2006-05-03

 

Généreux ou dépensier?

Le nouveau ministre des Finances du Canada est-il généreux ou dépensier? Issu du parti Progressiste Conservateur de l'Ontario, Flaherty a farci son premier budget de nombreuses réductions de taxes ou d'impôts, parfois en récupérant des promesses libérales, parfois en tenant les promesses de son propre parti.

Or, les Progressistes Conservateurs ont légué aux contribuables ontariens un déficit aussi tenace qu'une mauvaise grippe et Flaherty avait justement été ministre des Finances de la province dès 2001, à un moment qui aurait été propice pour l'élimination du déficit ou la réduction de la dette. Mais l'idéologie conservatrice est loin de se résumer à une gestion serrée des finances publiques, surtout que les gouvernements conservateurs du Canada ont rarement démontré de telles qualités. En revanche, l'idéologie conservatrice a ses chouchous. S'il est permis de sabrer dans les fonds pour les pauvres, c'est pour dépenser sur d'autres postes, dont l'armée et la famille traditionnelle.

Dans la mesure où les fonds le permettent, on ne saurait blâmer James Flaherty d'être généreux. Il s'agit après tout de restituer aux contribuables l'argent qu'ils avaient contribué au fonctionnement de l'État à leur corps défendant. Mais les fonds le permettent-ils vraiment? Le Canada se porte-t-il si bien qu'il n'existe aucune raison valable de dépenser les fonds publics autrement que pour faciliter les passe-temps sportifs des jeunes canadiens?

En clair, ce budget met-il le Canada sur une voie qui lui assurera une croissance soutenue à long terme, de manière à éviter le retour des déficits? C'est loin d'être sûr. Flaherty compte sur des économies récurrentes réalisées à même les coûts de fonctionnement du gouvernement fédéral. De plus, il a éliminé le coussin de trois milliards qui avait souvent aidé les gouvernements libéraux (en remplaçant ce poste par un engagement à affecter jusqu'à trois milliards de tout surplus éventuel au remboursement de la dette). Enfin, il compte sur la croissance du PIB. La force de la croissance escomptée est révélée par l'anticipation de revenus budgétaires croissants pour le gouvernement fédéral (212 G$ en 2004-2005, 236 G$ en 2007-2008) qui représentent une portion décroissante du PIB (16.4% en 2004-2005, 15.5% en 2007-2008).

Ce qui me semble le plus révélateur de la pensée conservatrice à la mode Harper, ce ne sont pas les promesses libérales qui ont été maintenues mais celles qui ont été écartées.

Outre les accords de Kyoto et de Kelowna, ce sont des engagements d'une valeur de sept milliards de dollars sur cinq ans qui s'évaporent. En gros, il s'agit (selon La Presse du 3 mai) de 2,5 milliards en aide pour les étudiants universitaires, de deux milliards pour les chercheurs et d'un milliard pour les ménages (en aides pour compenser le coût de l'énergie). Les handicapés et les communes rurales accusent également le coup. Alors que la productivité du travail au Canada reste plus basse qu'ailleurs et que le Canada prétend vouloir participer à l'économie du savoir, le gouvernement fédéral n'investit plus dans les universités! À brève échéance, cela ne coûtera que fort peu de votes aux Conservateurs. À plus longue échéance, c'est le pays qui rsique de payer le prix.

La meilleure nouvelle du budget, en revanche, c'est sans doute l'augmentation du budget du Conseil des Arts — une hausse de 50 millions de dollars sur deux ans, selon ce document (.PDF). Il s'agirait bel et bien d'une augmentation récurrente, mais qui serait peut-être prise du budget du ministère du Patrimoine. Dans la valse des milliards, cette somme n'est qu'un pourboire, mais il fera du bien. Espérons qu'on pourra en dire autant du premier budget Flaherty d'ici quelques années.

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