2009-04-20
De la Maison Shaughnessy à Saint-Henri
Hier, j'ai profité du beau temps pour me promener. Après la réunion douloureusement matinale pour l'organisation d'Anticipation, je me suis rendu à l'exposition d'Alexandre Robichaud, « Dessine-moi le cosmos », à la galerie Quartier Libre dans Saint-Henri. En chemin, j'ai pris quelques photos du jardin de sculptures de Melvin Charney qui fait partie du Centre canadien d'architecture, face à la maison Shaughnessy (ci-dessous), qui sert de corps de logis principal du CCA. Le jardin de sculptures (qui serait aussi appelé « Le Village Shaughnessy »?) se trouve au sud du boulevard René-Lévesque. Sa pièce maîtresse est une façade fragmentaire, qui rappelle l'existence de maisons disparues tout en reflétant très fidèlement la maison Shaughnessy. Il n'y a qu'à comparer la photo ci-dessus et celle ci-dessous...Cet élément baptisé l'Arcade n'est qu'un faux-semblant qui cache la partie la plus intéressante du petit parc, une esplanade qui surplombe le chemin de fer, l'autoroute et la basse-ville montréalaise, c'est-à-dire les débuts du quartier Saint-Henri, autrefois un village de tanneurs sur les bords du canal Lachine, puis une petite ville besogneuse reliée par chemin de fer au centre-ville, et aujourd'hui un des quartiers les plus authentiquement habités du centre-ville (et un des mieux desservis par le métro)... L'envers de l'Arcade révèle qu'il ne s'agit que d'une façade à la Potemkine, dont on a poussé la construction juste assez pour cacher le boulevard René-Lévesque, et une partie du CCA. Depuis l'Esplanade Ernest-Cormier, on ne voit plus que le haut de la Maison Shaughnessy, comme le montre la photo ci-dessous — un effet qui n'est pas inintéressant, d'ailleurs.Par contre, ce grand belvédère semé de gravillons est piqueté de Colonnes allégoriques censées évoquer l'histoire de la ville et de son architecture. Mais les sculptures sont parfois un tantinet énigmatiques : si on ne se donne pas la peine de se renseigner, que faut-il retenir de la paire ci-après? Un temple protestant et des silos portuaires? Une banque ou une place de la Bourse? À Montréal, tant les banques que l'ancienne Bourse ont adopté l'apparence des temples gréco-romains. Autrefois, les banques étaient nombreuses à investir dans une forme d'architecture qui rappelait les sanctuaires de l'Antiquité pour souligner leur souci de pérennité : peut-être qu'on n'aurait pas eu de crise financière si les banques anglo-américaines n'avaient pas abandonné cette préférence pour les édifices exprimant la plus grande durabilité possible dans notre civilisation... L'hésitation n'est pas de mise dans le cas de la colonne suivante, coiffée de ce qui pourrait être une maison de poupée, mais où on reconnaît d'emblée une maison comme on peut en voir plusieurs encore aujourd'hui à Montréal. En particulier, elle est dotée d'un escalier qui donne accès à l'étage principal sans empêcher les autres locataires d'accéder à l'appartement au rez-de-chaussée. À première vue, la sculpture superpose cette maison typique de la fin du dix-neuvième siècle avec une maison plus humble, surmontée d'une cheminée, que l'on peut associer sinon au Régime français du moins à l'architecture canadienne-française. Le message est clair : ceci a remplacé cela, mais ce n'est pas une raison pour oublier. Je me souviens...
Dans un genre plus ludique, la Colonne suivante porte un assortiment de formes métalliques dont émergent au moins deux poutrelles, la plus élevée servant de socle à une maisonnette qui fait plutôt penser à une dépendance, voire à une cabane de défricheur. Le reste de la sculpture est-il censé suggérer le renouveau de l'architecture qui a résulté des nouveaux procédés de fabrication de l'acier au dix-neuvième siècle? Quand il est devenu possible de produire de l'acier presque aussi facilement que de la fonte ou du fer forgé, les armatures et charpentes métalliques ont pu bénéficier des qualités de l'acier. C'est ce qui a permis de construire les premiers gratte-ciel, mais aussi d'améliorer la durabilité des rails de chemin de fer ou de concevoir des machines plus résistantes. En même temps, les atouts de l'acier permettaient d'élever des édifices plus audacieux... Mais que vient faire là-dedans la petite maisonnette au sommet de la sculpture? Et le piédestal a-t-il un sens particulier? Il rappelle par son apparence les façades des grands immeubles du centre-ville et la superposition des trois composantes (les façades, les poutres de la charpente, l'habitation réduite à sa plus simple expression) pourrait représenter une sorte d'effeuillage qui montre ce qu'il y a derrière une façade monumentale : des matériaux de construction et l'idée de base de l'abri... La dernière Colonne que j'ai prise en photo est particulièrement frappante au plan visuel. Quant à sa conception, elle pourrait s'interpréter de la même façon que la précédente puisqu'elle combine une façade (de style néo-classique), une structure (de pont, par exemple) et une simple chaise. J'ai quand mêmefini par visiter la galerie Quartier Libre. Comme l'indique le titre de l'exposition, l'artiste s'intéresse au cosmos, à la cosmologie et même à l'astronomie. Ses toiles ne sont ni purement figuratives ni entièrement abstraites. L'Amas de la Vierge, le Grand Attracteur, les comètes, la théorie des cordes et les « planètes vacantes » sont au nombre de ses sujets.
