2007-07-10

 

La science-fiction, c'est fini!

J'ai quarante ans et la science-fiction, c'est fini!

Que voilà une phrase qui peut illustrer la force trompeuse de la proximité! Deux propositions indépendantes acquièrent du fait de leur voisinage dans la même phrase l'illusion d'un rapport quelconque. Vais-je arrêter d'écrire de la sf parce que j'ai quarante ans? Vais-je arrêter d'en lire? Certainement pas! Je me donne au moins jusqu'à quarante-deux ans, pour avoir vingt-cinq années bien sonnées de publications dans le corps...

Mais comme par hasard, il y a une recrudescence d'articles annonçant la mort de la science-fiction, dont un commentaire de Bruno Maddox dans la revue Discover (qui sera disponible un de ces jours ici) et cet article d'Amy Biancolli dans un journal de Houston, qui est un peu plus optimiste. Rien de tout cela n'est très nouveau et il faut sûrement distinguer entre la santé de l'industrie de la sf écrite et sa présence dans la culture de tous, qui n'a sans doute jamais été plus grande, mais aussi entre la possibilité d'une éclipse de la sf écrite et l'impossibilité de sa disparition totale. Après tout, les constats de la mort de la science-fiction s'appuient souvent sur l'assimilation de ses procédés et de ses idées par des auteurs qui ne sont pas du sérail (Atwood, Houellebecq, etc.).

En même temps, tant que la science conservera une place centrale dans les institutions des sociétés occidentales, la science-fiction conservera une place dans leur culture, sous une forme ou une autre. Il n'est pas difficile d'observer non plus que le futur continue à retenir l'attention. Les débats sur le réchauffement de la planète ou sur l'avenir de l'Irak après le départ des troupes étatsuniennes concernent avant tout le cours des événements à venir.

Le roman Forty Signs of Rain de Kim Stanley Robinson illustre la valeur de l'approche science-fictive, aujourd'hui comme hier. Pourtant, l'ouvrage est loin de s'en tenir aux recettes de la science-fiction ou de la littérature populaire. Le seul élément véritablement science-fictif intervient à la toute fin quand des pluies torrentielles et un mascaret se combinent pour inonder le centre-ville de Washington. (Il convient de noter que ceci est paru plus d'un an avant l'inondation de la Nouvelle-Orléans par l'ouragan Katrina.) Le gros du roman s'attache plutôt à dépeindre la vie de plusieurs scientifiques avec un souci presque ethnographique du détail, sans négliger le contenu des théories scientifiques qui les intéressent. Mais comme le livre traite d'un avenir défini par la science, il se lit effectivement comme un roman de science-fiction, mais comme un roman qui ne verse pas dans les clichés narratifs habituels.

Bref, il prouve que la science-fiction est encore vivante et pertinente, et qu'elle peut recouvrir toute la gamme des styles et des traitements. Elle est loin d'être à bout!

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