2007-12-12

 

Le futur de la lecture en France

L'enquête internationale réalisée en 2006 par PISA, un organe de l'OCDE, afin d'évaluer le niveau des élèves âgés de 15 ans dans les écoles d'un échantillon de 57 pays, a donné des résultats (.PDF) troublants pour la France, comme l'avoue un article du journal Le Monde.

En sciences, les élèves français se retrouvent 19e sur les 30 pays de l'OCDE (le Canada est alors 2e), mais Le Monde n'ose pas préciser qu'ils se retrouvent 25e sur les 57 pays de l'échantillon (le Canada est alors 4e). L'enquête livre d'autres résultats intéressants, dont la corrélation entre élèves brillants en sciences et chercheurs de haut niveau dans chaque pays. En raison de sa bonne performance, le Canada est en-dessous de la courbe, car il compte moins de chercheurs par habitant qu'on ne s'y attendrait, tandis que la France est au-dessus de la même courbe, avec nettement plus de chercheurs qu'on ne s'y attendrait sur la base des résultats de ses élèves. Est-ce que ceci annoncerait une évolution à venir? On verra.

Il est vrai que les élèves français ne sont pas toujours les plus motivés. Pour l'enquête PISA en 2003, les élèves français avouaient eux-mêmes avoir consenti un effort assez faible pour réussir les épreuves de PISA (l'effort le plus faible après celui des jeunes Japonais) et un effort sous la moyenne relativement à l'effort pour un test scolaire — le neuvième effort le plus faible dans l'échantillon de 41 pays en 2003...

Certes, la France se situe encore dans la moyenne de l'OCDE, mais elle est à la queue du peloton des médiocres. Encore un (mauvais) effort et elle glissera sous la moyenne, allant rejoindre la Croatie ou... les États-Unis. (La présence des États-Unis sous la moyenne n'est pas nécessairement rassurante; la suprématie en recherche des États-Unis est en partie construite sur l'importation de chercheurs étrangers qui compensent les lacunes du système d'enseignement.)

Pour ce qui est de la compréhension de l'écrit, la situation est un peu plus rose. Les élèves français sont en 17e place dans l'OCDE (les jeunes Canadiens sont en 3e place) et au 23e rang de l'échantillon (les Canadiens sont au 4e rang). En mathématiques, ils sont encore une fois en 17e place dans l'OCDE (cette fois, les jeunes Canadiens ne font pas mieux qu'une 5e place) et au 23e rang de l'échantillon (les Canadiens tombent au 7e rang). Ce qui est impressionnant en mathématiques, c'est la performance des Chinois : les élèves de Taipei, Hong Kong et Macao prennent trois des huit premières places...

Les piètres résultats français en lecture sont confirmés par d'autres études, dont celle du PIRLS en 2006, qui s'intéresse aux élèves plus ou moins en quatrième année du cycle primaire. Le premier chapitre (.PDF) de l'étude du PIRLS révèle un assez bon classement des provinces canadiennes (traitées séparément dans l'échantillon) puisque l'Alberta est 3e, la Colombie-Britannique 5e et l'Ontario 7e. En ce qui concerne les pays et juridictions francophones, le Québec est 23e, la France 27e et la Belgique francophone (Wallonie) 34e. Compte tenu des incertitudes, on peut dire que ces résultats tiennent dans un mouchoir de poche, surtout qu'il existe de légères différences au niveau de l'âge moyen des élèves. Les petits Québécois avaient 10,1 ans en moyenne, les petits Français 10,0 ans et les petits Wallons 9,9 ans.

Mais comme l'échantillon du PIRLS inclut 38 pays, 5 provinces canadiennes et 2 juridictions belges, ces résultats des francophones sont littéralement médiocres, mais sans être catastrophiques. Le Québec et la France sont un peu au-dessus de la moyenne, et la Wallonie légèrement en dessous.

Néanmoins, la tendance lourde classe les élèves français dans la moyenne, que ce soit en lecture, en maths ou en sciences. En général, le Canada ou le Québec font mieux, ce qui devrait évacuer une fois pour toutes l'argument voulant que la diversité des origines dans les écoles françaises soit responsable des mauvais résultats des jeunes Français : le Québec et a fortiori le reste du Canada comptent de nombreux immigrants ou enfants d'immigrants au sein de leur population.

Que reste-t-il comme facteurs déterminants? Les nouveaux médias jouent sans doute un rôle, mais sont-ils plus présents en France qu'ailleurs? Le niveau de développement n'est pas vraiment en cause, car Belgique, France et Québec comptent des populations parmi les plus à l'aise de la planète. Les difficultés propres de la langue française pourraient expliquer une partie de la performance moyenne des francophones, dans la mesure où d'autres langues sont plus simples, et donc plus faciles à maîtriser. (Les Coréens arrivent bons premiers en lecture dans l'étude de PISA et ce n'est sans doute pas un hasard si l'écriture coréenne est d'une suprême simplicité.) Et, bien entendu, il y a l'enseignement qui doit bien jouer un rôle...

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Comments:
Je vous assure que la faillite de l'éducation nationale n'est pas un rêve.

Je me permets de vous souhaite un bon Noël et de vous offrir mes meilleurs voeux pour l'année 2008 ! J'ai publié à cette occasion un conte de saison sur mon blogue.

Amicalement.
 
C'est la conclusion qui semble s'imposer; si je ne parlerais pas nécessairement d'une faillite à ce stade, il est clairement temps de tirer la sonnette d'alarme.
 
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