2008-12-05

 

La mort d'une mémoire morte

Le New York Times annonce la mort de Henry Gustav Molaison.

De qui? Il s'agit du patient plus connu grâce à ses initiales : H.M. J'ai déjà parlé de lui sur ce blogue, car il était intéressant à plus d'un titre. À l'époque, j'avais consacré quelques heures en-ligne à découvrir son nom au moyen des indices fournis par l'auteur Philip J. Hilts dans son livre Memory's Ghost et j'avais tiré de ce nom un acrostiche en prose caché dans le texte du billet. (On peut le chercher...) J'avais aussi cru trouver le prénom de sa mère, qui est également dissimulé dans le texte du billet, mais sous une forme un peu plus vicieuse.

Né le 26 février 1926, quelques jours avant mon père, Molaison est mort ce mardi 2 décembre 2008 — mais toute la question, c'est de savoir s'il n'était pas réellement mort, ou du moins en grande partie, le 25 août 1953, sur une table d'opération à Hartford, au Connecticut. Dans les annales de la médecine aveugle et sans conscience, il est difficile de ne pas classer l'ablation de l'hippocampe de Molaison au dernier rang des expériences infernales, dans la compagnie des études des médecins nazis dans les camps de concentration. Hilts décrit ainsi l'opération conduite par le docteur Scoville, qui espérait guérir Molaison de ses accès d'épilepsie :

« Dr Scoville inserted a silver straw into Mr. M's brain and sucked out nearly the entire grayish-pink mass of the hippocampus and the regions leading up to it. On both sides. He drew out altogether a fist-sized piece of the center of the brain. In neuroanatomical terms, it was the area between the midlines of the two temporal lobes, and backward for eight to nine centimeters—thus removing most of the hippocampus, the parahippocampal gyrus, and the associated formations called the entorhinal and perirhinal cortexes, as well as the amygdala.

« The bony young man on the table was awake through this, so say the surgeon's notes. And at what moment did memory slip away? Suddenly, as the lovely cells were sucked out? Or slowly, as fewer and fewer answers were raised from those regions? Did the feeling of power wane, the room close, and the ceiling drop? Was it a moment, as in the film 2001: A Space Odyssey, in which Hal's memory cartridges were removed and he began to protest, but finally merely said, Oh! The answer is permanently dark, for the young man's awareness of that moment was flushed through the silver tube with his cells. In one sharp intake of air, he lost the world. » (p. 97)

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