2009-05-10

 

L'indépendance expérimentale

Parfois, je me dis qu'il faut vider l'abcès de l'indépendantisme québécois et que le moyen le plus sûr de le faire, ce serait encore de s'entendre sur un compromis, les sceptiques prenant les devants afin de profiter de la situation actuelle face aux vrais croyants... Mais aussi de proposer un compromis avant que la rupture soit consommée et se fasse dans les pires conditions.

Quel compromis pourrait-on envisager? Entre le statu quo fédéraliste et l'indépendance, il subsiste déjà plus d'un moyen terme : le fédéralisme asymétrique (qui existe dans la pratique sans être entièrement reconnu), la confédération idéalisée, la mythique souveraineté-association, etc. Seulement, ils n'ont pas toujours été pris au sérieux, les uns craignant que telle ou telle formule ne soit qu'une « cage à homards » menant forcément à la séparation et les autres refusant une souveraineté partielle — ou interprétant effectivement la formule comme une « cage à homards »... (En fait, selon l'article du Soleil de Québec le 12 juillet 1995, Jacques Parizeau aurait dit en juin 1995 : « Le référendum, c'est comme les casiers à homard. Le homard peut passer à côté plusieurs fois, mais il n'entre qu'une fois dans le casier et ça suffit. »)

Dans ce cas, il faudrait combiner autrement les avantages et limites d'une formule de compromis. Les Chinois n'ont-ils pas su admettre une formule transitionnelle dans le cas de Hong Kong? Ainsi, par exemple, l'indépendance québécoise pourrait être aussi complète que souhaitée, mais limitée dans le temps. Les textes constitutionnels la rendraient révocable au bout d'une période fixée dès le départ.

L'indépendance du Québec serait alors traitée comme une expérience bonne pour dix, vingt, trente ou cinquante ans. Une telle durée suffirait sûrement à établir les coûts et les bénéfices de l'indépendance, non? En même temps, un terme fixe empêcherait les uns et les autres, de part et d'autre de la nouvelle frontière, de faire comme si l'indépendance était irrévocable, et de couper tous les ponts, et tous les liens, que ce soit du point de vue de la culture ou de l'infrastructure. Ce n'est pas non plus une période excessivement longue du point de vue des finances publiques : la relative proximité d'un autre rendez-vous historique pourrait encourager une gestion raisonnable des déficits et de la dette, un peu comme avec les critères de Maastricht, mutatis mutandis. Et la nature provisionnelle de cette indépendance pourrait décourager les exodes massifs, les minorités se disant dans chaque cas qu'il restait encore un espoir.

Bonne ou mauvaise idée? Le problème, ce serait l'absence d'arbitres pour empêcher que l'une ou l'autre partie décide de faire comme si l'indépendance était une réalité définitive. Mais la discussion d'un tel concept pourrait lever d'autres lièvres et faire naître de nouveaux points de vue sur la question, un peu plus originaux que les dogmes moisis de nos chapelles politiques actuelles...

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