2007-09-17

 

Mais où sont les glaces d'antan?

Il n'y aura bientôt plus assez de glace polaire pour refroidir un Cuba Libre...

La fonte des glaces de l'Arctique a ouvert le passage du Nord-Ouest et menace d'ouvrir aussi le passage du Nord-Est, en attendant d'ouvrir le passage du pôle Nord tout court... On peut voir les changements de la calotte arctique ici, un site canadien malheureusement unilingue, et la réduction est dramatique. La fonte des glaces au Groenland se poursuit également, en accélérant, et ces cartes animées de Xavier Fettweis illustrent les tendances jusqu'en 2006. Quant à l'Antarctique, les découvertes sont rarement rassurantes.

Du point de vue de la montée des océans dont j'ai déjà parlé en rapport avec Vancouver, Halifax, Québec et Trois-Rivières, c'est surtout la fonte de la calotte du Groenland qui compte, car les banquises flottantes de l'Arctique n'affectent pas vraiment le niveau des océans. Mais si l'essentiel du Groenland et une partie des banquises de l'Antarctique fondaient, le niveau des océans pourrait monter de vingt mètres... d'ici un siècle? deux? quatre? L'impact sur les villes côtières serait dramatique, mais des villes canadiennes loin à l'intérieur des terres seraient également affectés.

Y compris Montréal... La carte ci-dessus illustre la topographie actuelle de la région montréalaise, traversée par le fleuve Saint-Laurent et ses bras. Malgré l'éloignement actuel de la mer, une montée des océans de vingt mètres se traduirait par l'apparition d'un vaste bras de mer à la place du Saint-Laurent, qui noierait Terrebonne, Lachenaie, Boucherville, Longueuil, Montréal-Est... mais pas grand-chose du centre-ville montréalais. Le parc des îles de Boucherville disparaîtrait sous les eaux et les pointes orientales des îles de Montréal et Jésus seraient sérieusement rognées. Néanmoins, il resterait de quoi faire de Montréal un grand port océanique et les navires n'auraient plus besoin de s'inquiéter de suivre ou non le chenal.


À condition, bien sûr, que la montée des eaux s'arrête à cette hauteur...

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Comments:
Je n'ai pas les mêmes craintes que vous à propos du réchauffement climatique. Je suis en train de lire l'un des livres de Claude Allègre en ce moment, sur l'écologie. Il explique bien qu'il ne faut pas céder aux sirènes du catastrophisme.
 
Je n'ai pas lu le livre d'Allègre, mais un article qu'il avait publié en 2006 avait suscité les réactions suivantes sur le blogue du changement climatique et ailleurs en-ligne, de la part des climatologues français.

Dans mon billet, il y a deux éléments. Le premier, c'est la réalité de la fonte des glaces dans l'Arctique. À moins de refuser les photos prises par les satellites, il faut bien l'accepter.

L'autre, c'est l'extrapolation. Durant le vingtième siècle, le niveau des océans a augmenté d'environ 17 cm. Le GIEC prédit qu'il augmentera du quintuple environ d'ici 2100, soit moins d'un mètre.

Étant donné la fonte accélérée que nous observons au Groenland et pour la plupart des glaciers de la planète, la prédiction du GIEC semble parfaitement crédible.

Par contre, quand j'offre des cartes pour montrer à quoi ressemblerait certaines villes canadiennes advenant une montée des eaux de 20 mètres, je verse dans la science-fiction... sauf que, s'il n'y a pas de réduction notable des gaz à effet de serre, cette montée se produira, qu'elle prenne quatre siècles ou même deux millénaires — les spécialistes ne s'entendent pas du tout sur le rythme probable de cette montée.

Cela m'inspire-t-il des « craintes », comme vous dites? Je doute de voir de mon vivant de véritables catastrophes associées à l'effet de serre. Le rythme des changements devrait être suffisamment lent pour que des adaptations soient possibles. Et, franchement, je n'exclurais pas des accalmies, pauses ou reculs, car le propre des systèmes complexes, c'est souvent de ne pas pouvoir être poussés trop loin trop vite. Mais, au-delà de 2050, je n'aimerais pas parier sur l'état de la planète et de sa biosphère.

