2011-12-08

 

Augmenter le taux de participation aux élections à coup sûr

Je vois que l'ineffable PQ a trouvé un moyen (entre autres) d'améliorer la vie démocratique québécoise : abaisser l'âge de l'obtention du droit de vote à 16 ans.

Bien entendu, il s'agit du même parti qui croit que l'indépendance, après une période d'effervescence ou de turbulences, permettrait au Québec de faire mieux économiquement qu'il ne fait au sein du Canada. (Ce qui s'imposerait pour assumer un fardeau financier qui est actuellement partagé avec des provinces plus riches.) Pourquoi ? Parce qu'il emploierait les pouvoirs rapatriés d'Ottawa à meilleur escient que ne le fait Ottawa. Pourquoi ? Parce que c'est ainsi.

Bref, le PQ est adepte de la pensée positive. On le savait déjà, alors on ne va pas en faire tout un plat. Mais si on écarte la pensée magique comme facteur, abaisser l'âge de voter dans les conditions actuelles réduirait mécaniquement le taux de participation aux élections. Pourquoi ? Les jeunes votent moins, proportionnellement, que leurs aînés. Par conséquent, ajouter plus de jeunes au bassin des votants réduira, ceteris paribus, le taux de participation par rapport à ce qu'il est.

Ce qui devrait nous faire entrevoir un moyen presque assuré d'augmenter le taux de participation aux élections : il suffirait de rehausser l'âge de l'obtention du droit de vote. En réduisant le nombre de jeunes qui votent moins, on augmenterait mécaniquement le taux de participation, ceteris paribus. C'est tout simple.

Après tout, pourquoi l'âge de voter devrait-il se confondre avec l'âge d'acheter des cigarettes ou de l'alcool ? Ne s'agit-il pas d'une responsabilité gravissime que de choisir le gouvernement du pays ? On pourrait donc fixer à 21 ans, quand les jeunes québécois ont au moins eu l'occasion de finir leur cégep, l'âge de participer aux élections de la province ou du pays. Au besoin, on pourrait permettre aux jeunes de voter entre 18 et 21 ans, à condition de détenir un diplôme du secondaire ou du cégep, voire de l'université, ce qui pourrait contrer (un tout petit peu) le décrochage. Et si on aime la pensée magique, on pourra soutenir qu'en faisant de l'âge de voter un privilège, on augmentera l'intérêt de la chose pour les jeunes. L'attrait du fruit défendu...

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Comments:
Je ne vois pas en quoi détenir un diplôme d'études supérieur ferait des citoyens plus allumés à propos de la politique. Et dépendamment du choix de carrière, certaines personnes n'obtiendraient jamais le droit de voter? Ça ferait plutôt une élitocratie qu'une démocratie.

Cela dit, je suis assez cynique pour penser que la majorité des citoyens ne votent pas de façon éclairée et n'ont aucune compétence pour déterminer ce qui est dans l'intérêt de la majorité. Ici, la population est assez endormie pour se désintéresser de la politique. C'est tout de même à l'avantage de la classe dirigeante qui est ré-élue constamment. S'il fallait retirer le droit de vote, je crois que ça réveillerait les gens qui prennent la démocratie pour acquise. Je ne pense pas que la classe politique voudrait se mettre une partie de la population à dos de cette façon là. Vaut mieux une grande quantité de moutons qui votent, qu'une minorité de frustrés qui sont prêt à se révolter.

C'est le principe du Prince: lorsqu'on a donné au peuple, on ne peut pas lui retirer si on veut rester au pouvoir.

Et tout ça, c'est en occultant le sujet de base: augmenter le taux de participation. En quoi est-ce important ou désirable? Est-ce que c'est pour donner une plus grande légitimité à une démocratie mourrante? Si oui, je ne vois pas l'intérêt d'étirer la sauce. Si c'est pour obtenir un avis plus éclairé lors d'élections ou de référendum, là encore je ne vois pas en quoi augmenter le taux de participation aiderait.

Oui, cynique, c'est bien ce que je disais. ;)
 
Il faut relire. Dans ma proposition, tout le monde obtiendrait le droit de vote à 21 ans. Simplement, les 18 ans et plus pourraient voter avant la barre des 21 ans s'ils ont un diplôme. Le but n'est pas de fabriquer des électeurs plus allumés, mais de rehausser un peu le prestige du diplôme, et de l'éducation en général (qui a longtemps été plus bas au Québec qu'ailleurs au Canada — curieux que le PQ n'en fasse pas un facteur explicatif du retard économique du Québec).

Bien évidemment, on peut engager un débat de fond sur (i) le taux de participation aux élections, et (ii) l'importance des diplômes. Mais ce n'était pas le but du billet. Peut-être d'un autre. Parce que si on examine ces sujets sérieusement, sans cynisme, on ne les épuise pas en un seul paragraphe.
 
Hé bien, c'est ce qu'on appelle se faire recevoir froidement. On ne m'y reprendra plus.
 
Susceptible ? Génération Y, par hasard ?

Cela dit, je suis allergique au cynisme. Je ne crois pas qu'il fasse avancer les choses. Par définition, la classe élue sera toujours la classe dirigeante et, si elle ne l'était pas au départ, elle le devient. Mais la démocratie permet de choisir sa classe dirigeante. Et si on ne croit pas qu'il y avait une différence entre Bush et Gore en 2000, ou entre les Conservateurs et le NPD le 2 mai 2011, alors, c'est bel et bien une forme de cynisme qui ne m'intéresse pas. Auquel cas je lance l'idée du droit de vote transférable : les cyniques qui croient que ça ne sert à rien de voter seraient autorisés à transférer leur droit de vote à ceux qui seraient disposés à s'en servir (par loterie, disons, pour leur éviter d'avoir à choisir entre sympathisants de partis différents)...
 
