2006-04-26
Le bluff nucléaire
La guerre d'Irak n'aura-t-elle été que la répétition générale?
De toutes les ressemblances qui crèvent les yeux et qui rapprochent la crise iranienne actuelle de la crise irakienne qui avait précédé l'invasion par les forces étatsuniennes, l'étalement dans le temps n'est pas la moindre. Les nombreux parallèles entre les deux mises en scène me permettaient de parler précédemment d'un bluff parfait, mais le déroulement du scénario compte au moins autant que les circonstances ponctuelles. Dans le cas de l'Irak, la guerre proprement dite a été précédée d'une série de préparatifs médiatiques, politiques, diplomatiques et, enfin, logistiques. L'enchaînement actuel rappelle l'engrenage de l'époque, mis en branle assez ouvertement au printemps 2002, même si nous savons maintenant que les plans étatsuniens étaient ourdis depuis le jour même du 11 septembre 2001.
Que faut-il retenir des chuchotements voulant que les États-Unis méditent maintenant l'emploi d'armes nucléaires pour empêcher, ironiquement, le développement par l'Iran... d'armes nucléaires? S'agit-il d'une réelle possibilité dont les conséquences (.PDF) et les effets sont sciemment passées sous silence? On peut en douter, dans la mesure où les bombes nucléaires anti-bunkers dont il est question sont loin d'avoir fait leurs preuves.
S'agit-il d'une tentative de bluffer l'Iran? De nombreux commentateurs ont proposé leur interprétation de ces annonces, légitimes ou non... L'objection la plus communément avancée consiste à dire que les menaces étatsuniennes, y compris la rumeur d'une frappe nucléaire, tendent plutôt à conforter le pouvoir du président iranien Ahmadinejad. Cependant, le bluff en question pourrait cibler d'autres factions du gouvernement iranien, plus enclines à transiger selon les stratèges étatsuniens (qui pourraient fort bien se tromper).
Si ce n'était l'Iran, toutefois, qui serait donc la cible du bluff? L'opinion publique des pays occidentaux, selon certains, serait dans la ligne de mire. On se souviendra qu'il avait été question d'utiliser des armes nucléaires contre l'Irak si Saddam Hussein avait la présomption d'employer des armes chimiques (ou nucléaires!) contre les forces militaires de la coalition qui envahissait son pays en 2003. Comme les scénarios du pire (emploi d'armes chimiques ou nucléaires, guérilla urbaine à outrance dans les rues de Bagdad, hécatombes de civils fauchés par les bombardements) n'avaient pas eu lieu en 2003, la réaction d'une partie de l'opinion publique occidentale (et peut-être même ailleurs) avait été émoussée par le soulagement ressenti. En laissant filtrer dès maintenant qu'une frappe nucléaire serait possible, l'administration Bush, selon cette idée, désamorceraient d'avance l'indignation d'une partie de l'opinion publique domestique si elle ne procédait qu'à une frappe conventionnelle...
Reste une dernière possibilité : que l'Europe soit la cible de ce bluff nucléaire. En cas de frappe, les Européens savent sans doute que les retombées radioactives de bombes nucléaires anti-bunkers seraient rapidement transportées par les vents au-dessus de leur continent, comme après Tchernobyl. Les coûts des mesures de précaution et de décontamination — et aussi les coûts des gestes associés aux psychoses paranoïdes des écolos — seraient pharamineux. L'administration Bush pourrait espérer que la perspective d'une telle frappe motiverait les Européens à tout mettre en œuvre pour l'empêcher, y compris en faisant pression sur Téhéran pour faire céder le gouvernement iranien. L'hypothèse vaut ce qu'elle vaut, et rien ne dit que cette manœuvre ne puisse chercher à obtenir tous ces résultats en même temps!
On en vient même à se demander si la coïncidence de dates avec le vingtième anniversaire de Tchernobyl est entièrement un hasard...
De toutes les ressemblances qui crèvent les yeux et qui rapprochent la crise iranienne actuelle de la crise irakienne qui avait précédé l'invasion par les forces étatsuniennes, l'étalement dans le temps n'est pas la moindre. Les nombreux parallèles entre les deux mises en scène me permettaient de parler précédemment d'un bluff parfait, mais le déroulement du scénario compte au moins autant que les circonstances ponctuelles. Dans le cas de l'Irak, la guerre proprement dite a été précédée d'une série de préparatifs médiatiques, politiques, diplomatiques et, enfin, logistiques. L'enchaînement actuel rappelle l'engrenage de l'époque, mis en branle assez ouvertement au printemps 2002, même si nous savons maintenant que les plans étatsuniens étaient ourdis depuis le jour même du 11 septembre 2001.
Que faut-il retenir des chuchotements voulant que les États-Unis méditent maintenant l'emploi d'armes nucléaires pour empêcher, ironiquement, le développement par l'Iran... d'armes nucléaires? S'agit-il d'une réelle possibilité dont les conséquences (.PDF) et les effets sont sciemment passées sous silence? On peut en douter, dans la mesure où les bombes nucléaires anti-bunkers dont il est question sont loin d'avoir fait leurs preuves.
S'agit-il d'une tentative de bluffer l'Iran? De nombreux commentateurs ont proposé leur interprétation de ces annonces, légitimes ou non... L'objection la plus communément avancée consiste à dire que les menaces étatsuniennes, y compris la rumeur d'une frappe nucléaire, tendent plutôt à conforter le pouvoir du président iranien Ahmadinejad. Cependant, le bluff en question pourrait cibler d'autres factions du gouvernement iranien, plus enclines à transiger selon les stratèges étatsuniens (qui pourraient fort bien se tromper).
Si ce n'était l'Iran, toutefois, qui serait donc la cible du bluff? L'opinion publique des pays occidentaux, selon certains, serait dans la ligne de mire. On se souviendra qu'il avait été question d'utiliser des armes nucléaires contre l'Irak si Saddam Hussein avait la présomption d'employer des armes chimiques (ou nucléaires!) contre les forces militaires de la coalition qui envahissait son pays en 2003. Comme les scénarios du pire (emploi d'armes chimiques ou nucléaires, guérilla urbaine à outrance dans les rues de Bagdad, hécatombes de civils fauchés par les bombardements) n'avaient pas eu lieu en 2003, la réaction d'une partie de l'opinion publique occidentale (et peut-être même ailleurs) avait été émoussée par le soulagement ressenti. En laissant filtrer dès maintenant qu'une frappe nucléaire serait possible, l'administration Bush, selon cette idée, désamorceraient d'avance l'indignation d'une partie de l'opinion publique domestique si elle ne procédait qu'à une frappe conventionnelle...
Reste une dernière possibilité : que l'Europe soit la cible de ce bluff nucléaire. En cas de frappe, les Européens savent sans doute que les retombées radioactives de bombes nucléaires anti-bunkers seraient rapidement transportées par les vents au-dessus de leur continent, comme après Tchernobyl. Les coûts des mesures de précaution et de décontamination — et aussi les coûts des gestes associés aux psychoses paranoïdes des écolos — seraient pharamineux. L'administration Bush pourrait espérer que la perspective d'une telle frappe motiverait les Européens à tout mettre en œuvre pour l'empêcher, y compris en faisant pression sur Téhéran pour faire céder le gouvernement iranien. L'hypothèse vaut ce qu'elle vaut, et rien ne dit que cette manœuvre ne puisse chercher à obtenir tous ces résultats en même temps!
On en vient même à se demander si la coïncidence de dates avec le vingtième anniversaire de Tchernobyl est entièrement un hasard...
Libellés : Iran, Monde, Politique