2007-09-28

 

Les dettes de la France

La politique de la rupture fera-t-elle disparaître le déficit de l'État français? À moins d'une surprise, cela n'en prend pas l'allure à en juger par le projet de budget pour 2008. C'est un budget qui s'inscrit dans une tendance lourde. Les finances de la France n'ont jamais vraiment dérapé depuis 1988, mais elles n'ont jamais généré d'excédent non plus. L'évolution des surplus ou déficits des finances gouvernementales de quelques pays peut être suivie avec les chiffres de l'OECD (.XLS), qui sont traités sur une base cohérente qui ne correspond pas nécessairement aux normes de la France ou de l'Union européenne. (Ceci pour expliquer que les chiffres diffèrent de ceux publiés par d'autres.)

Si je retiens la Belgique, le Canada, la France, la Suisse et les États-Unis, les soldes fiscaux généraux de leurs gouvernements ont ressemblé à ce qui suit depuis 1988 :
Les déficits ou surplus sont donnés en pourcentage du PIB. On remarquera que tous les soldes ont connu des améliorations notables à la fin du siècle dernier — en fait, seule la France n'a pas atteint ou dépassé l'équilibre des comptes. Les fluctuations les plus dramatiques sont enregistrées par le Canada, qui passe d'un trou béant en 1992 à une série de surplus depuis la fin du siècle dernier. Néanmoins, la Belgique et la Suisse n'ont jamais été très loin de l'équilibre ces dernières années. Seule la performance des États-Unis est plus lamentable que celle de la France, mais elle s'explique en partie par le financement de guerres coûteuses. L'explication de l'incapacité française à boucler des budgets équilibrés est moins évidente...

Et qu'en est-il de ce que j'aime appeler le second déficit, celui qui correspond aux intérêts sur la dette qui grèvent également le budget de l'État? La dette a-t-elle tant augmenté qu'il serait désormais exact de dire que la France est en faillite? L'OECD dispose aussi de chiffres pour la dette des administrations centrales en pourcentage du PIB. Le portrait est inquiétant pour la France, mais non catastrophique :Le record appartient à la Belgique, mais il faudrait préciser que l'exclusion des dettes assumées par les gouvernements des provinces au Canada embellit un peu le portrait pour le Canada. Néanmoins, l'évolution de la dette du gouvernement fédéral canadien est encourageante, le Canada rejoignant le niveau de la Suisse grâce à la croissance de l'économie et à une succession de budgets équilibrés (ou excédentaires). Ce qu'on peut noter, c'est que la France enregistre l'augmentation la plus marquée de sa dette, même si les États-Unis de Bush ont aussi vu gonfler la dette de l'administration centrale.

Si ces dettes sont comptabilisées en dollars US pour le Canada et la France, le portrait de la situation change quelque peu, comme on le voit ci-dessous.
L'augmentation de la dette française est nettement plus dramatique et la réduction de la dette canadienne disparaît carrément, en raison de la hausse des cours de l'euro et du dollar canadien relativement au dollar US depuis quelques années. Néanmoins, ce diagramme permet de voir que la France, à force d'accumuler les déficits, a laissé filer une dette qui, au début des années quatre-vingt-dix, se comparait avantageusement à celle du Canada. Du coup, la dette par habitant est maintenant nettement plus élevée en France, atteignant presque le double du niveau canadien.

Conclusion? À première vue, la France est encore loin d'avoir à composer avec les niveaux d'endettement de la Belgique, de l'Italie ou du Japon. Toutefois, l'endettement français atteint actuellement des niveaux qui ont provoqué des branle-bas de combat ailleurs, comme aux États-Unis sous Clinton ou au Canada sous Chrétien. Je n'ai pas l'impression d'observer la même prise de conscience en France...

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Comments:
Vu d'ici, les "gens" commencent à s'inquiéter. Mais les médias et les politiques restent très relativistes, puisque suite à la déclaration de Fillon, de nombreuses personnalités ont déclaré que nous n'étions pas en faillite...
 
Ca aussi ça fait peur :
http://fr.biz.yahoo.com/30092007/202/le-maire-de-new-york-predit-une-recession-mondiale.html

surtout que ça coïncide avec l'une des dernières émissions de la révolution bleue.
www.reichmantv.com où Monsieur de Ducla évoque le risque d'un crach.
http://www.duclainternational.com/

J'ai l'impression qu'il n'y a pas en sf, ce genre de post-apocalyptique financier ?
 
C'est vrai qu'en sf, les scénarios traitant des conséquences d'un grand krach financier à venir sont rares. Le plus souvent, c'est une pénurie (eau, pétrole, air pur, etc.) qui cause une catastrophe grippant l'économie et réduisant le niveau de vie de tout le monde. Ou sinon, il y a des récits qui reposent sur une transition technologique (la nanotechnologie ruine les manufactures, p.ex.).

Mais il y a quelques textes, quand même; c'est curieux, mais je pense tout d'un coup à des textes canadiens, surtout, des nouvelles par Holly Phillips ou Andrew Weiner (qui a un recueil en français).

Mais je crois que Bloomberg essaie de dédouaner le rôle des bourses mondiales en s'en prenant aux gouvernements. Oui, plusieurs gouvernements occidentaux sont endettés, mais ce sont les places boursières (qui ont fait gagner une fortune à Bloomberg avant qu'il devienne maire) qui ont encouragé l'émission d'actions hautement spéculatives (bulle Dotcom), d'emprunts, d'obligations et, plus récemment, d'hypothèques risquées qui font qu'il existe une somme colossale de dettes privées.
 
Andrew Weiner, je note !
 
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