2008-03-08
De l'Arrow d'Avro à Radarsat-2
On ne peut pas entièrement blâmer les Conservateurs de Harper pour l'enchaînement de circonstances qui risque de faire de l'essentiel de la technologie spatiale canadienne la propriété d'une compagnie privée aux États-Unis. Mais s'ils ne réagissent pas, ils resteront identifiés à cette cession et concession aussi clairement qu'on se souvient dans certains milieux des Conservateurs de Diefenbaker pour avoir liquidé le projet de construction de l'Arrow d'Avro (qui aurait été à certains égards le chasseur à réaction le plus avancé de son époque). (L'Arrow RL-201 d'AVRO — Bibliothèque et Archives Canada, PA-210520)
Certes, les Libéraux ne sont pas innocents dans cette affaire. Du temps de Jean Chrétien, ce sont eux qui, en 1998, cédaient à une compagnie étatsunienne, Orbital Sciences, alors propriétaire de la compagnie d'origine canadienne MacDonald, Detwiler and Associates (MDA), le contrôle de Radarsat-2 dans le cadre de l'entente conclue entre le gouvernement canadien et MDA pour construire ce second satellite radar du Canada. Et ils n'avaient pas non plus protesté, moins de trois ans auparavant, quand Orbital Sciences avait acheté MDA, jusqu'alors canadienne. Si je me souviens bien du contexte, la chose était passée relativement inaperçue et on avait accepté ces décisions des Libéraux comme une mesure de plus dans le cadre de la lutte au déficit. Le partenariat avec le privé était un mal nécessaire pour liquider le déficit et rétablir les comptes.
Les Conservateurs d'aujourd'hui ne peuvent pas (pour l'instant) plaider l'urgence financière.
En 1999, des investisseurs canadiens avaient racheté MDA (au prix fort), de sorte que la compagnie était redevenue canadienne. En 2005, toutefois, les Libéraux étaient encore au pouvoir quand ils avaient refusé de légiférer pour encadrer le contrôle de Radarsat-2, des données recueillies par le satellite ou la propriété canadienne. Maintenant qu'Alliant Systems veut mettre la main sur la division spatiale de MDA, ce sont toutefois les Conservateurs qui seront obligés de choisir. S'ils n'interviennent pas, les fruits d'investissements publics canadiens chiffrés en milliards de dollars appartiendront à une compagnie des États-Unis.
Et les parallèles sont frappants. Dans le domaine commercial, la technologie de Radarsat-2 est sans équivalente et elle serait même supérieure aux équipements militaires des États-Unis dans le même domaine.
Depuis quelques années, les États-Unis se heurtent à des difficultés dans le développement d'une nouvelle génération de satellites espions capables d'obtenir des imagesradar. Le satellite USA-193 qu'ils ont été obligés d'abattre faisait partie de ces efforts malheureux. Il est naturel de se demander si Alliant Systems achète Radarsat-2 pour que les États-Unis disposent d'une bonne solution de rechange...
L'Arrow d'Avro aurait été plus que compétitif avec les chasseurs développés aux États-Unis à la même époque — si les moteurs qui restaient à construire avaient livré la performance promise. Quoi qu'il en soit, la décision de Diefenbaker avait laissé le champ libre aux constructeurs des États-Unis, de sorte que les forces aériennes du Canada utilisent presque exclusivement des appareils (avions et hélicoptères) conçus et/ou construits à l'étranger. Si Alliant achète la division spatiale de MDA, ce sera maintenant l'essentiel de la technologie spatiale de l'effort canadien qui sera contrôlé à l'étranger. Et si l'Arrow d'Avro devait défendre la sécurité du territoire canadien contre les bombardiers soviétiques, un satellite comme Radarsat-2 est une source de renseignements cruciaux pour la défense actuelle du pays.
De nombreux ingénieurs d'Avro avaient quitté le Canada, certains étant presque immédiatement recrutés par le programme spatial des États-Unis. Il y a fort à parier que, si Alliant complète son acquisition, les dépenses en recherche et en développement pour les successeurs de Radarsat-2 se feront de plus en plus aux États-Unis. Et le Canada perdra une fois de plus le contrôle des fruits de ses investissements.
Certes, les Libéraux ne sont pas innocents dans cette affaire. Du temps de Jean Chrétien, ce sont eux qui, en 1998, cédaient à une compagnie étatsunienne, Orbital Sciences, alors propriétaire de la compagnie d'origine canadienne MacDonald, Detwiler and Associates (MDA), le contrôle de Radarsat-2 dans le cadre de l'entente conclue entre le gouvernement canadien et MDA pour construire ce second satellite radar du Canada. Et ils n'avaient pas non plus protesté, moins de trois ans auparavant, quand Orbital Sciences avait acheté MDA, jusqu'alors canadienne. Si je me souviens bien du contexte, la chose était passée relativement inaperçue et on avait accepté ces décisions des Libéraux comme une mesure de plus dans le cadre de la lutte au déficit. Le partenariat avec le privé était un mal nécessaire pour liquider le déficit et rétablir les comptes.
Les Conservateurs d'aujourd'hui ne peuvent pas (pour l'instant) plaider l'urgence financière.
En 1999, des investisseurs canadiens avaient racheté MDA (au prix fort), de sorte que la compagnie était redevenue canadienne. En 2005, toutefois, les Libéraux étaient encore au pouvoir quand ils avaient refusé de légiférer pour encadrer le contrôle de Radarsat-2, des données recueillies par le satellite ou la propriété canadienne. Maintenant qu'Alliant Systems veut mettre la main sur la division spatiale de MDA, ce sont toutefois les Conservateurs qui seront obligés de choisir. S'ils n'interviennent pas, les fruits d'investissements publics canadiens chiffrés en milliards de dollars appartiendront à une compagnie des États-Unis.
Et les parallèles sont frappants. Dans le domaine commercial, la technologie de Radarsat-2 est sans équivalente et elle serait même supérieure aux équipements militaires des États-Unis dans le même domaine.
Depuis quelques années, les États-Unis se heurtent à des difficultés dans le développement d'une nouvelle génération de satellites espions capables d'obtenir des imagesradar. Le satellite USA-193 qu'ils ont été obligés d'abattre faisait partie de ces efforts malheureux. Il est naturel de se demander si Alliant Systems achète Radarsat-2 pour que les États-Unis disposent d'une bonne solution de rechange...
L'Arrow d'Avro aurait été plus que compétitif avec les chasseurs développés aux États-Unis à la même époque — si les moteurs qui restaient à construire avaient livré la performance promise. Quoi qu'il en soit, la décision de Diefenbaker avait laissé le champ libre aux constructeurs des États-Unis, de sorte que les forces aériennes du Canada utilisent presque exclusivement des appareils (avions et hélicoptères) conçus et/ou construits à l'étranger. Si Alliant achète la division spatiale de MDA, ce sera maintenant l'essentiel de la technologie spatiale de l'effort canadien qui sera contrôlé à l'étranger. Et si l'Arrow d'Avro devait défendre la sécurité du territoire canadien contre les bombardiers soviétiques, un satellite comme Radarsat-2 est une source de renseignements cruciaux pour la défense actuelle du pays.
De nombreux ingénieurs d'Avro avaient quitté le Canada, certains étant presque immédiatement recrutés par le programme spatial des États-Unis. Il y a fort à parier que, si Alliant complète son acquisition, les dépenses en recherche et en développement pour les successeurs de Radarsat-2 se feront de plus en plus aux États-Unis. Et le Canada perdra une fois de plus le contrôle des fruits de ses investissements.
Libellés : Canada, Espace, Politique, Sciences