2009-09-21
Pas un record, mais...
Selon les données de Cryosphere Today, l'étendue des glaces flottantes de l'Arctique n'est pas à la baisse cette année. En fait, la superficie des glaces reste à la hausse... relativement au record de 2007. Néanmoins, il ne faudrait pas que cela nous rassure. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer l'état de la calotte polaire dans l'Arctique en 1980 (à gauche) et aujourd'hui (à droite)...
La comparaison souligne à quel point l'exception est devenue la règle. Comme l'an dernier, il n'y a pas de quoi dormir tranquille. Le minimum enregistré cette année reste le troisième plus petit depuis le début des observations. (En seconde place, celui de l'an dernier. En première place, celui de 2007.) Assiste-t-on à un retour à la normale? Je soupçonne qu'il serait plus juste de parler d'un retour à la tendance, et cette tendance est baissière depuis 1980...
Ceci serait d'ailleurs le meilleur des scénarios, car il y a pire... Dans cet article de mars 2009, Timothy J. Lenton et ses collaborateurs écrivaient :
« In general, a physical system that is approaching a bifurcation point will show characteristic behaviour in the spectral properties of its time-series data (e.g. Lenton et al. 2008). Picture the present state of the system as a ball in a curved potential well (attractor) that is being nudged around by some stochastic noise process, e.g. weather. The ball continually tends to roll back towards the bottom of the well—its lowest potential state—and the rate at which it rolls back is determined by the curvature of the potential well. The radius of the potential well is related to the longest immanent time scale in the system. As the system is forced towards a bifurcation point, the potential well becomes flatter (i.e. the longest immanent time scale increases). Consequently, the ball will roll back more sluggishly. It may also undertake larger excursions for a given nudge. At the bifurcation point, the potential well disappears and the potential becomes flat (i.e. the longest immanent time scale becomes infinite). At this point, the ball is destined to roll off into some other state (i.e. alternative potential well). Potentially useful diagnostics of an approaching bifurcation, in response to, for example, stochastic noise forcing are thus a slowing of the response time to perturbations, which can manifest as a shift to lower frequency variations and/or an increase in the amplitude of variability. »
Si les glaces flottantes de l'Arctique forment un système doté d'un point critique, on peut se poser la question de savoir s'il se comporte comme un système qui s'approche de son point critique, c'est-à-dire de l'endroit où il change de régime. En utilisant les données sur l'étendue saisonnière des banquises de l'Arctique (en millions de kilomètres carrés), j'ai calculé pour chaque année la différence entre les maximum et minimum saisonniers. Cela donne le diagrame suivant, qui donne une idée du changement annuel de superficie des glaces depuis 1979 jusqu'en 2008. Dans la figure ci-dessus, il ne faudrait certes pas confondre amplitude des variations et amplitude de la variabilité. D'ailleurs, le saut observé entre 2006 et 2007 n'est pas tellement plus grand que ce qui a pu être observé vers 1996... Toutefois, il est tentant de trouver dans cette figure deux périodes de stabilité (approximativement de 1979 à 1989 et de 1997 à 2005 ou 2006), séparée par un intervalle caractérisé par des fluctuations irrégulières. Si nous sommes entrés depuis 2006 ou 2007 dans une nouvelle ère de fluctuations, cela pourrait annoncer en fait une nouvelle stabilisation, au moins pour quelques années. C'est pourquoi je ne serais surpris ni par un retour à la tendance baissière historique ni par une stabilisation de l'étendue des banquises de l'Arctique à un niveau plus bas que la moyenne historique, mais pas aussi bas que le record de 2007. Tout au moins pour quelques années en attendant le prochain point critique...
Sans exclure qu'un jour prochain, au débouché d'une période de fluctuations (à la hausse comme à la baisse), le nouveau régime — le plus stable possible, en un sens — soit celui de la disparition complète de la banquise estivale.
La comparaison souligne à quel point l'exception est devenue la règle. Comme l'an dernier, il n'y a pas de quoi dormir tranquille. Le minimum enregistré cette année reste le troisième plus petit depuis le début des observations. (En seconde place, celui de l'an dernier. En première place, celui de 2007.) Assiste-t-on à un retour à la normale? Je soupçonne qu'il serait plus juste de parler d'un retour à la tendance, et cette tendance est baissière depuis 1980...
Ceci serait d'ailleurs le meilleur des scénarios, car il y a pire... Dans cet article de mars 2009, Timothy J. Lenton et ses collaborateurs écrivaient :
« In general, a physical system that is approaching a bifurcation point will show characteristic behaviour in the spectral properties of its time-series data (e.g. Lenton et al. 2008). Picture the present state of the system as a ball in a curved potential well (attractor) that is being nudged around by some stochastic noise process, e.g. weather. The ball continually tends to roll back towards the bottom of the well—its lowest potential state—and the rate at which it rolls back is determined by the curvature of the potential well. The radius of the potential well is related to the longest immanent time scale in the system. As the system is forced towards a bifurcation point, the potential well becomes flatter (i.e. the longest immanent time scale increases). Consequently, the ball will roll back more sluggishly. It may also undertake larger excursions for a given nudge. At the bifurcation point, the potential well disappears and the potential becomes flat (i.e. the longest immanent time scale becomes infinite). At this point, the ball is destined to roll off into some other state (i.e. alternative potential well). Potentially useful diagnostics of an approaching bifurcation, in response to, for example, stochastic noise forcing are thus a slowing of the response time to perturbations, which can manifest as a shift to lower frequency variations and/or an increase in the amplitude of variability. »
Si les glaces flottantes de l'Arctique forment un système doté d'un point critique, on peut se poser la question de savoir s'il se comporte comme un système qui s'approche de son point critique, c'est-à-dire de l'endroit où il change de régime. En utilisant les données sur l'étendue saisonnière des banquises de l'Arctique (en millions de kilomètres carrés), j'ai calculé pour chaque année la différence entre les maximum et minimum saisonniers. Cela donne le diagrame suivant, qui donne une idée du changement annuel de superficie des glaces depuis 1979 jusqu'en 2008. Dans la figure ci-dessus, il ne faudrait certes pas confondre amplitude des variations et amplitude de la variabilité. D'ailleurs, le saut observé entre 2006 et 2007 n'est pas tellement plus grand que ce qui a pu être observé vers 1996... Toutefois, il est tentant de trouver dans cette figure deux périodes de stabilité (approximativement de 1979 à 1989 et de 1997 à 2005 ou 2006), séparée par un intervalle caractérisé par des fluctuations irrégulières. Si nous sommes entrés depuis 2006 ou 2007 dans une nouvelle ère de fluctuations, cela pourrait annoncer en fait une nouvelle stabilisation, au moins pour quelques années. C'est pourquoi je ne serais surpris ni par un retour à la tendance baissière historique ni par une stabilisation de l'étendue des banquises de l'Arctique à un niveau plus bas que la moyenne historique, mais pas aussi bas que le record de 2007. Tout au moins pour quelques années en attendant le prochain point critique...
Sans exclure qu'un jour prochain, au débouché d'une période de fluctuations (à la hausse comme à la baisse), le nouveau régime — le plus stable possible, en un sens — soit celui de la disparition complète de la banquise estivale.
Libellés : Effet de serre, Sciences