2006-06-29
Un autre son de cloche
Le fait, simple et brut, de la présence de troupes canadiennes en Afghanistan a-t-il une quelconque importance? Au Canada même, cette présence est le symbole d'un exercice de la volonté politique canadienne de venir en aide aux Afghans... ou à l'allié étatsunien. La force d'un tel symbole est illustrée par la succession d'annonces de dépenses militaires par le gouvernement Harper cette semaine. C'est à la fois au nom des soldats canadiens et en présentant leur mission comme le modèle exemplaire de missions à venir qui auront besoin de l'équipement annoncé que le gouvernement a affecté des milliards de dollars à ces achats. Parce que les soldats sont perçus comme des représentants de la nation canadienne, il ne saurait être question de se désolidariser d'eux ou de les abandonner à leur sort. En raison de l'identification qu'ils suscitent chez les Canadiens, ce serait déprécier les Canadiens que paraître déprécier ces soldats.
La même logique empêche d'ailleurs les citoyens des États-Unis de critiquer leurs propres troupes, même lorsque leur conduite en Irak est moins que reluisante...
Outre ce rôle politique, toutefois, les soldats canadiens se rendent-ils utiles en Afghanistan? Le Canada n'étant pas responsable de l'offensive fin 2001, ses troupes ne symbolisent pas la chute du régime des Talibans ou l'arrivée de troupes étrangères. Pour le meilleur et pour le pire, les soldats canadiens ne sont pas particulièrement associés au changement de régime. Leur présence n'est donc pas un signe spécialement fort de la volonté internationale en la matière. S'ils n'étaient pas en Afghanistan, les soldats des États-Unis ou des autres alliés suffiraient à l'exprimer.
L'apport matériel du contingent canadien n'est pas négligeable, mais celui-ci semble fonctionner essentiellement en circuit fermé. Récemment, Graeme Smith du Globe and Mail rapportait que les Canadiens n'ouvrent pas nécessairement les portes de leur hôpital de campagne aux civils afghans blessés dans des attentats ciblant les troupes canadiennes. Or, les hôpitaux afghans sont nettement moins bien équipés pour les soigner. Quand cela arrive, cela n'améliore pas les relations des soldats avec les civils du lieu...
Reste l'action des troupes canadiennes sur le terrain. Peut-elle changer les choses? J'avais déjà exprimé des réserves sur les choix tactiques des forces canadiennes, directement inspirés des doctrines étatsuniennes en la matière. À Winnipeg, j'ai eu l'occasion d'en parler avec le mari d'une cousine qui a fait plusieurs séjours en Afghanistan pour travailler sur les systèmes de génération et de distribution d'électricité; il m'a confirmé la détérioration de la situation au fil des ans et la réputation en baisse des soldats canadiens.
Mais c'est aussi l'avis d'observateurs internationaux. Le nouveau rapport du Senlis Council a donné lieu à un communiqué particulièrement percutant pour les troupes canadiennes en Afghanistan. Je ne suis pas si sûr qu'il faille blâmer exclusivement la politique d'éradication de la culture de l'opium; cet hiver, on parlait déjà de l'offensive que les Talibans organisaient en s'inspirant des méthodes des insurgés en Irak.
Mais cette contamination mémétique a pu être facilitée par une alliance purement opportuniste entre Talibans et fermiers...
La même logique empêche d'ailleurs les citoyens des États-Unis de critiquer leurs propres troupes, même lorsque leur conduite en Irak est moins que reluisante...
Outre ce rôle politique, toutefois, les soldats canadiens se rendent-ils utiles en Afghanistan? Le Canada n'étant pas responsable de l'offensive fin 2001, ses troupes ne symbolisent pas la chute du régime des Talibans ou l'arrivée de troupes étrangères. Pour le meilleur et pour le pire, les soldats canadiens ne sont pas particulièrement associés au changement de régime. Leur présence n'est donc pas un signe spécialement fort de la volonté internationale en la matière. S'ils n'étaient pas en Afghanistan, les soldats des États-Unis ou des autres alliés suffiraient à l'exprimer.
L'apport matériel du contingent canadien n'est pas négligeable, mais celui-ci semble fonctionner essentiellement en circuit fermé. Récemment, Graeme Smith du Globe and Mail rapportait que les Canadiens n'ouvrent pas nécessairement les portes de leur hôpital de campagne aux civils afghans blessés dans des attentats ciblant les troupes canadiennes. Or, les hôpitaux afghans sont nettement moins bien équipés pour les soigner. Quand cela arrive, cela n'améliore pas les relations des soldats avec les civils du lieu...
Reste l'action des troupes canadiennes sur le terrain. Peut-elle changer les choses? J'avais déjà exprimé des réserves sur les choix tactiques des forces canadiennes, directement inspirés des doctrines étatsuniennes en la matière. À Winnipeg, j'ai eu l'occasion d'en parler avec le mari d'une cousine qui a fait plusieurs séjours en Afghanistan pour travailler sur les systèmes de génération et de distribution d'électricité; il m'a confirmé la détérioration de la situation au fil des ans et la réputation en baisse des soldats canadiens.
Mais c'est aussi l'avis d'observateurs internationaux. Le nouveau rapport du Senlis Council a donné lieu à un communiqué particulièrement percutant pour les troupes canadiennes en Afghanistan. Je ne suis pas si sûr qu'il faille blâmer exclusivement la politique d'éradication de la culture de l'opium; cet hiver, on parlait déjà de l'offensive que les Talibans organisaient en s'inspirant des méthodes des insurgés en Irak.
Mais cette contamination mémétique a pu être facilitée par une alliance purement opportuniste entre Talibans et fermiers...
Libellés : Afghanistan, Canada, Guerre, Politique