2008-11-13

 

La Grande Rencontre (2)

Aujourd’hui, les participants à la Grande Rencontre Science et Société de l'ACFAS au Jardin Botanique se répartissaient au sein de sept ateliers, un peu comme lors des rencontres précédentes organisées par l’Institut du Nouveau Monde. J’avais naturellement choisi d’assister aux délibérations du septième atelier, « Pour une culture scientifique riche et critique ! ». Bien entendu, comme dans le cas de la fabrication de saucisses, il faut avoir l’estomac bien accroché pour assister à la mutation en cours de route des idées exprimées initialement et suivre les distillations successives qui accouchent des orientations stratégiques recherchées par les organisateurs.

En chemin, des idées intéressantes passent naturellement à la trappe. Par exemple, Félix Maltais proposait, si je l’ai bien compris, une journée annuelle de la science. Plus que les 24 heures de science, ce serait une fête nationale de la science qui honorerait la recherche et ses héros tout comme le 11 novembre commémore les sacrifices des soldats canadiens et ce qu’ils ont défendu avec leurs vies. Irait-on jusqu’à envisager un jour de congé?

Un journaliste de Québec-Science a fait remarquer qu’il existe des sujets d’investigation plus ou moins tabous au Québec, dont la réfection de Gentilly-2, la crise des isotopes, Rabaska, l’amiante, la listériose... et les dindons sauvages. Les chercheurs se taisent dès qu’ils sont interrogés.

Et si on encourageait la science citoyenne, ou la recherche scientifique indépendante, en accordant des bourses ouvertes à tous? Ceci pourrait tout à la fois sortir la recherche des universités et libérer certaines recherches de l’emprise des intérêts constitués....

Il a aussi été question dans cet atelier d’améliorer la formation des enseignants à l’université pour qu’ils offrent une meilleure formation aux jeunes à l’école et qu’ils aient un minimum de conscience de la recherche qui se fait, ce que la pédagogie actuelle, trop étroite, ne favorise pas toujours. Plus de revues de vulgarisation dans les écoles (et des bibliothèques quand il n’y en a pas!), de meilleurs sites internet de vulgarisation (comme CyberSciences) ou plus de sites en français, et plus de sciences à VRAK-TV pourraient également favoriser la culture scientifique des jeunes.

Mais la séance plénière de l’après-midi a un peu viré court quand une panne a plongé le Jardin botanique dans le noir. Mais on avait déjà eu le temps de constater que les grands thèmes sortis des ateliers se recoupaient. Le premier atelier privilégiait une cartographie de l’environnement social pour décider des besoins de recherche, des contacts plus étroits entre chercheurs et le public, et un renouvellement de l’éducation. Le Conseil de la Science et de la Technologie serait appelé à produire un avis sur la détermination des priorités de l’innovation et de la recherche. Le second atelier appelait à informer la société sur la recherche, à veiller à ce que toutes les obligations des chercheurs fassent partie des financements et à développer les partenariats. Le troisième atelier proposait, entre autres, de reconnaître la coproduction des savoirs.Après le déménagement de la séance dans une salle dotée de fenêtres procurant un jour naturel (photo ci-dessus), les discussions ont pris fin sur une note plus intime. Le cinquième atelier suggérait de tenir compte de l’activité de vulgarisation au moment d’évaluer la carrière des chercheurs et de préparer les « receveurs » de connaissances. L’importance des transferts serait reconnue et promue non seulement dans les institutions mais dans toutes les politiques étatiques. Il faudrait aussi augmenter l’aide financière aux organismes de transfert et soutenir la formation aux activités de transfert.

Le sixième atelier portait sur l’engagement social des chercheurs et les participants ont noté les limites et contraintes à cet engagement (impératifs commerciaux, etc.). Ils ont prôné l’accessibilité des résultats scientifiques, une tarification raisonnable des inscriptions aux congrès de l’ACFAS, par exemple, afin de faciliter l’accès pour les jeunes chercheurs, une valorisation des connaissances et des chercheurs, un appui à la formation des chercheurs en communication scientifique, plus de participation citoyenne et l’exploitation du Web 2.0.

Du septième atelier, enfin, il était ressorti l’absence de définition de la « culture scientifique » et la méfiance face à la notion de « grand public ». (La preuve qu'il y avait des universitaires dans la salle....) On recommandait une plus grande présence des scientifiques dans l’espace public, un travail sur l’image de la science et l’adoption de modèles, voire de vedettes scientifiques. Bref, que les chercheurs occupent l’espace public et se positionnent, qu’ils collaborent avec d’autres milieux, que l’on tente d’humaniser la science et les chercheurs, et que l’on se fonde un peu plus sur l’émotion, le plaisir et le jeu pour communiquer la science... Pourquoi pas? Je suis tout à fait pour! La session plénière a pris fin peu de temps après, sur une dernier mot des organisateurs, et les participants se sont dispersés, même si quelques irréductibles se sont attardés dans le hall d'entrée, profitant de l'éclairage d'urgence et des restes du buffet du midi. Reste donc à voir ce qui sortira des discussions et des délibérations, soit des mains des organisateurs (comme Michel Venne, de l'Institut du Nouveau Monde, que l'on voit dans la photo ci-contre) soit des mains des participants (dont moi-même, si j'en tire une publication à terme).

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