En effet, la réalité physique de l'augmentation des gaz à effet de serre est telle qu'il y aura des conséquences. Le vrai débat porte uniquement sur l'ampleur et la date de celles-ci.
 
Merci pour votre réponse, néanmoins, je me permets de vous faire remarquer que l'on constate pendant ce temps là en antarctique une augmentation du volume des glaces. D'autre part, le groënland a été nommé ainsi du fait de sa couleur verte par les Vicking. Ce qui pourrait signifier qu'à d'autres époques, cette terre ait été moins glacée qu'aujourd'hui.
D'ailleurs, le site de l'ENS de Lyon, http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/XML/db/planetterre/metadata/LOM-fonte-banquise-2005-10-06.xml
explique que la fonte de la banquise - comme un glaçon dans un verre d'eau - n'influence pas l'augmentation du niveau de la mer.
 
j'ajouterais un peu "hors-sujet" que je ne cherche pas à vous asticoter en évoquant ces idées. Il y a à mon sens comme un mensonge sur le réchauffement climatique qui permet de ne pas parler d'autres problèmes écologiques très graves, comme des problèmes de pollution, de mauvaises qualités alimentaires, etc...
 
encore à ce sujet, je ne sais pas si vous êtes au courant, mais les prochaines utopiales à Nantes auront pour thème le climat ! Peut-être y viendrez-vous ?

Amicalement.
 
En ce qui concerne la fonte des glaces de l'Arctique, j'ai dit en toutes lettres dans mon billet que « les banquises flottantes de l'Arctique n'affectent pas vraiment le niveau des océans. »

Si j'ai précisé « pas vraiment », c'est parce que la glace fondue en soi n'augmentera pas le volume des océans, mais que la disparition des glaces réduira l'albédo de l'Arctique, de sorte que l'océan absorbera plus de chaleur... et ceci affectera, oui, le niveau des océans par expansion. (Le site de l'ENS dit d'ailleurs la même chose.)

De plus, certains climatologues craignent que la disparition des glaces de l'Arctique pourrait accélérer la fonte des glaces du Groenland (grosso modo, en l'absence de glaces flottantes, les vents soufflant sur le Groenland seraient encore plus chauds).
 
En ce qui concerne le Groenland, la culture des pommes de terre est en plein essor grâce au réchauffement climatique et il est question de multiplier le nombre de têtes de bétail.

Qu'il fasse désormais aussi chaud qu'au temps d'Erik le Rouge au Groenland démontre effectivement la puissance des gaz à effet de serre générés par l'humanité. Nous sommes en train de reproduire l'effet des plus grandes fluctuations de température observées depuis plus de 3000 ans (voir cet article sur les variations de longueur des glaciers suisses depuis 3500 ans).

La question, c'est de savoir ce qui va se passer si nous continuons à réchauffer la planète, car le réchauffement actuel reflète surtout les gaz à effet de serre ajoutés au vingtième siècle. Et comme nous en ajoutons toujours plus...
 
Quelques ajouts :

- ce récent article paru dans Geophysical Journal International affirme que la fonte des glaces flottantes pourrait augmenter dix fois plus que prévu le niveau des océans; il faudrait l'indiquer aux gens de Lyon...

- en ce qui concerne l'Antarctique, des accumulations de neige sont observées (et elles sont prévues par les modèles du GIEC) selon cet article de Davis et al. dans Science, mais les résultats ne suffisent pas à compenser les taux de fonte les plus récents

- en revanche, selon Monaghan en 2006, les chutes de neige n'auraient pas vraiment augmenté et ce survol récent du sujet confirme que, même si les chutes de neige contribuaient un excès équivalant à 0,12 mm/an de baisse du niveau des mers, cela ne suffirait pas à compenser l'augmentation de 0,35 mm/an attribuable à la fonte des glaces au Groenland et dans l'Antarctique

- quant à l'augmentation observée des glaces flottantes autour de l'Antarctique, qui serait due selon certains à l'augmentation des chutes de neige en mer dans ces régions en raison de l'augmentation de l'humidité ambiante causée par le réchauffement planétaire, elle n'affecte pas plus le niveau des océans que la diminution des glaces flottantes de l'Arctique (à l'intérieur des limites notées antérieurement)
 
Je me souviens avoir appris que la fonte des glaciers à la fin de l'Ere glaciaire, avait permis aussi la remontée des continents, comme ceux-ci avaient perdu le poids de la glace qu'ils supportaient. Ce phénomène a été remarqué notamment dans les pays scandinaves.
En tout cas, merci de m'avoir répondu. Je viens de mettre un article sur les utopiales de cette année, qui sont justement sur le thème du climat.
Amicalement.
 
