2007-12-31

 

Majestrum et The Painted Drum

Le roman Majestrum de Matthew Hughes a tout pour plaire aux amateurs de Jack Vance, et j'en suis un même si je n'ai pas vendu mon âme au cercle des adorateurs fous dont il est interdit de parler si on n'assiste pas aux réunions... Oupse!

Si j'avais été légèrement déçu par The Commons, qui trahissait un peu trop ses origines dans les pages d'une revue, je ne l'ai pas été par Majestrum (Night Shade Books, 2007), qui mêle habilement le thème de la vie sur une Terre habitée depuis des éons et un retour imminent de la magie dans un monde longtemps dominé par la raison. Le personnage principal est un détective, Hengis Hapthorn, qu'une enquête précédente a doté d'un démon familier tout en scindant sa personnalité en deux moitiés, l'une rationnelle et l'autre intuitive. Chargé d'une nouvelle enquête par un aristocrate de la Terre, il se retrouve plongé, après avoir cru tirer le tout au clair, dans une affaire remarquable qui menace l'équilibre politique et naturel du monde. C'est aussi souvent amusant que passionnant.

Quant au roman The Painted Drum (HarperCollins, 2005) de Louise Erdrich, il est l'œuvre d'une représentante de la nouvelle génération d'écrivains issus des Premières Nations qui a commencé à se faire remarquer il y a une vingtaine d'années (Sherman Alexie, Luci Tapahonso). Ce ne sont pas tous ses livres qui donnent la vedette aux Ojibwés (Anishinaabeg), mais ses romans n'occultent ni la présence ni la réalité des Premières Nations.

The Painted Drum commence en Nouvelle-Angleterre, loin du Minnesota et de ses réserves. Pourtant, Elsie et Faye Travers, mère et fille, sont liées par le sang et par mille autres affinités aux Anishinaabeg du Minnesota, l'État des 10 000 lacs... Ne font-elles pas commerce d'antiquités, en témoignant un intérêt tout particulier aux vestiges de fabrication amérindienne? Un drame qui met aux prises leurs voisins provoque aussi la mort d'un innocent et Faye est chargée de l'inventaire de la maison. Ce faisant, elle découvre une pièce rare, un tambour sacré de très belle facture; sans pouvoir s'expliquer son impulsion, Faye saisit l'occasion et dérobe le tambour. Quand elle rapporte le tambour aux gens de la réserve, elle apprend que le tambour rappelle à certains une période tragique qui a divisé des familles et attisé des haines tenaces.

Enfin, le roman The Princes of the Golden Cage (Night Shade Books, 2007) de Nathalie Mallet est d'une lecture agréable, malgré quelques gallicismes intempestifs. S'inspirant de pratiques ottomanes, elle décrit le confinement de plusieurs princes dans un sérail par leur père et souverain. Mais des forces surnaturelles interviennent à l'intérieur des murs et le prince Amir, qui avait cru s'isoler des querelles de ses frères, devient la proie des soupçons. Mallet combine adroitement un mystère (qui est l'assassin convoitant la succession?), une aventure fantastique (Amir déjouera-t-il les entités qui s'insinuent dans le sérail?) et une histoire d'amour... Il y aura une suite.

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Comments:
Très heureux de voir que vous appréciez Matt Hughes autant que moi... Je viens de remettre la traduction de Majestrum en français à l'éditeur L'Atalante, parution prévue début 2009, sans doute. J'avais traduit précédemment l'excellent "Black Brillion" (Le brillion noir) pour le même éditeur.
Je suis moi-même un de ces "adorateurs fous de Vance", ayant été fortement impliqué dans le projet VIE, réédition de l'oeuvre intégrale de Vance en 44 volumes (en anglais), textes entièrement restaurés et débarrassés des scories éditoriales accumulées au fil du temps... Un jour, peut-être, je pourrai faire la même chose pour l'intégrale de Matt ! Projet MIE, en quelque sorte...
 
Un de ces jours, quand j'aurai tant les moyens financiers que l'espace requis sur mes tablettes, il faudra bien que je me procure cette intégrale de Vance...

J'avais découvert Hughes, du moins comme romancier, en lisant Black Brillion. J'en avais parlé sur mon blogue il y a deux ans (tout comme j'ai évoqué The Commons plus récemment) et je crois que Matt, en réagissant, faisait alors allusion à vous.
 
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