2019-09-09

 

Pourquoi une classe de maître ?

Le mois prochain, je convie les intéressés à une classe de maître à la Maison de la littérature de Québec, « Inventer la science-fiction », le samedi 5 octobre et le dimanche 6 octobre, de 10 h à 17 h.  (On peut s'inscrire sur place ou en ligne, à raison de 70 $ pour les deux séances.)  En quoi cette activité se distinguera-t-elle des ateliers d'écriture que j'ai animés auparavant ?

Tolkien aurait dit que les histoires (qu'il racontait) avaient poussé comme d'une graine émergeant de feuilles mortes en décomposition.  Quand il s'agit de science-fiction, la croissance d'une histoire exige  certes un suivi attentif et une combinaison de mesures. 

Le plus souvent, un récit de science-fiction s'inscrit dans un monde qui diverge peu ou prou de notre quotidien.  Il est possible de se contenter de changements minimes de notre quotidien, tout comme on apporterait quelques altérations à un nouveau costume pour qu'il se conforme à nos besoins, mais il est également possible d'emprunter un univers fictif qui a déjà servi et qui coûtera un minimum d'efforts à l'écrivain qui le récupère d'une friperie.  Parfois, l'auteur s'impose de créer un monde distinctif, l'équivalent d'un costume original.

Il est possible, comme lecteur, d'apprécier l'effort investi dans la création d'un univers inédit, mais l'originalité d'un cadre exige fréquemment un exercice de décodage plus ou moins pénible pour les lecteurs.  Par conséquent, il faut que le monde ainsi créé soit en adéquation avec l'histoire imaginée et les personnages qui l'habitent.  Sinon, à quoi bon se donner cette peine ?

La création de personnages, la gestion du point de vue et la construction de l'intrigue sont des éléments également nécessaires à la croissance d'une histoire.  Quand il s'agit de science-fiction, encore une fois, le souci de la cohérence est à la fois un défi de tous les instants d'écriture (le personnage doit être en harmonie avec le monde auquel il appartient, qui n'est pas nécessairement celui qui sert de cadre au récit, d'ailleurs; le point de vue exprimé dans le texte doit correspondre aux caractéristiques de cet univers en plus de refléter la personnalité des acteurs en scène ; les possibilités de l'intrigue sont dictées par celles du monde fictif et de ses habitants) et un guide extrêmement utile pour éviter les dérapages et les invraisemblances.  La triangulation à partir de cette triple contrainte peut stimuler l'imagination et entraîner des inventions nouvelles.

Si les mécanismes narratifs, la construction de monde, la mise en scène des personnages, l'articulation d'un point de vue et l'échafaudage d'une intrigue font partie des bases du métier, je désire aussi explorer l'idéation.  La capacité d'engendrer des idées en se renouvelant au fil des ans et en évitant les redites est trop souvent traitée comme allant de soi.  Mais d'où vient la graine qui va germer dans un terreau et faire une plante si on sait prendre soin de la jeune pousse ?

La graine a été apportée par le vent ou dérobée au champ du voisin...  Elle est tombée d'un arbre ou elle a été plantée par un jardinier consciencieux.  Les scénarios sont également multiples pour les idées à l'origine d'une histoire.  Une idée est parfois dans l'air du temps, grâce à un événement ou une découverte récente.  Mais il arrive aussi à une idée de prendre sa source dans un autre texte, où l'auteur la pigera pour lui imaginer un autre potentiel que celui que l'auteur de cet autre texte avait exploité.  Une idée peut également arriver d'un autre domaine, formulée au détour d'un article par un scientifique ou un philosophe, esquissée par un ingénieur ou un architecte, matérialisée par un artiste ou un artisan sous une forme concrète...  Enfin, il existe plusieurs façons pour un auteur de susciter des idées neuves à partir d'une matière brute.  Ce sera en partie le sujet de cette classe de maître.  Et j'y reviendrai.

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