Bon, allez, je vous embête encore un petit peu. Cette vidéo du climatologue Marcel Leroux devrait vous intéresser : http://www.dailymotion.com/video/x33184_leroux2

J'en parlerai plus tardivement sur mon site.

Cordialement.
 
Réponses groupées :

— Le relèvement des continents septentrionaux consécutifs à la dernière ère glaciaire est bien connu, tant en Scandinavie qu'au Canada, en particulier autour de la baie d'Hudson. Comme la montée des océans est mesurée à l'échelle planétaire, le plus récemment au moyen de satellites, cela n'a pas grand effet sur les mesures. (Le volume d'eau déplacé par ce relèvement est infiniment moindre que le volume d'eau gonflé à l'échelle planétaire.)

— Je disais que l'augmentation des glaces de mer dans l'Antarctique n'affecterait pas le niveau des océans; en fait, dans la mesure où de nouvelles banquises stockent des quantités d'eau nouvelles, il y aurait un effet. Cependant, il faudrait savoir quelle fraction de ces glaces fond durant l'été austral; car si l'augmentation de ces glaces concerne uniquement l'hiver, l'eau finirait par s'ajouter aux océans.

— En ce qui concerne Marcel Leroux de l'Université Lyon III, institution déjà associée au négationnisme de la Shoah et à d'importants dysfonctionnements, il suffit de constater sa bibliographie (.PDF) pour constater que Leroux, depuis dix ans, communique soit sur la pluviométrie locale soit sur le réchauffement climatique de manière sceptique, en évitant le plus possible les revues de climatologie reconnues pour se cantonner à des revues pour géologues, géographes ou météorologues, ce qui n'est pas exactement pareil. Un participant du blogue du changement climatique a d'ailleurs relevé cette marginalité de Leroux dans la communauté scientifique. Peut-être que Leroux a raison contre tout le monde avec ses théories météorologiques; il est assez convaincant sur les déficiences des modèles. Ou peut-être qu'il a tort. Je ne trancherai pas.

— Mais le problème du changement climatique n'en est pas seulement un de météorologie. L'analyse du climat doit tenir compte de variables globales et si celles-ci changent, il n'est pas toujours nécessaire de comprendre les mécanismes qui entraînent les modifications locales et éphémères du temps. C'est d'ailleurs ironique de voir Leroux accepter les cycles de Milankovitch alors que ce site de... Lyon précise bien que "les mécanismes de passage insolation-climat sont peu connus" dans le cas des cycles de Milankovitch. C'est pourtant le problème que Leroux identifie dans le cas du gaz carbonique en disant qu'on ne sait pas relier la concentration de gaz carbonique et la météo. Il a raison, mais le problème est le même dans les deux cas et cela ne l'empêche pas d'accepter les cycles de Milankovitch...

— Cette même page lyonnaise permet de voir tout de suite que Leroux articule une fausseté absolue en disant que le climat change à toutes les échelles de temps. Quand on voit des fluctuations se reproduire très régulièrement sur un demi-million d'annés, cela veut dire que le climat est en fait extrêmement stable sur cette période, n'excédant pas des températures minimales et maximales, ne dérapant jamais et obéissant à des cycles connus. Un système qui oscille entre deux extrêmes bien définis n'est pas un système qui change à toutes les échelles de temps.

— Leroux a raison de dire que toute la Terre ne se réchauffe pas; les cartes admises de tous le montrent bien et personne ne le nie. Mais c'est trompeur de le dire ainsi. Car ce sont des cartes à court terme et il reste que la température globale dont il se moque augmente et révèle une augmentation de la quantité de chaleur pour l'ensemble de la planète. En dernière analyse, la chaleur requise pour faire fondre les glaces de l'Arctique doit venir de quelque part. A priori, elle n'est pas empruntée ailleurs, car on n'observe pas de refroidissement comparable ailleurs. La question qui se pose, c'est donc de savoir ce qui se passera quand cet excès de chaleur aura fini de faire fondre les glaciers, les glaces flottantes de l'Arctique et l'inlandsis du Groenland...

