2009-06-12

 

Un péché originel encore radioactif

Le choix du gouvernement Harper de se retirer de la production d'isotopes médicaux n'est sans doute pas très risqué sur le plan politique. Pourtant, de se faire dire que les ingénieurs canadiens sont maintenant incapables de reproduire ce que leurs prédécesseurs ont pourtant su réaliser, cela donne le frisson. N'est-ce pas ainsi que les décadences commencent?

Toutefois, depuis le temps que les écologistes font preuve d'une aversion essentiellement irraisonnée pour tout ce qui est nucléaire, le grand public s'est laissé convaincre que tout ce qui est radioactif présente des dangers particulièrement aigus. Cela s'est vu chaque fois que la NASA a voulu lancer des sondes dotés d'un générateur thermoélectrique à radioisotope : l'opposition des écolos a été stridente alors que les risques d'une fuite véritablement dangereuse étaient infimes. L'ironie, c'est les souhaits des écolos pourraient être exaucés tout simplement faute de combustible pour alimenter les générateurs de futures missions spatiales.

Il faut savoir que, depuis 1993, tout le plutonium-238 employé dans les générateurs des sondes spatiales de la NASA était d'origine russo-soviétique. Or, les réserves s'épuisent, parce qu'aucun pays n'en fabrique plus. Même si l'isotope n'a aucune espèce d'utilité militaire, il était autrefois produit en même temps que des isotopes destinés aux arsenaux nucléaires des grandes puissances. Depuis la fin de la course aux armements, personne n'a voulu dépenser les sommes requises pour une production limitée de plutonium-238. Produire de nouveaux isotopes radioactifs n'est pas une idée politiquement populaire ou gagnante.

Pourtant, la demi-vie de 88 ans du plutonium-238, la nature relativement inoffensive de ses émissions radioactives, la quantité de chaleur générée par unité de masse et de volume, la stabilité chimique, la résistance mécanique et la résistance à la corrosion ou à la dissolution font de cet isotope un atout unique et irremplaçable. Quand il n'y en aura plus, il faudra faire une croix sur les missions spatiales destinées à explorer les confins du système solaire. D'ailleurs, selon ce rapport publié par la National Academies Press, la NASA a déjà dû rayer de ses listes des missions moins prioritaires, faute d'assurances quant à la disponibilité d'une provision garantie de radioisotopes.

D'où vient cette réticence occidentale à s'occuper sérieusement de tout ce qui est nucléaire? Sans doute du péché originel de la science atomique : son application première à la construction des bombes nucléaires qui ont détruit Hiroshima et Nagasaki.

Libellés : , ,


Comments:
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
 
Pourtant, de se faire dire que les ingénieurs canadiens sont maintenant incapables de reproduire ce que leurs prédécesseurs ont pourtant su réaliser, cela donne le frisson. N'est-ce pas ainsi que les décadences commencent?

http://en.wikipedia.org/wiki/Fogbank

La mort de l'invention: la science cachée--alors, "Fogbank" c'est militaire, mais quoi avec les autres choses qui peut être militaire mais sont util pour vie aussi?

Frisson vrai.

Et merci a les éditeurs qui rendre *in*disponible articles aussi, et qui font payer les chercheurs ont accepté d'imprimer des artciles aussi
 
Le cas de « Fogbank » est merveilleusement fascinant !

Merci de me l'avoir signalé.
 
Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?