À quelques pas de la galerie, je suis tombé sur un édifice comme on en trouve parfois dans les parties de la ville où il fallait occuper les lots disponibles de la meilleure façon possible, même si cela donnait des résultats un peu surprenants... comme dans le cas de ce petit immeuble commercial, occupé par des logements à l'étage et par un commerce au rez-de-chaussée — du moins, je présume que cette grande devanture vitrée servait autrefois à un boutiquier quelconque. Mais cette photo permet de bien apprécier l'étroitesse de la façade sur la rue principale par rapport à la profondeur derrière, sur la rue latérale. Le cas est assez rare pour ne pas avoir convaincu Melvin Charney d'en faire le sujet d'une sculpture! La photo ci-après offre un point de vue légèrement différent et suggère, si on la compare à cette photo un peu plus ancienne de cette maison de 1910, que l'édifice a fait l'objet d'une rénovation au moins partielle. (En particulier, la vitrine semble avoir profité d'une réfection.) En tout cas, pour les amateurs d'architecture, l'ensemble vaut le détour au même titre que la maison Shaughnessy du CCA.
Dans un genre plus ludique, la Colonne suivante porte un assortiment de formes métalliques dont émergent au moins deux poutrelles, la plus élevée servant de socle à une maisonnette qui fait plutôt penser à une dépendance, voire à une cabane de défricheur. Le reste de la sculpture est-il censé suggérer le renouveau de l'architecture qui a résulté des nouveaux procédés de fabrication de l'acier au dix-neuvième siècle? Quand il est devenu possible de produire de l'acier presque aussi facilement que de la fonte ou du fer forgé, les armatures et charpentes métalliques ont pu bénéficier des qualités de l'acier. C'est ce qui a permis de construire les premiers gratte-ciel, mais aussi d'améliorer la durabilité des rails de chemin de fer ou de concevoir des machines plus résistantes. En même temps, les atouts de l'acier permettaient d'élever des édifices plus audacieux... Mais que vient faire là-dedans la petite maisonnette au sommet de la sculpture? Et le piédestal a-t-il un sens particulier? Il rappelle par son apparence les façades des grands immeubles du centre-ville et la superposition des trois composantes (les façades, les poutres de la charpente, l'habitation réduite à sa plus simple expression) pourrait représenter une sorte d'effeuillage qui montre ce qu'il y a derrière une façade monumentale : des matériaux de construction et l'idée de base de l'abri... La dernière Colonne que j'ai prise en photo est particulièrement frappante au plan visuel. Quant à sa conception, elle pourrait s'interpréter de la même façon que la précédente puisqu'elle combine une façade (de style néo-classique), une structure (de pont, par exemple) et une simple chaise. J'ai quand mêmefini par visiter la galerie Quartier Libre. Comme l'indique le titre de l'exposition, l'artiste s'intéresse au cosmos, à la cosmologie et même à l'astronomie. Ses toiles ne sont ni purement figuratives ni entièrement abstraites. L'Amas de la Vierge, le Grand Attracteur, les comètes, la théorie des cordes et les « planètes vacantes » sont au nombre de ses sujets.
À quelques pas de la galerie, je suis tombé sur un édifice comme on en trouve parfois dans les parties de la ville où il fallait occuper les lots disponibles de la meilleure façon possible, même si cela donnait des résultats un peu surprenants... comme dans le cas de ce petit immeuble commercial, occupé par des logements à l'étage et par un commerce au rez-de-chaussée — du moins, je présume que cette grande devanture vitrée servait autrefois à un boutiquier quelconque. Mais cette photo permet de bien apprécier l'étroitesse de la façade sur la rue principale par rapport à la profondeur derrière, sur la rue latérale. Le cas est assez rare pour ne pas avoir convaincu Melvin Charney d'en faire le sujet d'une sculpture! La photo ci-après offre un point de vue légèrement différent et suggère, si on la compare à cette photo un peu plus ancienne de cette maison de 1910, que l'édifice a fait l'objet d'une rénovation au moins partielle. (En particulier, la vitrine semble avoir profité d'une réfection.) En tout cas, pour les amateurs d'architecture, l'ensemble vaut le détour au même titre que la maison Shaughnessy du CCA.
Libellés : Arts, Montréal, Photographie
Comments:
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hmm, peut-être en juin o julliet.
le primaire pièce me rappelle comme j'ai imaginé le monde du tes livres sur Sous-Montreal, apres le retombée nucléaire.
"Après la réunion douloureusement matinale"
heh.
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le primaire pièce me rappelle comme j'ai imaginé le monde du tes livres sur Sous-Montreal, apres le retombée nucléaire.
"Après la réunion douloureusement matinale"
heh.
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