2018-03-08
Le réconfort des vieilles habitudes
Remettre une vieille paire de chaussres après avoir commencé à en porter une nouvelle procure souvent un soulagement sensible. La chaussure s'est-elle faite à notre pied ou notre pied à la chaussure ? Quoi qu'il en soit, la différence est perceptible. Le soulagement perçu tient sans doute à l'absence d'effort requis du corps et de l'esprit pour s'adapter, mais il s'y ajoute peut-être un plaisir plus subtil que la facilité.
Ces dernières semaines, je suis retourné deux ou trois fois à Montréal et j'ai fréquenté des lieux familiers en suivant des itinéraires encore plus familiers. En effet, les lieux ont parfois changé. De nouveaux édifices et condos s'élèvent, de nouvelles perspectives s'offrent au regard et d'anciens terrains de stationnement sont en cours de transformation après des années de tranquillité à l'abandon.
Ce qui ne m'empêche pas de retrouver d'anciens cadres de mon quotidien montréalais. Est-ce la certitude de maîtriser le chemin à suivre qui est à l'origine du sentiment de réconfort qui me gagne dans le métro entre Berri-UQÀM et Guy-Concordia, à la sortie sur Guy ou dans le 165 qui escalade la Côte-des-Neiges ? Non seulement je n'ai pas à me concentrer pour m'orienter, mais je peux me reposer sur l'assurance forgée par des centaines de parcours. Et de pouvoir le faire de nouveau après toutes ces années, c'est une victoire sur le temps qui passe.
La stabilité dans un monde en proie au changement peut réconforter, même quand elle est illusoire. C'est pour cette raison que nos ancêtres construisaient pour durer quand ils travaillaient sur leurs temples.
C'est la nature du monde qui apparaît alors sous un jour moins inquiétant. Tout n'est pas voué à disparaître, du moins pas tout de suite. À l'ère de l'anxiété généralisée et de la colère qu'elle engendre (ou est-ce l'inverse ?), c'est apaisant. Si ce n'est pas le réconfort actif d'une étreinte bienveillante, c'est au moins la joie de la délivrance qu'on ressent quand on arrête de se taper la tête sur un mur, si dure la tête en question soit-elle.
Ces dernières semaines, je suis retourné deux ou trois fois à Montréal et j'ai fréquenté des lieux familiers en suivant des itinéraires encore plus familiers. En effet, les lieux ont parfois changé. De nouveaux édifices et condos s'élèvent, de nouvelles perspectives s'offrent au regard et d'anciens terrains de stationnement sont en cours de transformation après des années de tranquillité à l'abandon.
Ce qui ne m'empêche pas de retrouver d'anciens cadres de mon quotidien montréalais. Est-ce la certitude de maîtriser le chemin à suivre qui est à l'origine du sentiment de réconfort qui me gagne dans le métro entre Berri-UQÀM et Guy-Concordia, à la sortie sur Guy ou dans le 165 qui escalade la Côte-des-Neiges ? Non seulement je n'ai pas à me concentrer pour m'orienter, mais je peux me reposer sur l'assurance forgée par des centaines de parcours. Et de pouvoir le faire de nouveau après toutes ces années, c'est une victoire sur le temps qui passe.
La stabilité dans un monde en proie au changement peut réconforter, même quand elle est illusoire. C'est pour cette raison que nos ancêtres construisaient pour durer quand ils travaillaient sur leurs temples.
C'est la nature du monde qui apparaît alors sous un jour moins inquiétant. Tout n'est pas voué à disparaître, du moins pas tout de suite. À l'ère de l'anxiété généralisée et de la colère qu'elle engendre (ou est-ce l'inverse ?), c'est apaisant. Si ce n'est pas le réconfort actif d'une étreinte bienveillante, c'est au moins la joie de la délivrance qu'on ressent quand on arrête de se taper la tête sur un mur, si dure la tête en question soit-elle.
Libellés : Vie