2010-02-07

 

Loin de la moyenne

Plus les classes d'un professeur sont nombreuses, plus il a de chances de tomber sur des cas, euh, inusités. Or, depuis que j'enseigne à temps partiel, j'ai eu entre deux et trois mille étudiants, l'écrasante majorité de ceux-ci depuis 2004. J'ai déjà croisé un étudiant particulièrement brillant, qui avait de la réflexion, de la conversation et qui, comme ingénieur pas encore diplômé, avait déjà un brevet en attente, sinon plus. Un génie en herbe, peut-être... Pour compenser, il fallait bien que j'aie droit un jour au spécimen inverse — et c'est fait.

Ce n'est pas qu'il soit bête, intellectuellement parlant; ses résultats seraient plutôt bons... s'il ne remettait pas ses devoirs systématiquement en retard et s'il n'avait pas omis de se présenter à l'examen de mi-session et à l'examen final. Mais c'est qu'il a des excuses : la GRC conspire avec d'autres agences de renseignement pour le rendre malade et le renvoyer dans son pays d'origine (encore qu'il prétende être citoyen canadien). C'est à coup sûr la GRC puisque la Police montée avait déjà organisé une agression l'an dernier afin de lui dérober, à la faveur de cette rossée, les documents nécessaires à son émigration aux États-Unis. S'il a manqué autant d'examens, c'est qu'il avait la fièvre parce que la GRC tente de l'empoisonner ou de l'infecter. La GRC s'arrange même pour faire disparaître de l'argent de son compte en banque et fait pression sur les professeurs de l'université pour l'empêcher d'avoir les notes auxquelles il a droit... C'est ce qu'il explique en long et en large dans un courriel rédigé dans un anglais inimitable et adressé au premier ministre du Canada pour réclamer une enquête publique, en me mettant en copie ainsi que tous les autres professeurs qui le persécutent en ne lui donnant pas les notes qu'il est persuadé de mériter.

Je n'en sais pas assez sur lui pour savoir s'il correspond en tous points au modèle des tueurs universitaires, mais c'est l'occasion de se renseigner sur les procédures à suivre quand un étudiant décroche du réel...

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Comments:
As-tu vu Le Banquet de Sébastien Rose ? Benoît McGinnis joue le rôle d'un étudiant universitaire au prise avec les "persécutions" de ses profs... Brr...
 
Non, malheureusement. Manque de temps chronique ces dernières années... À lire le résumé du film, je me dis quand même qu'en tant qu'uqamien (étudiant, puis chargé de cours, puis chercheur, en attendant la suite), je n'ai presque pas besoin de voir le film. Je l'ai vécu!

Par contre, je n'ai pas vraiment connu de cas extrêmes parmi mes étudiants de l'UQÀM.
 
Ouf! À chaque fois que j'entends parler d'une histoire comme ça, je me demande ce qu'on est supposés faire avec des cas semblables...

Je travaille pour des avocats, dont certains sont en droit constitutionnel, alors je vois des histoires du genre au moins une fois par année.

Si ça peut te rassurer, d'ordinaire ceux qui font des délires de persécution ne sont violents qu'envers eux-mêmes...
 
Un vrai cas celui là ! En proportion, c'est peu, mais c'est toujours trop quand il y a à faire face. Qu'au moins mes cours de psycho pathologie puissent être utiles ! :)
 
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