2006-08-04

 

Paris en 1906...

Puisque ma mère part pour Paris aujourd'hui, profitons-en pour partir aussi, mais pour le Paris d'il y a un siècle. À bien des égards, il s'agit d'une ville dont les monuments sont parfaitement reconnaissables et familiers pour le Parisien d'aujourd'hui. Dans certains cas, les points de repère étaient récents, comme dans celui du Petit Palais érigé à peine quelques années plus tôt pour l'Exposition universelle de 1900. Ce qui frappe toutefois au premier regard, ce n'est donc pas l'architecture ou le décor. Il y a certes l'habillement des gens quand on examine de près ces cartes postales, mais il y a surtout et avant tout la circulation dans les rues qui fait du Paris de 1906 une ville radicalement étrangère. Dans la photo de La Madeleine ci-dessous, on pourrait facilement se croire à Paris en 1906 si ce n'était des fiacres, calèches et fardiers qui se partagent l'espace immense de cette avenue.Même chose sur les grands boulevards, comme dans la photo ci-dessous du boulevard Montmartre. Dans le coin inférieur gauche, je remarque avec amusement et attendrissement une réclame pour Dubonnet. Les Parisiens d'un certain âge, ce que je suis dans une certaine mesure, se souviendront de la publicité de Dubonnet dans le métro de Paris qui était la version modernisée et stylisée de celle-ci, moins connue que le triptyque de Cassandre.D'où viennent ces cartes postales? D'un album qui appartenait à la tante de mon grand-père, Valérie Mailhot, dont j'ai déjà parlé et dont j'ai déjà évoqué les collections de cartes du tournant du siècle à l'occasion de la Saint-Valentin. Ces cartes signées Marie Pidoux lui étaient adressées par une amie en voyage en France, qui avait visité Paris et Angoulême en 1906, de toute évidence. Ce sont clairement des photographies doublées d'un coloriage qui semble avoir été appliqué un peu au hasard avant d'être reproduit mécaniquement. Mais l'effet d'ensemble, s'il n'est pas aussi réaliste qu'avec un cliché en couleurs, nous transporte plus facilement à Paris que les vieilles cartes monochromes en tons de gris.Je trouve ces panoramas parisiens fascinants, à la fois pour ce qu'ils ont de familier et pour ce qu'ils ont de dépaysants. La chaussée, par exemple, n'a pas encore été balisée et les vendeurs de journaux colonisent sans vergogne les socles des statues du pont ci-dessus. Le décalage est particulièrement marqué dans le cas de la place de la Concorde. Encore une fois, le décor n'a guère changé, mais ce sont les vastes espaces libres de toute circulation qui étonnent le Parisien, presque autant que les passants en chapeau haut-de-forme ou les voitures attelées de chevaux. Quant au bois de Boulogne, tel qu'il apparaît ci-dessous, il évoque immanquablement les pages que Proust consacre à la promenade des élégants et des élégantes dans ses belles allées à la même époque — la Belle Époque — dans la Recherche.Pour les Québécois, en particulier ceux qui se trouvent dans la région de Montréal, le même puissant effet de dépaysement peut sans doute être obtenu en considérant cette dernière carte, qui date, je crois, de l'entre-deux-guerres et qui représente une artère de Longueuil à cette époque...

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Comments:
Un authentique voyage dans le temps. Très bon choix de photos.

Bien le bonjour de Cognac.
 
Merci! Et salut aux amis de Cognac! Je passerai en éclair en France à la fin du mois pour être à Bellaing. Est-ce que je vous y vois?
 
Ben non. Nous restons à Cognac. Boulot, boulot…
 
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