2007-02-08
Personnes humaines
Sur son blogue, Anne Galloway dit des vidéos d'Amanda M. Baggs (silentmiaow) sur YouTube qu'ils sont « one of the most astounding things I have ever seen ». Elle ne parle pas à la légère...
Amanda Baggs, autiste. Amanda Baggs, artiste. Les deux énoncés sont vrais. Ses vidéos sont fascinants et troublants, tout comme son blogue. Elle décrit un rapport différent au monde, à la fois naturel et social. Elle évoque l'absence d'une barrière entre sa personne, son sens du soi et le reste du monde, et son incapacité à faire abstraction du monde naturel pour entrer dans le monde social construit par le cerveau simien. (Temple Grandin, également connue comme autiste, exprime certaines des mêmes idées et a exploité son autisme pour se mettre dans la peau des animaux.) On associe de plus en plus l'autisme à un dysfonctionnement des neurones miroir, qui seraient alors la clé de l'égocentrisme humain. Nous nous intéressons plus rapidement aux faits et gestes de nos semblables, nous nous mettons plus facilement à leur place, nous imaginons plus volontiers leurs pensées, leurs émotions, leurs réactions... Faute d'être prédisposés à nous identifier aux animaux et au monde naturel, sommes-nous donc condamnés à être des pollueurs et des carnivores? Si oui, l'alternative est claire : la Terre appartiendra aux autistes ou l'humanité se noiera dans sa merde...
Damasio soutient que la sélection est l'essence même de la conscience et de l'intelligence, mais Amanda Baggs remet en question cette exigence. Ou peut-être pas. Elle affirme elle-même qu'elle n'est véritablement éloquente que sur quelques sujets, comme l'autisme, les seuls peut-être qu'elle n'a pas eu le choix de traiter avant tous les autres.
Plus on est intelligent, plus il est possible de se sentir exceptionnel, et de se convaincre, et de convaincre les autres. C'est la seule réserve que je formule sotto voce, peut-être pour conjurer un peu l'émotion brute. De même, en regardant About Being Considered "Retarded" et In My Language, j'étais aussi tenté de penser qu'une future intelligence artificielle pourrait poser sur nous, les « normaux » actuels, le même regard que nous posons sur ceux qui n'ont pas exactement les mêmes réactions et les mêmes capacités que nous, ou qui sont plus lents dans certains domaines. Mais peut-être qu'au lendemain de la Singularité, nos successeurs — des personnes qui ne seront plus humaines — seront surpris tout à la fois par nos forces et par nos faiblesses, nos talents et nos stupidités...
Amanda Baggs, autiste. Amanda Baggs, artiste. Les deux énoncés sont vrais. Ses vidéos sont fascinants et troublants, tout comme son blogue. Elle décrit un rapport différent au monde, à la fois naturel et social. Elle évoque l'absence d'une barrière entre sa personne, son sens du soi et le reste du monde, et son incapacité à faire abstraction du monde naturel pour entrer dans le monde social construit par le cerveau simien. (Temple Grandin, également connue comme autiste, exprime certaines des mêmes idées et a exploité son autisme pour se mettre dans la peau des animaux.) On associe de plus en plus l'autisme à un dysfonctionnement des neurones miroir, qui seraient alors la clé de l'égocentrisme humain. Nous nous intéressons plus rapidement aux faits et gestes de nos semblables, nous nous mettons plus facilement à leur place, nous imaginons plus volontiers leurs pensées, leurs émotions, leurs réactions... Faute d'être prédisposés à nous identifier aux animaux et au monde naturel, sommes-nous donc condamnés à être des pollueurs et des carnivores? Si oui, l'alternative est claire : la Terre appartiendra aux autistes ou l'humanité se noiera dans sa merde...
Damasio soutient que la sélection est l'essence même de la conscience et de l'intelligence, mais Amanda Baggs remet en question cette exigence. Ou peut-être pas. Elle affirme elle-même qu'elle n'est véritablement éloquente que sur quelques sujets, comme l'autisme, les seuls peut-être qu'elle n'a pas eu le choix de traiter avant tous les autres.
Plus on est intelligent, plus il est possible de se sentir exceptionnel, et de se convaincre, et de convaincre les autres. C'est la seule réserve que je formule sotto voce, peut-être pour conjurer un peu l'émotion brute. De même, en regardant About Being Considered "Retarded" et In My Language, j'étais aussi tenté de penser qu'une future intelligence artificielle pourrait poser sur nous, les « normaux » actuels, le même regard que nous posons sur ceux qui n'ont pas exactement les mêmes réactions et les mêmes capacités que nous, ou qui sont plus lents dans certains domaines. Mais peut-être qu'au lendemain de la Singularité, nos successeurs — des personnes qui ne seront plus humaines — seront surpris tout à la fois par nos forces et par nos faiblesses, nos talents et nos stupidités...
Libellés : Arts, Psychologie, Vidéo