2008-03-20
La tombée de la nuit
La mort d'Arthur C. Clarke (1917-2008) a un retentissement immense. Si la plupart de ceux qui se souviennent de lui ont déjà vu le film 2001: A Space Odyssey, je parierais que la grande majorité n'ont pratiquement rien lu de lui. Ce n'est pas mon cas, même si je n'ai jamais été un fan fini de Clarke. J'ai lu ses nouvelles (mais pas toutes), j'ai lu ses grands classiques (Against the Fall of Night, Childhood's End), j'ai aussi lu la plupart des livres sortis durant ma jeunesse, comme Imperial Earth ou The Fountains of Paradise. Je garde même un souvenir ravi mais coupable d'ouvrages mineurs comme A Fall of Moondust, que j'avais emprunté plusieurs fois à la bibliothèque municipale pour le lire et le relire (sans doute dans l'édition française intitulée Les Naufragés de la Lune, mais je n'en jurerais pas). Plus tard, quand j'ai commencé à me constituer ma propre bibliothèque, j'ai acheté sans hésiter des romans de Clarke. Mes exemplaires des éditions de poche d'Imperial Earth ou The Fountains of Paradise chez Del Rey sont toujours dans ma bibliothèque, quoique un peu abîmés par les années et les relectures successives. Aujourd'hui, j'aurais du mal à expliquer l'attrait de Clarke. Pour le rédacteur d'un éditorial paru aujourd'hui dans The Ottawa Citizen, Clarke incarnait l'imagination visionnaire qui permet aux autres de se projeter dans le futur. On se souviendrait de lui non pour la justesse de ses prédictions ou l'originalité de ses idées, mais pour l'audace et la détermination lucide avec lesquelles il était prêt à se projeter dans des mondes possibles, mais jugés improbables par le commun des mortels.
Mais sa fiction a un charme particulier qui ne se limite pas à l'anticipation ou à l'extrapolation. Dans presque tous ses livres, Clarke combine l'émerveillement face aux idées nouvelles et un humanisme indulgent. Dans ses ouvrages tardifs, signés au Sri Lanka, la narration est de plus en plus teintée d'une sérénité telle qu'on se demande à quel point le bouddhisme local a déteint sur lui... Ce qui est clair, c'est que son roman The Fountains of Paradise (Ballantine/Del Rey, 1980) doit beaucoup à son déménagement au Sri Lanka. Bien entendu, pour les besoins de la cause, Clarke a transformé l'île, la déplaçant vers le sud pour la rapprocher de l'équateur et la rebaptisant Taprobane. C'est ce qui lui permet d'en faire la base d'une tour orbitale, et Clarke fournissait en appendice (quelque part entre Jules Verne et Peter Watts) un résumé fascinant de l'historique du concept, en citant ses sources. Ce roman est d'ailleurs une des sources de la planète Serendib qui apparaît dans plusieurs de mes livres pour jeunes. Comme Taprobane est un ancien nom donné au Sri Lanka, j'en ai cherché un autre pour la planète que j'imaginais avoir été colonisée par des pionniers originaires de cette île. Et je suis naturellement tombé sur Serendib. Mais le roman de Clarke n'est pas la seule origine de mon intérêt pour la culture du Sri Lanka. Quelques années après la parution du roman, j'ai eu l'occasion de potasser les dossiers descriptifs de plusieurs sites du Patrimoine mondial de l'UNESCO, dont ceux du Sri Lanka.
Pourquoi? Le 20 juillet 1985, dans le cadre d'une activité de promotion du Patrimoine mondial de l'UNESCO, je participais à Toronto à un jeu-questionnaire international qui opposait, grâce à des liaisons satellites gérées par ordinateur, des équipes dans plusieurs pays et sur plusieurs continents. Je faisais partie de l'équipe recrutée dans l'est de l'Ontario, sans doute en raison de mes succès à Génies en herbe, Reach for the Top et Schoolreach. (En effet, je crois avoir tâté de trois versions de ces jeux-questionnaires par équipe : deux ans en français et un an en anglais avec les émissions télévisées par CBC/Radio-Canada, puis un an en anglais à la télé communautaire après l'annulation du programme par la CBC.) À Toronto, les questions portaient naturellement sur les sites du Patrimoine mondial et nous nous étions préparés en étudiant des dossiers sur un grand nombre de sites. Je ne sais plus si nous avons brillé (probablement pas), mais j'ai été fasciné par les dossiers sur Sigiriya et les autres sites historiques. J'avais déjà commencé à écrire Les Rescapés de Serendib, mais ces dossiers ont relancé mon intérêt pour le Sri Lanka et m'ont aidé à étoffer mes descriptions de Serendib — du moins, dans les textes pour l'instant inédits...
Mais sa fiction a un charme particulier qui ne se limite pas à l'anticipation ou à l'extrapolation. Dans presque tous ses livres, Clarke combine l'émerveillement face aux idées nouvelles et un humanisme indulgent. Dans ses ouvrages tardifs, signés au Sri Lanka, la narration est de plus en plus teintée d'une sérénité telle qu'on se demande à quel point le bouddhisme local a déteint sur lui... Ce qui est clair, c'est que son roman The Fountains of Paradise (Ballantine/Del Rey, 1980) doit beaucoup à son déménagement au Sri Lanka. Bien entendu, pour les besoins de la cause, Clarke a transformé l'île, la déplaçant vers le sud pour la rapprocher de l'équateur et la rebaptisant Taprobane. C'est ce qui lui permet d'en faire la base d'une tour orbitale, et Clarke fournissait en appendice (quelque part entre Jules Verne et Peter Watts) un résumé fascinant de l'historique du concept, en citant ses sources. Ce roman est d'ailleurs une des sources de la planète Serendib qui apparaît dans plusieurs de mes livres pour jeunes. Comme Taprobane est un ancien nom donné au Sri Lanka, j'en ai cherché un autre pour la planète que j'imaginais avoir été colonisée par des pionniers originaires de cette île. Et je suis naturellement tombé sur Serendib. Mais le roman de Clarke n'est pas la seule origine de mon intérêt pour la culture du Sri Lanka. Quelques années après la parution du roman, j'ai eu l'occasion de potasser les dossiers descriptifs de plusieurs sites du Patrimoine mondial de l'UNESCO, dont ceux du Sri Lanka.
Pourquoi? Le 20 juillet 1985, dans le cadre d'une activité de promotion du Patrimoine mondial de l'UNESCO, je participais à Toronto à un jeu-questionnaire international qui opposait, grâce à des liaisons satellites gérées par ordinateur, des équipes dans plusieurs pays et sur plusieurs continents. Je faisais partie de l'équipe recrutée dans l'est de l'Ontario, sans doute en raison de mes succès à Génies en herbe, Reach for the Top et Schoolreach. (En effet, je crois avoir tâté de trois versions de ces jeux-questionnaires par équipe : deux ans en français et un an en anglais avec les émissions télévisées par CBC/Radio-Canada, puis un an en anglais à la télé communautaire après l'annulation du programme par la CBC.) À Toronto, les questions portaient naturellement sur les sites du Patrimoine mondial et nous nous étions préparés en étudiant des dossiers sur un grand nombre de sites. Je ne sais plus si nous avons brillé (probablement pas), mais j'ai été fasciné par les dossiers sur Sigiriya et les autres sites historiques. J'avais déjà commencé à écrire Les Rescapés de Serendib, mais ces dossiers ont relancé mon intérêt pour le Sri Lanka et m'ont aidé à étoffer mes descriptions de Serendib — du moins, dans les textes pour l'instant inédits...
Libellés : Livres, Science-fiction