2009-09-01

 

Alexander Graham Bell et moi

Dimanche soir, j'ai fait partie de l'émission « Les chemins de travers » à la Première Chaîne de Radio-Canada avec Serge Bouchard et nous avons parlé d'Alexander Graham Bell (1847-1922). Les trois segments distincts de l'émission sont maintenant disponibles sur le site de l'émission, mais je ne sais pas pour combien de temps. Je n'interviens que dans les deux derniers, toutefois, mais, pour la compréhension, il faut nécessairement écouter le premier.

Bell est un inventeur fascinant, qui appartient nettement plus à l'époque héroïque de la première Révolution industrielle qu'à l'ère des titans corporatifs de la seconde Révolution industrielle, même si le téléphone fait partie des inventions marquantes de cette seconde période. Il n'était pas particulièrement doué pour l'entrepreneuriat, contrairement à un Thomas Alva Edison : aux États-Unis, une trentaine de brevets seulement portent le nom de Bell contre des centaines pour Edison. Bell n'avait pas non plus la formation scientifique d'un ingénieur ou d'un scientifique de son temps. Autodidacte, il était avant tout un acousticien et un professeur d'élocution pour les sourds-muets qui avait acquis de solides bases en électricité pratique. Cela lui a suffi pour inventer, conjointement avec Thomas Watson, le premier téléphone breveté dont le fonctionnement a été démontré sans contestation possible en public. (Le dire ainsi permet d'écarter les réclamations des autres inventeurs dans le domaine, même si certains d'entre eux ont très bien pu accoucher d'un prototype plus ou moins opérationnel.)

J'ai croisé pour la première fois le chemin de Bell quand j'ai visité Baddeck avec mes parents. J'étais très jeune, mais je me souviens un peu du musée consacré aux inventions de Bell dans cette petite ville de la Nouvelle-Écosse.

Plus récemment, en août 2007, j'avais fait un tour en Ontario méridional et je m'étais arrêté à Paris et Brantford. À Paris, petite ville pittoresque nichée dans une vallée, la famille d'Alexander Graham Bell avait séjourné quelques semaines chez un pasteur du nom de Thomas Philip Henderson (1816-1887), dont la maison existe encore (photo ci-dessous), quand ils avaient quitté l'Écosse pour sauver la vie du jeune Alexander, dont les deux frères étaient morts de la tuberculose.Si on se rapproche de ce cottage, on peut admirer de plus près la construction particulière des murs en galets, souvent mentionnée dans les références à la demeure du révérend Henderson. Mais je ne garantis pas l'authenticité historique du reste de l'édifice.À Brantford, les Bell avaient acheté une belle propriété située un peu à l'écart de la ville, à Tutelo (ou Tutela, selon les sources) Heights. En tant que site historique, la maison visible aujourd'hui (photo ci-dessous) correspond presque parfaitement à la maison visible dans les photos historiques, du moins à l'extérieur. (Dans au moins une photo d'époque, le perron est dépourvu de marches et l'entrée communique de plain-pied avec l'allée extérieure.)Le site ne se limite plus seulement à héberger la résidence historique des Bell. Comme l'explique une plaque dressée à quelques pas de la maison, le révérend Henderson a joué plus d'un rôle dans la vie d'Alexander Bell. Quand celui-ci a mis au point son téléphone, son père et le vieil Henderson ont collaboré pour lancer l'usage de l'invention au Canada. Entre temps, le révérend Henderson avait quitté Paris, son cottage et son poste d'inspecteur des écoles pour emménager dans une maison plus humble à Brantford. En 1877, il renonçait à son ministère pour devenir le premier représentant canadien de Bell et un promoteur infatigable du téléphone, d'abord dans l'Ontario du sud, puis à Montréal. Sa maisonnette de Brantford allait devenir par la force des choses le premier bureau d'affaires d'une entreprise téléphonique au Canada. Plus tard, elle a été transportée sur le terrain de Tutelo Heights (photo ci-dessous) et il est désormais possible de la visiter. Les locaux du rez-de-chaussée reconstituent les bureaux tels qu'ils auraient pu exister entre 1877 et 1880. Durant l'émission, un auditeur a communiqué avec le studio pour rappeler l'invention du combiné par Cyrille Duquet (1841-1922), horloger et orfèvre de la ville de Québec qui est mort la même année que Bell. En effet, quand son cadet a fait breveter le téléphone, Duquet a très rapidement fait breveter au Canada des améliorations et imaginé le combiné téléphonique. Dans la vieille ville de Québec, à l'emplacement de sa boutique, on retrouve aujourd'hui la plaque que je reproduis ci-contre. Ce que je dis à mes étudiants et ce que j'ai dit dimanche soir au sujet de la question de la priorité de Bell, c'est que le téléphone moderne, qu'on le veuille ou non, descend en droite ligne de l'invention brevetée par Bell. D'autres inventeurs l'ont peut-être anticipé, mais leurs inventions n'ont été ni brevetées ni commercialisées. Toutefois, il serait possible de soutenir que le téléphone actuel, c'est-à-dire le cellulaire, descend surtout de l'invention de Duquet dans la mesure où il n'est plus qu'un combiné!Dans la photo ci-dessus, on voit un édifice de Paris, Ontario, qui n'existe plus, mais où Bell a reçu le premier appel interurbain de l'histoire. Le courriel d'un auditeur durant l'émission l'a rappelé, mais il convient de noter que cet appel « interurbain » n'a couvert qu'entre 15 et 20 km, la distance séparant Paris de la maison de Tutelo Heights. Dans une agglomération plus grande, ce n'aurait été qu'un appel « urbain »... De plus, il s'agissait surtout d'un test de la transmission, Alexander Graham Bell désirant tester l'adéquation d'une ligne de télégraphe aux appels téléphoniques. Mais aucune conversation n'a eu lieu, l'inventeur se bornant à tester la transmission unidirectionnelle du signal sur cette distance entre la maison familiale et le bureau de Paris. Néanmoins, une plaque sur place à Paris rappelle cette expérience historique, comme on le voit ci-dessous.

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