2007-03-04
Science-fiction à l'ancienne
J'ai fini de lire ce matin Alphanauts (2006) de J. Brian Clarke, un fix-up partiel paru chez Edge. La collection sœur d'Edge n'est autre que Tesseract Books, qui représente le fonds de l'ancienne collection du même nom publiée autrefois par The Books Collective et elle-même rachetée, si je me souviens bien, de Beach Holme Publishing. Et Beach Holme est un avatar de Press Porcépic, fondé en 1971 à Erin, en Ontario, au nord-ouest de Toronto. Ainsi, depuis 1986, la collection Tesseracts a été basée successivement à Victoria, Edmonton et Calgary, confirmant la part prise par les maisons de l'Ouest, comme Red Deer Press de Calgary, dans l'édition de science-fiction au Canada, en particulier en anglais.
Lui-même établi en Alberta, J. Brian Clarke est un auteur de la vieille école, qui a publié plusieurs nouvelles dans Analog, ce bastion de la science-fiction traditionnelle, parfois dite dure (même si, en pratique, le respect des connaissances scientifiques et techniques actuelles passe parfois en second).
Le roman incorpore deux récits justement parus dans Analog, « Return of the Alphanauts » (août 1990) et « Adoption » (mai 1992). Ils forment le début du roman et occupent le quart des pages du livre. Je n'ai pas vérifié, mais je doute fort que le texte d'origine ait été modifié ou enrichi. La prose demeure aussi économe, axée sur l'action et les rebondissements, que le veut la tradition des pulps. Les personnages sont des alphanautes, c'est-à-dire des explorateurs d'une planète habitable d'Alpha du Centaure. Comme il s'agit donc de scientifiques et d'ingénieurs entraînés, ils sont éminemment raisonnables et intelligents. De fait, n'était-ce de leurs noms et qualités professionnelles (untel est un ancien militaire, unetelle est psychologue), voire de leurs préférences sexuelles ou de leurs origines ethniques, on les confondrait tous.
Bref, c'est de la science-fiction à l'ancienne, axée sur les rebondissements d'une intrigue que la première série de Star Trek aurait pu utiliser sans grand changement. Les alphanautes revenus sur Terre découvrent qu'ils lui sont devenus allergiques (on n'en saura jamais beaucoup plus sur le mécanisme de cette allergie à une planète entière), de sorte qu'ils sont obligés de repartir pour la planète qu'ils ont découverte. Ils découvrent alors qu'elle n'est pas déserte, abritant aussi les épaves de deux astronefs appartenant à des peuples extraterrestres ennemis extraordinairement avancés. Ils établissent un contact avec la mentalité d'origine biologique qui a survécu depuis des millénaires, existant en symbiose avec l'un des astronefs, et l'entente semble possible. Mais les choses se compliquent lorsque la Terre envoie un vaisseau supraluminique qui ramène de l'hyperespace une entité extraterrestre désorientée et potentiellement dangereuse. Elle infecte l'intelligence artificielle aux commandes du vaisseau terrien et les alphanautes ne seront sauvés que par la collaboration des deux intelligences extraterrestres des astronefs échoués sur leur monde...
Dans la dernière partie du roman, les alphanautes repartent pour la Terre, qui a cessé d'émettre, et ils découvrent que l'impact d'un astéroïde a dévasté la planète, ne laissant qu'une poignée de survivants dans une colonie lunaire.
Une critique en bonne et due forme serait obligée d'être sévère. Il n'y a rien de vraiment neuf dans ce roman, et le déroulement des péripéties n'est prenant que parce que l'enchaînement est inexorable, et sans un seul temps mort. Malgré la tentative d'ériger en ennemis des suprémacistes WASP dans les ultimes chapitres du livre, le roman trahit des attitudes démodées : le principal personnage féminin est psychologue et médecin, tandis que deux personnages homosexuels changent (commodément?) de préférences en cours de route, optant pour des compagnes féminines. Et ce sont de gentils végétariens qui sont responsables de la destruction de la Terre, qui, par ricochet, fait des alphanautes les fondateurs d'une nouvelle humanité...
Néanmoins, le respect de la raison et du bon sens peut susciter l'adhésion du lecteur en ces temps troublés par les fanatismes de toutes sortes. Et l'ouverture sur l'univers extérieur témoigne d'une hardiesse qui se perd parfois dans la science-fiction actuelle.
On ne peut blâmer les lecteurs qui apprécient encore cette forme de la science-fiction, tout comme on ne peut blâmer les fans d'Anne Robillard, même quand ils se costument en plein Salon du livre. (Dire que certains auteurs se moquaient autrefois des congrès de sf où les fans se costumaient... maintenant ce sont les congrès qui ont conquis les salons du livre!)
