné les investissements consentis, il ne faut pas se surprendre que l'objectif ait été atteint.

Pour l'instant, du moins...

Car le rapport note aussi que les gains observés seront peut-être éphémères. Comme je le signalais récemment, la sélection darwinienne continue à faire merveille. Et si l'agriculture avec des OGM engendre des résistances dans des pays comme l'Inde et la Chine, le même souci persiste aussi aux États-Unis, malgré les mesures (entretien de refuges) qui sont plus ou moins bien suivies par les agriculteurs. C'est le constat suivant dans le même chapitre : « At least one potential environmental risk associated with the first phase of GE crops has surfaced: some adopters of GE crops rely heavily on a single pesticide to control targeted pests, and this leads to a buildup of pest resistance regardless of whether GE crops or non-GE crops are involved. The governmental regulation of GE Bt crops through refuge requirements seems to have proved effective in delaying buildup of insect resistance with two reported exceptions, which have not had major consequences in the United States. Grower decisions to use repeated applications of particular herbicides to some HR crops have led, in some documented cases, to evolved herbicide-resistance problems and shifts in the weed community. In contrast with Bt-crop refuge requirements, no public or private mechanisms for delaying weed resistance have been extensively implemented. If the herbicide-resistance problem is not addressed soon, farmers may increasingly return to herbicides that were used before the adoption of HR crops. Tillage could increase as a pest-management tactic as well. »

D'autres inquiétudes ne génèrent pas la même inquiétude. Le rapport ne s'en fait pas trop pour les fermiers qui se plaignent de la contamination de leurs plantes par du pollen provenant d'organismes génétiquement modifiés ou de la perte de contrôle de leurs semences désormais vendues sous brevet. Le constat suivant est plutôt lénifiant, à première vue : « The potential for gene flow via cross-pollination between current major GE crops and wild or weedy relatives is limited to cotton in small spatial scales in the United States because the other major GE crops have no native relatives. (...) Gene flow (i.e., the adventitious presence) of legal GE traits in non-GE crops and derived products remains a serious concern for farmers whose market access depends on adhering to strict non-GE standards. It would appear that the resolution of the issue may require the establishment of enforceable thresholds for the presence of GE material in non-GE crops that do not impose excessive costs on growers and the marketing system. »

Évidemment, ce constat rassurant ne concerne que les États-Unis, et non les autres pays ou contextes où les OGM auraient des cousins dans la nature, ou des congénères jamais modifiés.

Bref, jusqu'à maintenant, les OGM ont représenté une extension de l'agriculture à base de pesticides, avec tout ce que cela comporte de positif et de négatif. Augmentation des rendements mais contrôle accru des compagnies commerciales. Réduction des impacts environnementaux mais sans garantie de durée. (Quant aux soucis d'impacts sur la santé humaine, ils restent essentiellement hypothétiques.)

L'agriculture reste centrée sur le rendement commercial, sans autre souci que la baisse des coûts et l'augmentation des profits. À cet égard, les OGM ont fait le boulot qu'on attendait d'eux. Mais si on ne peut pas leur imputer toutes les faiblesses d'un système axé sur le raccourcissement de la chaîne qui va du champ à la tablette de supermarché; ils n'en constituent qu'un maillon et rien n'interdit de penser qu'on pourrait forger une chaîne différente où ils entreraient également...

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