2011-02-08

 

Charest et Taschereau

La perspective d'une campagne électorale au Québec ramène sur le tapis le nom de Louis-Alexandre Taschereau, dont le gouvernement libéral était resté au pouvoir de 1920 à 1936 en alignant les victoires électorales (1923, 1927, 1931, 1935). Si Jean Charest remportait de nouvelles élections, il concurrencerait les succès de Taschereau. Mais les triomphes électoraux successifs et la tolérance du copinage avec les pouvoirs d'argent, voire la tolérance de la corruption, ne préparent pas nécessairement le renouveau que certains espèrent en faisant des vœux pour le succès d'un autre parti. En soi, ce genre de stabilité est plutôt le symptôme d'une frilosité populaire, d'une lassitude, d'une apathie qui font le lit de l'inertie et du conservatisme.

Pour Taschereau hier comme pour Charest aujourd'hui, la roche tarpéienne n'est pas loin du Capitole : accumuler les victoires électorales ne fait que rapprocher l'échéance quand le public excédé se tournera vers une solution de rechange. Mais si le public aspire à la tranquillité, le pays risque de tomber de Charybde en Scylla. Car conjuguer des aspirations en apparence inconciliables, qui prennent la forme d'une recherche simultanée du statu quo et de l'assainissement des mœurs, c'est une prouesse qui peut être réussie — l'Histoire en a déjà fait la démonstration — par un tribun au verbe haut, distributeur de largesses ponctuelles et organisateur de la vie publique à son propre avantage... au besoin en flattant les instincts les plus populaciers. Et pour qui le renouveau espéré sera le cadet de ses soucis.

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