2011-10-12

 

Platon et le prince Harry

On annonçait récemment la venue du prince Harry en Amérique du Nord pour lui permettre de perfectionner sa maîtrise du pilotage. Ceci m'a rappelé la tournée antérieure du prince William et de son épouse. Si leur odyssée canadienne était soigneusement calculée pour que son impact politique soit le plus grand possible, elle procurait aussi au couple princier de nombreuses occasions de s'initier à des activités canadiennes et de découvrir plusieurs régions du pays. Du coup, la visite apparaissait aussi comme une entreprise éducative d'une telle envergure qu'on se demande pourquoi les politiciens canadiens n'en bénéficieraient pas aussi. Osons demander combien de députés parlementaires canadiens ont une aussi bonne connaissance de la diversité du pays que ces aristocrates britanniques !

Platon avait préconisé l'éducation des jeunes monarques de son époque par des philosophes de manière à donner le pouvoir à des rois philosophes qui seraient des despotes éclairés... Très curieusement, le Canada semble mettre en pratique les idées de Platon, à ceci près qu'il ne donne pas le pouvoir aux produits de cette formation. En fait, l'idéal politique de Platon souffrait du même défaut que les régimes monarchiques en général : le manque de flexibilité. La meilleure formation au monde peut s'avérer incomplète ou imparfaite si les circonstances changent. La démocratie mise plutôt sur un échantillonnage aléatoire des savoir-faire afin, en un sens, de parer à l'imprévisible.

Néanmoins, l'exploration du Canada offerte au prince William relève clairement d'une tentative de canadianiser, au moins un peu, celui qui pourrait devenir un jour le roi du Canada. À défaut de l'avoir sur place assez longtemps pour qu'il se frotte vraiment au pays et à ses habitants, on a entassé un maximum d'activités en quelques jours. Cela dit, on ne peut s'empêcher de penser que si la monarchie doit avoir un avenir au Canada, il ne fait aucun doute qu'elle devra se canadianiser encore plus pour survivre. La fiction d'une double monarchie (du Royaume-Uni et du Canada) incarnée dans la même personne est ingénieuse, mais la réalité d'une famille royale britannique est trop évidente. À défaut de créer une monarchie canadienne de toutes pièces, il faudrait inviter tout héritier de la Couronne britannique à immigrer au Canada afin de fonder une branche canadienne. Un roi immigré : quoi de plus canadien ?

Libellés : ,


Comments:
Et si les Australiens, Néo-Zélandais, Jamaïcains, Tuvaléens, Bélizéens, etc. demandaient à faire la même chose, les souverains anglais passeraient leur vie hors de Grande-Bretagne et seraient donc étrangers à leur propre royaume d’origine. Le destin de toute dynastie impériale ? :-)
 
En fait, ils ne sont souverains que dans seize pays, soit le Royaume-Uni, l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, la Jamaïque, Antigua et Barbuda, les Bahamas, Barbados, Grenada, le Bélize, St. Christopher et Nevis, Sainte-Lucie, les îles Solomon, Tuvalu, Saint-Vincent et les Grenadines, et la Papouasie Nouvelle-Guinée. La plupart sont des îles tropicales qui se visitent rapidement (et sans doute assez confortablement). Dans la plupart des cas, ce ne serait pas nécessairement économique d'instaurer une monarchie locale plutôt que de laisser la Grande-Bretagne assumer le gros des coûts d'entretien de la famille royale...
 
Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?