2009-08-20

 

Encore le parc Algonquin

Cette fois, la pluie est de la partie. Du coup, ce que les préposés à l'entrée du parc confirment, c'est qu'il n'est pas question d'aller écouter les loups dans ces conditions. Pas seulement parce que les loups se terrent ou que les humains se feraient transir, mais parce que les gouttes de pluie produisent tant de bruit en tombant dans la forêt qu'il n'est pas question pour les guides de dialoguer avec les loups.

Dommage, car cela fait longtemps que j'ai envie d'entendre les loups... En guise de consolation, un programme léger pour la journée. D'abord, une visite du Musée du bûcheron près de l'entrée du parc. Le gros de la visite s'effectue à l'extérieur. L'exposition combine des reconstitutions des chantiers d'autrefois — dont une cambuse, des écuries, une glissoire à billots ainsi qu'un wagon-citerne ou glaceur à chemin — et des édifices ou vestiges historiques, apportés sur les lieux, dont une locomotive, un camion, un alligator, etc. (Excellent... et mes cours d'histoire profiteront peut-être de ce que j'ai appris, ou des photos que j'ai prises.) Ensuite, un repas au restaurant du Killarney Lodge, qui n'est ni le plus cher ni le moins cher des établissements dans cette partie du parc. (On y mange fort bien, en tout cas.) Le Killarney Lodge loue de petits chalets au bord de l'eau, la plupart réalisés dans le style de la « cabane de rondins » canadienne même si ces chalets n'ont de la cabane d'antan que l'apparence. Les voitures garées à proximité de ces chalets ne sont pas des modèles pour travailleurs désargentés... On peut aussi louer sur place des canots ou kayaks pour une excursion sur le lac des Deux-Rivières et je serais presque tenté, si le temps n'était pas aussi mauvais. Il y a même sur place une petite galerie d'art, The Tin Moose, laissée sans surveillance aucune. (Peut-être y avait-il une caméra — je n'ai pas songé à regarder.) L'enseigne est bien visible dans la photo à gauche, et on pourrait croire que l'orignal en tôle de la raison sociale correspond à la tête découpée dans la tôle qui est appuyée au chevalet... Toutefois, le perron de l'édifice offre à la vue quelques réalisations pittoresques, dont un autre orignal en fer-blanc. Franchement, on a envie de rire, mais le choix du pittoresque est si bien assumé (et la qualité des objets en vente à l'intérieur si remarquable) qu'il faut le prendre comme un gag et non comme quelque chose de risible. Amusant, et non ridicule, donc. Je profite de mon passage pour croquer sur le vif un écureuil roux, qui court dans tous les sens et qui commence à rassembler des provisions pour l'hiver. (Il ramasse des cônes encore verts pour aller les cacher, soit sous le plancher soit sous le toit d'un chalet.) C'est un peu déprimant d'observer son manège, aux deux tiers seulement du mois d'août, un bon mois avant la fin de l'été. Mais la saison froide est précoce dans cette partie de l'Ontario et l'hiver est rude. Il m'a fallu enchaîner quelques essais, mais j'ai enfin réussi à tirer un bon portrait de cet écureuil prévoyant... Après, un autre arrêt historique au lac Cache, qui était autrefois le centre névralgique du parc. On y trouvait une gare, le quartier-général des employés du parc et même un hôtel parfaitement monté quoique rustique, le Highland Inn. Pendant plus de cinquante ans, les touristes arrivaient par le train (comme les peintres du Groupe des Sept) et ils pouvaient ensuite jouir de tous les plaisirs des vacances civilisées en pleine nature : billard, tennis, jeux de boules, canotage, natation, patinage ou parties de lacrosse l'hiver... En 1957, l'hôtel a été acheté et rasé afin de laisser la nature reconquérir le site (surtout que le chemin de fer avait été coupé à l'est du lac, de sorte que l'hôtel était devenu le terminus de la ligne et son ultime destination). Depuis, une forêt de pins rouges a poussé sur les lieux et les quelques restes de l'ancienne station de villégiature ne sont plus que des présences incongrues, comme ces marches qu'on trouve en pleine forêt dans la photo ci-contre. La tranchée et les remblais pratiqués autrefois le long du lac pour amener le train sont encore visible, quoique envahis par la végétation depuis cinquante ans. Mais on peut encore tomber sur des vestiges aussi insolites que la lanterne dans les bois de Narnia, comme la borne d'incendie rouillée qui (dans la photo ci-dessous) se dresse encore entre les troncs de la jeune forêt, témoignant muettement d'une époque disparue.En fin de journée, j'ai essayé de localiser le cairn ou monument à la mémoire de Tom Thomson dressé au bord du lac Canoe. Si ce fut l'occasion de croiser encore une paire d'orignaux le long d'une route de terre, je dus renoncer. (Effectivement, le cairn n'est accessible qu'en bateau.) Et je n'aurai vu ce lac que sous la pluie...

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