2014-09-03
Lucy, ou comment faire de la science-fiction intelligente avec bêtise
À certains égards, Lucy est peut-être bien ce qui, en 2014, se rapproche le plus, avec Edge of Tomorrow et quelques autres efforts passés inaperçus, d'un film de science-fiction original. Quand on écarte les suites, les films de superhéros (Guardians of the Galaxy est jouissif, oui) et les adaptations de romans (Divergent, The Giver), il ne reste plus grand-chose.
Cela dit, Lucy est un film incomparablement frustrant. D'une part, Besson ne rate presque jamais l'occasion d'aligner un cliché, une ineptie ou une fausseté. Mafia taïwanaise, implantation sous la peau de sacs d'une nouvelle drogue, plaisanterie sur la légende urbaine au sujet des vols d'organes, signaux de téléphones portables qui montent vers le ciel (parce que Besson croit qu'ils communiquent avec des satellites?), indigènes d'Amérique à cheval avant l'arrivée des Européens... et tout un film qui repose sur le mythe voulant que l'être humain n'utilise que 10% de son cerveau. D'autre part, Besson est un réalisateur de talent qui nous plonge tout de suite dans le vif du sujet et qui nous gratifie de fort jolies séquences (n'empêche que ses recherchistes auraient pu travailler un peu plus fort : il y a un clip de derviches tourneurs qui ressemble fort à un clip semblable dans The Giver). En outre, il bénéficie du travail d'actrice de Scarlett Johansson qui donne un minimum d'humanité au personnage de la surfemme (qu'on n'a pas vu si souvent, avouons-le). Au fond, c'est une autre version d'un grand récit de la science-fiction, celui de l'accession de l'humanité à un stade supérieur de l'évolution, qui remonte au moins à Stapledon. Du Slan de Van Vogt à 2001: A Space Odyssey, il en existe plusieurs versions. Si le prétexte trouvé par Besson est plus ridicule que d'autres, il est permis de s'attacher aux conséquences qu'il en tire et à l'optimisme sous-jacent de l'idée même, optimisme qui est inscrit dans le code génétique progressiste de la science-fiction.
En fin de compte, on peut regarder Lucy en essayant d'apprécier le bon film de science-fiction camouflé par le mauvais film de Besson. Bref, il faut apprécier le spectacle et le thème tout en faisant abstraction de l'argument... Et voilà pourquoi on a des mots différents pour désigner des choses différentes.
Cela dit, Lucy est un film incomparablement frustrant. D'une part, Besson ne rate presque jamais l'occasion d'aligner un cliché, une ineptie ou une fausseté. Mafia taïwanaise, implantation sous la peau de sacs d'une nouvelle drogue, plaisanterie sur la légende urbaine au sujet des vols d'organes, signaux de téléphones portables qui montent vers le ciel (parce que Besson croit qu'ils communiquent avec des satellites?), indigènes d'Amérique à cheval avant l'arrivée des Européens... et tout un film qui repose sur le mythe voulant que l'être humain n'utilise que 10% de son cerveau. D'autre part, Besson est un réalisateur de talent qui nous plonge tout de suite dans le vif du sujet et qui nous gratifie de fort jolies séquences (n'empêche que ses recherchistes auraient pu travailler un peu plus fort : il y a un clip de derviches tourneurs qui ressemble fort à un clip semblable dans The Giver). En outre, il bénéficie du travail d'actrice de Scarlett Johansson qui donne un minimum d'humanité au personnage de la surfemme (qu'on n'a pas vu si souvent, avouons-le). Au fond, c'est une autre version d'un grand récit de la science-fiction, celui de l'accession de l'humanité à un stade supérieur de l'évolution, qui remonte au moins à Stapledon. Du Slan de Van Vogt à 2001: A Space Odyssey, il en existe plusieurs versions. Si le prétexte trouvé par Besson est plus ridicule que d'autres, il est permis de s'attacher aux conséquences qu'il en tire et à l'optimisme sous-jacent de l'idée même, optimisme qui est inscrit dans le code génétique progressiste de la science-fiction.
En fin de compte, on peut regarder Lucy en essayant d'apprécier le bon film de science-fiction camouflé par le mauvais film de Besson. Bref, il faut apprécier le spectacle et le thème tout en faisant abstraction de l'argument... Et voilà pourquoi on a des mots différents pour désigner des choses différentes.
Libellés : Films, Science-fiction