— Quant au rôle de la température ou du gaz carbonique, Leroux répète des objections déjà traitées en détail ailleurs. En fait, en raisonnant de la même façon, il faudrait rejeter l'influence des cycles de Milankovitch puisque l'insolation (c-à-d la température) ne modifie pas le climat à tous les coups. La solution, c'est que la température joue, dans certaines circonstances, le rôle d'une bougie d'allumage en permettant une augmentation du gaz carbonique qui réchauffe la planète. Dans un moteur, est-ce la bougie d'allumage ou l'essence qui cause les explosions? On peut dire que c'est la bougie d'allumage, puisqu'elle fournit l'étincelle initiale, mais il faut de l'essence sinon il ne se passera rien.

— Le gaz carbonique joue un rôle amplificateur, donc, et c'est la même chose dans le cas de la vapeur d'eau qui joue ensuite un rôle amplificateur du réchauffement, parce que plus l'air est chaud, plus il peut être humide. (Les Canadiens savent bien que l'air froid est extrêmement sec, autant sinon plus que dans un désert comme le Sahara.) Le climat n'est pas une chose simple, sinon il suffirait de faire appel aux astronomes pour l'expliquer. Dans les faits, il faut faire intervenir le gaz carbonique, le méthane, l'ozone, les particules, l'albédo des glaces, la vapeur d'eau, etc. etc. etc. C'est la complexité des mécanismes qui rend leur explicitation difficile et qui fait de la climatologie une science qu'il faut maîtriser pour en parler. Néanmoins, il convient de noter que le gaz carbonique n'explique que le tiers environ du réchauffement lors des ères glaciaires du passé; l'ensemble des GES expliquerait la moitié environ du réchauffement. L'augmentation de l'insolation reste essentielle.

— J'ai cru entendre Leroux et son intervieweur parler de concentrations de gaz carbonique de 100 ppm, alors que depuis des millions d'années, le minimum n'a jamais été excessivement inférieur au double.

Personnellement, je reste agnostique sur certains aspects du changement climatique, mais il faudrait quand même dépasser les objections les plus basiques.
 
C'est terrible je pense, j'habite au sud du monde et ici c'est plutot l'economie du pays la principale preocupation du gouvernement et la pollution on verra apres.Qu'est+ce qu'on peut faire donc?
On en parle beaucoup mais on en fait rien
(excusez mon pauvre francais, j'essai encore d'aprendre un peu plus)
 
Argentine ou Chili? J'ai eu la chance de visiter le Chili il y a plusieurs années.

Les pays de l'Amérique du Sud contribuent assez peu aux émissions de gaz à effet de serre. Par personne, les habitants de l'Argentine ou du Chili émettent environ cinq fois moins que les habitants du Canada ou des États-Unis, et deux fois moins que ceux de la France, un des pays industrialisés qui émettent le moins de gaz à effet de serre. Et les Brésiliens émettent environ moitié moins que ceux de l'Argentine ou du Chili.

Mais comme la population du Brésil est beaucoup plus nombreuse que celles de l'Argentine ou du Chili, les émissions totales brésiiennes sont plus grandes.

Bref, ce ne sont pas les pays de l'Amérique du Sud qui contribuent le plus au problème. La déforestation de l'Amazonie est sans doute un plus grand facteur que les activités industrielles ou les transports (puisque le Brésil utilise beaucoup l'éthanol). C'est d'ailleurs ce qu'indiquent les statistiques de ce document (.PDF) de l'ONU : au Brésil, en 1994, les émissions de gaz à effet de serre étaient essentiellement partagées entre la production énergétique et la foresterie.

Je ne connais pas les cas de l'Amérique du Sud, mais cela suggère qu'il faudrait d'abord travailler sur la production de l'énergie (plus d'éoliennes? reste-t-il des ressources hydro-électriques à exploiter?) et sur les pratiques agricoles (moins de défrichement?).
 
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