2006-02-16

 

Les néo-cons et Platon...

Depuis les débuts de l'équipée étatsunienne en Irak, un nombre grandissant de personnes ont écrit sur les rapports entre les idéologues de l'administration Bush et l'enseignement de Leo Strauss, grand admirateur de Platon et des philosophes de la Cité antique. Même s'il ne faut pas faire de Strauss le concepteur d'un programme politique appliqué en tous points par des disciples nichés dans le corps politique de la République américaine, des rapprochements sont possibles entre l'élitisme de Platon et celui des nouveaux croisés convaincus de pouvoir faire le bonheur des peuples privés de démocratie. (Strauss n'aurait-il été qu'une courroie de transmission?)

Platon avait voulu que le philosophe soit roi pour que la Cité soit juste. D'origine aristocratique, Platon avait même œuvré dans ce sens en visitant trois fois Syracuse, en Sicile. Il espérait d'abord transformer le tyran Denys l'Ancien en philosophe, mais la gouverne du philosophe avait vite déplu au tyran, qui s'était débarrassé de lui. Platon était revenu à la charge après la mort de l'ingrat, dans l'espoir de mieux réussir auprès de son fils, Denys II le Jeune, ou de pousser sur le trône Dion, un parent de Denys qui avait pour qualité principale d'être un disciple attentionné du philosophe. Même si Platon se fit encore une fois renvoyer à Athènes, Dion obtint le pouvoir en fin de compte, par la force, mais il ne régna que fort peu de temps avant d'être assassiné.

Platon avait aussi envisagé non que le roi devienne philosophe, mais que le philosophe devienne roi. Seulement, un philosophe ne pouvait pas s'emparer du pouvoir par la force. Il devait être appelé aux fonctions suprêmes et il ne fallait pas s'attendre à ce qu'un vrai philosophe les désire, au contraire.

Personne n'a jamais accusé George W. Bush d'être un disciple de Leo Strauss, ou de Platon. Mais les héritiers de Strauss ont bel et bien été appelés à exercer des pouvoirs importants dans la Washington impériale. (En clair, ils n'avaient pas sollicité de mandat démocratique, ce qui aurait représenté une sorte de recherche du pouvoir. Ce que c'est que d'être vertueux...) Et ils tentent depuis de procurer un gouvernement éclairé aux États-Unis et aux pays que les États-Unis ont pris sous leur aile. Comme l'Irak.

Espérons que cela finisse mieux pour eux et pour leurs protégés que pour les Syracusains que Platon avait voulu aider de ses conseils...

Libellés : ,


Comments: Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?