2010-03-23
Anticiper les conséquences
Dans les nouvelles scientifiques de la semaine, il y a malgré tout des raisons d'être optimiste. Pour qui se souvient de l'enthousiasme irréfléchi en faveur de l'adoption immédiate de n'importe quelle invention un tant soit peu séduisante au siècle dernier, deux annonces permettront de croire à une sagesse accrue des sociétés modernes.
D'une part, selon le numéro du 19 mars dernier de la revue Science, Monsanto admettait avoir observé chez des insectes dans certaines régions de l'Inde une tolérance acquise au coton Bollgard que la compagnie a commercialisé en Inde. Comme il s'agit d'une tolérance à une seule protéine exprimée par un gène pris au bacillus thuringiensis d'ordinaire mortel pour les insectes nuisibles, la compagnie en fait un argument de vente pour le coton Bollgard II, qui incorpore deux gènes. C'est une autre victoire pour... la théorie de l'évolution, et une autre illustration des conséquences difficilement évitables de l'adoption de certaines technologies. Il n'y a pas de panacées.
D'autre part, un océanographe de l'Ontario, Charles Trick, rapportait (.PDF) la semaine dernière dans les Proceedings of the National Academy of Sciences que l'injection de fer dans les eaux de surface de l'Océan Pacifique afin de stimuler la croissance du phytoplancton — une mesure préconisée par certains pour absorber l'excès de gaz carbonique dans l'atmosphère — stimulerait aussi la production d'acide domoïque par les diatomées du genre Pseudo-nitzschia. Or, cet acide est neurotoxique, et même mortel pour les humains en quantités suffisantes. (En 1987, la consommation par des habitants de l'île du Prince-Édouard de fruits de mer ayant concentré cet acide a entraîné la mort de trois personnes et l'intoxication de plus d'une centaine d'autres.) En particulier, l'acide domoïque affecte la mémoire à court terme, provoquant des formes d'amnésie pouvant rappeler celle de Henry Molaison. La production d'acide domoïque serait encore plus importance quand le fer est additionné de cuivre, ce qui est souvent le cas de la grenaille de fer la moins chère.
Par conséquent, il faut modérer les espoirs investis dans cette mesure potentielle de réduction du gaz carbonique atmosphérique (ou dans l'agriculture marine en général). Néanmoins, je trouve rassurant que l'on explore désormais les conséquences d'une nouvelle technologie avant sa mise en œuvre, et non après (le cas des OGM de Monsanto pouvant servir de contre-exemple, même si cela se discute). Si l'acide domoïque affecte la mémoire à court terme, de telles études démontrent que, comme société, notre mémoire n'est pas si mauvaise, en définitive...
D'une part, selon le numéro du 19 mars dernier de la revue Science, Monsanto admettait avoir observé chez des insectes dans certaines régions de l'Inde une tolérance acquise au coton Bollgard que la compagnie a commercialisé en Inde. Comme il s'agit d'une tolérance à une seule protéine exprimée par un gène pris au bacillus thuringiensis d'ordinaire mortel pour les insectes nuisibles, la compagnie en fait un argument de vente pour le coton Bollgard II, qui incorpore deux gènes. C'est une autre victoire pour... la théorie de l'évolution, et une autre illustration des conséquences difficilement évitables de l'adoption de certaines technologies. Il n'y a pas de panacées.
D'autre part, un océanographe de l'Ontario, Charles Trick, rapportait (.PDF) la semaine dernière dans les Proceedings of the National Academy of Sciences que l'injection de fer dans les eaux de surface de l'Océan Pacifique afin de stimuler la croissance du phytoplancton — une mesure préconisée par certains pour absorber l'excès de gaz carbonique dans l'atmosphère — stimulerait aussi la production d'acide domoïque par les diatomées du genre Pseudo-nitzschia. Or, cet acide est neurotoxique, et même mortel pour les humains en quantités suffisantes. (En 1987, la consommation par des habitants de l'île du Prince-Édouard de fruits de mer ayant concentré cet acide a entraîné la mort de trois personnes et l'intoxication de plus d'une centaine d'autres.) En particulier, l'acide domoïque affecte la mémoire à court terme, provoquant des formes d'amnésie pouvant rappeler celle de Henry Molaison. La production d'acide domoïque serait encore plus importance quand le fer est additionné de cuivre, ce qui est souvent le cas de la grenaille de fer la moins chère.
Par conséquent, il faut modérer les espoirs investis dans cette mesure potentielle de réduction du gaz carbonique atmosphérique (ou dans l'agriculture marine en général). Néanmoins, je trouve rassurant que l'on explore désormais les conséquences d'une nouvelle technologie avant sa mise en œuvre, et non après (le cas des OGM de Monsanto pouvant servir de contre-exemple, même si cela se discute). Si l'acide domoïque affecte la mémoire à court terme, de telles études démontrent que, comme société, notre mémoire n'est pas si mauvaise, en définitive...
Libellés : Effet de serre, Sciences
Comments:
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Et pour Monsanto, c'est l'occasion de vendre un autre produit.. pas anticipé ou carrément calculée, la mutation ?
C'est une question intéressante, Lily, car, dans un sens, la logique commerciale suffit en soi à anticiper les mutations. Sans aucun doute, les chercheurs de Monsanto travaillent depuis longtemps sur des versions améliorées de leurs OGM, pas nécessairement pour anticiper des mutations, mais pour offrir des versions dites améliorées à leurs clients afin de pouvoir les faire payer plus, ou de pouvoir les retenir s'ils sont tentés de voir ailleurs.
Il est bien possible que Monsanto ait prévu le développement d'une tolérance aux protéines du bacille puisque la résistance acquise est connue depuis les années soixante, voire quarante. Même si Monsanto aurait fait mine de croire que les insectes nuisibles ne trouveraient jamais de parade au bacille...
Mais ce n'était pas nécessaire. La logique de la concurrence suffisait à pousser Monsanto dans cette direction, a priori.
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Il est bien possible que Monsanto ait prévu le développement d'une tolérance aux protéines du bacille puisque la résistance acquise est connue depuis les années soixante, voire quarante. Même si Monsanto aurait fait mine de croire que les insectes nuisibles ne trouveraient jamais de parade au bacille...
Mais ce n'était pas nécessaire. La logique de la concurrence suffisait à pousser Monsanto dans cette direction, a priori.
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