Hier, ce fut l'occasion de revoir quelques amis, à défaut de vendre autant de livres que Michèle Laframboise. Mais Laurent McAllister a quand même eu l'occasion de jaser avec la môme Tournevis, Sylvain Hotte, Alexandre et Jérémie Lemieux, Pat Senécal, Nancy Vickers et Jean Coulombe. Plus tard, ce fut de la grande conversation comme d'habitude, avec le noble John de Lyngarde.
Lui-même établi en Alberta, J. Brian Clarke est un auteur de la vieille école, qui a publié plusieurs nouvelles dans Analog, ce bastion de la science-fiction traditionnelle, parfois dite dure (même si, en pratique, le respect des connaissances scientifiques et techniques actuelles passe parfois en second).
Le roman incorpore deux récits justement parus dans Analog, « Return of the Alphanauts » (août 1990) et « Adoption » (mai 1992). Ils forment le début du roman et occupent le quart des pages du livre. Je n'ai pas vérifié, mais je doute fort que le texte d'origine ait été modifié ou enrichi. La prose demeure aussi économe, axée sur l'action et les rebondissements, que le veut la tradition des pulps. Les personnages sont des alphanautes, c'est-à-dire des explorateurs d'une planète habitable d'Alpha du Centaure. Comme il s'agit donc de scientifiques et d'ingénieurs entraînés, ils sont éminemment raisonnables et intelligents. De fait, n'était-ce de leurs noms et qualités professionnelles (untel est un ancien militaire, unetelle est psychologue), voire de leurs préférences sexuelles ou de leurs origines ethniques, on les confondrait tous.
Bref, c'est de la science-fiction à l'ancienne, axée sur les rebondissements d'une intrigue que la première série de Star Trek aurait pu utiliser sans grand changement. Les alphanautes revenus sur Terre découvrent qu'ils lui sont devenus allergiques (on n'en saura jamais beaucoup plus sur le mécanisme de cette allergie à une planète entière), de sorte qu'ils sont obligés de repartir pour la planète qu'ils ont découverte. Ils découvrent alors qu'elle n'est pas déserte, abritant aussi les épaves de deux astronefs appartenant à des peuples extraterrestres ennemis extraordinairement avancés. Ils établissent un contact avec la mentalité d'origine biologique qui a survécu depuis des millénaires, existant en symbiose avec l'un des astronefs, et l'entente semble possible. Mais les choses se compliquent lorsque la Terre envoie un vaisseau supraluminique qui ramène de l'hyperespace une entité extraterrestre désorientée et potentiellement dangereuse. Elle infecte l'intelligence artificielle aux commandes du vaisseau terrien et les alphanautes ne seront sauvés que par la collaboration des deux intelligences extraterrestres des astronefs échoués sur leur monde...
Dans la dernière partie du roman, les alphanautes repartent pour la Terre, qui a cessé d'émettre, et ils découvrent que l'impact d'un astéroïde a dévasté la planète, ne laissant qu'une poignée de survivants dans une colonie lunaire.
Une critique en bonne et due forme serait obligée d'être sévère. Il n'y a rien de vraiment neuf dans ce roman, et le déroulement des péripéties n'est prenant que parce que l'enchaînement est inexorable, et sans un seul temps mort. Malgré la tentative d'ériger en ennemis des suprémacistes WASP dans les ultimes chapitres du livre, le roman trahit des attitudes démodées : le principal personnage féminin est psychologue et médecin, tandis que deux personnages homosexuels changent (commodément?) de préférences en cours de route, optant pour des compagnes féminines. Et ce sont de gentils végétariens qui sont responsables de la destruction de la Terre, qui, par ricochet, fait des alphanautes les fondateurs d'une nouvelle humanité...
Néanmoins, le respect de la raison et du bon sens peut susciter l'adhésion du lecteur en ces temps troublés par les fanatismes de toutes sortes. Et l'ouverture sur l'univers extérieur témoigne d'une hardiesse qui se perd parfois dans la science-fiction actuelle.
On ne peut blâmer les lecteurs qui apprécient encore cette forme de la science-fiction, tout comme on ne peut blâmer les fans d'Anne Robillard, même quand ils se costument en plein Salon du livre. (Dire que certains auteurs se moquaient autrefois des congrès de sf où les fans se costumaient... maintenant ce sont les congrès qui ont conquis les salons du livre!)
Hier, ce fut l'occasion de revoir quelques amis, à défaut de vendre autant de livres que Michèle Laframboise. Mais Laurent McAllister a quand même eu l'occasion de jaser avec la môme Tournevis, Sylvain Hotte, Alexandre et Jérémie Lemieux, Pat Senécal, Nancy Vickers et Jean Coulombe. Plus tard, ce fut de la grande conversation comme d'habitude, avec le noble John de Lyngarde.
Libellés : Livres, Salon du livre, Science-fiction