2007-05-26

 

Carcassonne en ses murs...

Si la Cité de Carcassonne apparaît comme une sorte de Disneyland médiéval reconstitué par Viollet-le-Duc au prix de quelques approximations et entassant les restaurants, boutiques et touristes de passage dans les mêmes rues étroites, cela ne m'empêche pas d'avoir longtemps voulu visiter Carcassonne. Tout enfant, ma curiosité (ou un goût pour une forme de rêverie centrée sur les ailleurs inaccessibles) avait été piquée par un roman pour jeunes d'Huguette Carrière, Tony et le garçon de l'autre planète. Il reste toujours une trace de ces tropismes fixés dans la jeunesse...


Depuis, j'ai eu l'occasion de visiter Carcassonne deux ou trois fois, ou de la voir de loin. (Une visite en compagnie de JCD m'avait permis de prendre quelques notes utiles pour deux romans de la série des saisons de Nigelle.) Et je ne me lasse pas de sa silhouette médiévale surgissant sur une crête au-dessus des toitures de la ville moderne. Mais, hier, je couchais à l'intérieur des remparts de la ville fortifiée pour la première fois.

J'ai donc pu faire le tour des remparts à la nuit tombée. Il n'y avait presque personne sous les murs et les tours, à part quelques touristes (dont un couple de Québécois déjà croisés à l'auberge de jeunesse.) Malgré la présence de batteries de projecteurs qui font de la Cité fortifiée un spectacle son et lumière permanent, j'ai trouvé un charme particulier à la circumnavigation des murs, que j'ai inspectés en essayant de distinguer la maçonnerie d'origine des ajouts postérieurs, en particulier ceux de Viollet-le-Duc. Mon ombre grossie par les projecteurs s'étirait jusqu'au sommet des courtines, rasant les créneaux imaginés par l'architecte de jadis. Et la nuit permettait tous les voyages dans le temps...L'auberge de jeunesse de Carcassonne n'est pas particulièrement grande ou accueillante, mais elle jouit d'un emplacement remarquable. Au lieu de se trouver hors les murs, elle se dresse à deux pas du château des Trencavel. Outre quelques touristes britanniques et français (d'un certain âge, dans la plupart des cas), elle accueillait surtout de nombreux jeunes du Canada et de l'Australie. Parmi ceux avec qui j'ai fini la soirée, il n'y avait pas un seul voyageur originaire des États-Unis. Coïncidence? J'en avais croisé plusieurs à l'auberge de Nice, alors leur absence à Carcassonne n'est peut-être qu'un hasard. Mais cela pourrait aussi être le signe d'une désaffection des jeunes touristes étatsuniens pour les destinations européennes trop éloignées des sentiers battus.

Parmi les visiteurs canadiens se trouvaient deux étudiantes en art de la région torontoise qui s'étaient lancées dans un grand tour de dix semaines en Europe de l'Ouest, munies d'un laissez-passer Eurailpass limité. Je n'ai pu résister, malgré des efforts héroïques, à l'envie d'évoquer mon propre voyage dans les mêmes conditions, presque vingt ans plus tôt. J'ai quand même beaucoup écouté et il y a des choses qui ne changent décidément pas : l'horreur suscitée chez les Nord-Américains par les toilettes européennes, les files aux portes des grands musées, le syndrome de Stendhal qui guette une fois à l'intérieur...

Libellés : ,


Comments:
Je ne sais pas trop pour les touristes étatsuniens à Carcassonne (ou absents de), mais je sais que des nombreux touristes étatsuniens croisés à Barcelone, Madrid, Salamanca et Segovia l'été dernier en Espagne, je n'en ai croisé que bien peu (voire aucun) à Avila et Toldeo, par exemple.
Mon expérience de voyage des dernières années me porte à croire que le typique voyage en indépendant, pour un citoyen américain en est un de party et de regroupements dans des lieux célèbres pour leur ambiance festive. Les exemples fusent, mais en janvier dernier, pour en citer un, des milliers de jeunes étatsuniens de Cancun, une centaine à peine pouvaient être aperçus à Chitchen Itza, une poignée à Mérida, et j'en ai croisé deux à Campeche.
Pourtant, Campeche - comme Carcassonne - est loin d'être hors des sentiers battus de mon point de vue.
Et n'est-ce pas que de se promener dans les rues tranquille de la cité médiévale après la tombée de la nuit en fait une visite fort différente de celle (mouvementée) de jour?
 
En effet, je suis loin de considérer que Carcassonne est hors des sentiers battus. Ultra-touristique de mon point de vue, je dirais. C'est bien pourquoi l'absence de touristes étatsuniens m'avait étonné. (Ils étaient sans doute tous descendus au Best Western!)

Ce qui me rappelle, par la bande, ces backpackers étatsuniennes croisées en 1990 qui renvoyaient par la poste leur linge aux États-Unis pour qu'il se fasse nettoyer...

C'est sûr que la visite nocturne de Carcassonne est bien différente de la visite le jour, mais cela reste un site très éclairé et développé. C'est impressionnant, mais l'effet est quand même différent d'une balade nocturne semblable autour du petit village de Labastide-de-Virac en Ardèche il y a deux ans. C'est une halte touristique aussi, mais le village est habité (et donc plus authentique...) et le silence de la campagne rappelait pourquoi de bons murs et de bonnes portes avaient une utilité tant psychologique que stratégique autrefois...
 
Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?