Culture des futurs

Le décalage horaire reste suffisamment significatif pour que je me contente de consacrer ma journée à des commissions, et à un peu de flânage le long des quais de la Seine. Mais avant de profiter du plein air (empestant le diesel) et du soleil (intermittent), je suis descendu dans les profondeurs de la terre pour visiter les bureaux de Bragelonne. Non que les hôtes de ces lieux soient particulièrement infernaux ou des sectateurs de divinités chthoniennes... En fait, le chantier ouvert dans la cour de l'immeuble force les visiteurs à emprunter un détour par cet escalier dont j'ai pris la photo à droite, au risque de se fourvoyer dans des tunnels sombres, boueux, mal éclairés... et pourtant curieusement alléchants. Une voûte de brique apparaissait entre deux parois, un cul-de-sac s'offrait sur ma gauche et des embranchements se laissaient deviner au loin. Avec un peu d'imagination, on pouvait se persuader que ces vieilles caves allaient en rejoindre d'autres, sous les immeubles voisins, pour ensuite se confondre avec le réseau des catacombes parisiennes. Quelles découvertes un explorateur ne ferait-il pas en se lançant dans ces tunnels? Mais comme cela fait plus de dix ans que les catacombes parisiennes accueillent des raves, les scénarios évidents sont désormais rebattus et c'est si bien connu qu'on en a même tiré un film à grand budget en 2007, Catacombes.Bref, comme j'étais moi-même au courant de ces pratiques il y a plus de dix ans, elles ont aussi alimenté un de mes livres (13,5 km sous Montréal). Inutile d'y revenir, quoi. Et puis, j'aurais risqué la déception si je m'étais heurté quelques pas plus loin à une porte fermée... J'ai donc poursuivi mon exploration de Paris en surface. Exploration? Promenade, plutôt. J'ai surtout fréquenté des lieux familiers, mais que je n'avais pas revus depuis plusieurs années. Des églises non sans intérêt du point de vue de l'histoire de l'architecture : Saint-Augustin, la Madeleine... Puis, un ciel hésitant entre la pluie et les éclaircies, j'ai remonté les Tuileries. (Avec une petite pensée pour les jeux pas tout à fait innocents de Marcel et Gilberte...)La perspective sur le Louvre a rendu à celui-ci des airs de palais. Les deux ailes, par exemple, se laissent admirer dans toute leur splendeur par dessus les parterres de verdure. Au nord, par exemple... Au sud, les aménagements paysagers incluent des labyrinthes de haies et de trouées, des allées d'arbres taillés, des talus et remblais... et des statues. De fait, la statuaire des Tuileries représente toute l'histoire de l'art, des sculptures classiques (j'ai cru remarquer au passage un Laocoon) jusqu'à la sculpture contemporaine exposée près du musée du Jeu de Paume (un Picasso?). En même temps, c'est l'histoire de France qu'on traverse en remontant les Tuileries : combats de la Seconde Guerre mondiale, incendie du palais des Tuileries, envols de ballons au XIXe siècle, grandes heures de la Révolution et de l'Empire, construction d'un rempart pour défendre Paris au XVIe siècle (on en voit les restes dans le stationnement du Louvre souterrain, si je me souviens bien)... Encore aujourd'hui, j'ai remarqué de nombreux enfants en train de visiteur (en groupes) ou de jouer, s'appropriant les lieux à leur manière. Et s'habituant aussi à fréquenter des sculptures qui feraient pousser les hauts cris dans certains milieux puritains de l'Amérique du Nord...Plus tard, j'ai succombé aux attraits des bouquinistes le long des quais; en dépensant presque moitié moins que le prix du nouveau roman de McAllister, j'ai pu mettre la main sur quatre livres, dont un Nestor Burma qui me restait à découvrir. Mais je conclus sur cette photo d'une statue des Tuileries qui pourrait faire l'objet d'un concours de la meilleure bulle à lui associer dans une BD...

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