Un jugement à l'emporte pièce comme "Génération Y", c'est de toute beauté. Pour ma part, c'est au snobbisme et aux préjugés que je suis allergique. C'est la marque d'un esprit fermé.
 
Tiens, on dirait que j'ai touché un point sensible...

Le cynisme absolu n'est-il pas justement la marque d'un esprit fermé à tout espoir de changement ?
 
C'est triste d'en arriver là. Je voulais juste une discussion amicale.

Évidemment que tu as touché un point sensible: personne n'aime se faire préjuger sur la base d'un commentaire. C'est comme si je te disais que tes opinions sont typiques de celles d'un "boomer": c'est réducteur et personnel comme attaque.

Je ne me suis jamais prétendu un cynique absolu et je ne fais pas dans le préjugé: je suis un cynique qui espère se faire prouver le contraire. Ne dit-on pas que si on gratte la couche extérieure d'un cynique, on trouve un idéaliste désillusionné?

Ce sera mon dernier commentaire, on ne gagne rien ici.
 
Je ne déteste pas mettre à l'épreuve mes interlocuteurs, histoire de voir si on peut discuter de façon intéressante. Mais je préfère certainement les interlocuteurs capables de lire ce que j'écris. Quand j'affirme quelque chose, je l'affirme. Quand j'emploie la tournure interrogative, c'est bel et bien parce que je pose des questions. Si on refuse de répondre, c'est pour le coup que la discussion s'annonce oiseuse, en effet.

Encore une fois, si on me lit bien, on verra que j'ai offert des ouvertures (« Peut-être un autre »). Ce que je note, c'est qu'elles n'ont pas été repérées.

Quant à moi, je ne suis ni boomer ni enfant de boomer, ergo...
 
On note l'absence de toute objectivité en débutant le texte par toutes les attaques possibles contre le PQ.

Sachant que la base fédéraliste est vieillissante, quoi de mieux que d'empêcher les plus jeunes de voter? Moins de vote pour les Verts, moins de vote pour le PQ, moins de votes pour Québec Solidaire, mais plus de votes pour les Libéraux et les Caquistes. Ça serait pas plutôt ça votre motivation intrinsèque pour augmenter l'âge du droit de vote?
 
Le commentaire que je viens de signer semble avoir disparu dans l'éther. Je reprends donc...

Est-ce que c'est parce que je sais compter et raisonner que vous croyez que je suis pour les Libéraux ou le CAQ ? Certes, on a souvent l'impression qu'à gauche, on n'a jamais appris à faire correctement l'un ou l'autre, tandis qu'à droite, on s'empresse d'oublier l'un et l'autre dès qu'on entre en politique. Le fait est que je me suis contenté d'analyser les conséquences, ceteris paribus, de la proposition du PQ, sans me prononcer pour ou contre. En fait, les effets mécaniques dont je parle seraient de simples jeux comptables, en quelque sorte, alors qu'un taux de participation plus élevé ne serait significatif à mes yeux que s'il résultait de manière intrinsèque d'une mobilisation plus grande des électeurs.

L'alternative que vous présentez, entre aller chercher plus de votes chez les moins de 18 ans ou faire une croix dessus pour favoriser une option en particulier relève d'une stratégie à la Parizeau qui sent un peu son Duplessis. C'est bien pourquoi je ne prétends pas être objectif sur mon blogue au sujet d'un nationalisme québécois dont la traduction politique a souvent exigé depuis les années trente des contorsions mentales proprement orwelliennes et des manoeuvres bassement politiciennes. En revanche, on peut analyser froidement une mesure du point de vue de son fonctionnement théorique.

Quant à la base fédéraliste, j'aimerais connaître la source qui vous permet d'affirmer qu'elle est vieillissante. Qui a voté pour le NPD en mai dernier ? Les jeunes ou les vieux ou les deux ? Qui a voté pour le Bloc ? Vos chiffres m'intéresseraient. Si vous en avez.
 
Et dites-moi, il vaut quoi votre jeu comptable?

Vouloir augmenter le taux de participation en abaissant le nombre de voteurs, c'est aussi intelligent que de boire pour la sobriété ou de baiser pour la virginité. En bout de ligne, les élus gouvernent autant de monde, mais sont choisis par moins. Belle démocratie, ou devrais-je plutôt dire raisonnement Caquiste ou Libéral?

Pour mes chiffres, j'espère que je vous apprend rien en disant que le vote est anonyme et qu'il est par conséquent impossible d'avoir les chiffres exacts. Par contre, en se fiant à différents sondages, on constate une plus grande proportion de verts, de péquistes et de solidaires chez les plus jeunes. Maintenant, si vous voulez contester les sondages, plaignez-vous à Léger/Léger, Crop ou Angus Reid.
 
L'intérêt de ma démonstration, c'est de montrer que la proposition du PQ, dans l'état des choses, aboutirait à une situation où, comme vous dites, les élus gouvernent autant de monde avec l'appui de plus de personnes, mais où ils sont choisis par une plus petite proportion de l'électorat. Est-ce plus ou moins démocratique que le cas de figure où les élus sont choisis par moins de personnes mais une plus grande proportion de l'électorat ? Comment tranchez-vous ?

Sinon, ma démonstration a aussi l'avantage de mettre sur le doigt non seulement sur l'aporie précédente, mais sur le fait que le PQ compte clairement sur la pensée magique pour combler cette faille. À moins évidemment qu'il préfère réellement un gouvernement élu par une plus petite proportion de l'électorat...

Quant aux chiffres, je vois que vous ne citez rien de précis. Dommage.
 
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