2009-04-19
Ballard, un monde noyé
Avec la mort de James G. Ballard (1930-2009), c'est tout un monde (et plusieurs univers) qui sombre sous la surface des eaux. La vie de Ballard lui avait permis de prévoir plus d'une forme d'engloutissement — je songe ici à sa description de la chute de Shanghaï dans Empire of the Sun (1984), un roman plutôt bien rendu au cinéma par Spielberg (malgré quelques touches de mièvrerie dont on auait pu se passer). Comme chez d'autres écrivains de science-fiction qui ont fait dès leur jeunesse l'expérience d'une certaine aliénation, mais à un degré beaucoup plus élevé, Ballard était conscient de la fragilité des choses que l'on tient pour acquises même si la force de l'habitude ne suffit pas à justifier leur existence... Certains de ses premiers romans avaient sans doute transcrit cette expérience sous une forme métaphorique, mais la sensibilité du véritable auteur de science-fiction ne se borne pas à l'évocation de l'instabilité des existences. Dans plusieurs romans de sa période tardive, dont Crash et Concrete Island (1974), Ballard braquait le regard d'un observateur désabusé et formidablement lucide sur les traits caractéristiques de notre civilisation moderne que nous faisons de notre mieux pour ignorer. De ce point de vue, l'histoire de Concrete Island, de ce naufragé contemporain sur un coin de terre isolé du reste du monde par des autoroutes et des bolides, est assez emblématique pour que j'en reproduise la couverture ici.
Sans surprise, Radio-Canada a mentionné la mort de Ballard en citant d'abord Empire of the Sun, puis Crash, avant d'admettre qu'il avait « également » été auteur de science-fiction (une étiquette que Ballard lui-même trouvait réductrice, mais pas au point de la renier, je crois). Mais comme j'ai fait de même, je ne leur lancerai pas la pierre. Mais je vais me commander Super-Cannes, que je n'avais pas encore lu, et je vais relire Vermilion Sands, un recueil qui m'a permis de passer par Vermilion Bay, Ontario, en imposant un vernis de science-fiction aux paysages visibles de la voiture...
Sans surprise, Radio-Canada a mentionné la mort de Ballard en citant d'abord Empire of the Sun, puis Crash, avant d'admettre qu'il avait « également » été auteur de science-fiction (une étiquette que Ballard lui-même trouvait réductrice, mais pas au point de la renier, je crois). Mais comme j'ai fait de même, je ne leur lancerai pas la pierre. Mais je vais me commander Super-Cannes, que je n'avais pas encore lu, et je vais relire Vermilion Sands, un recueil qui m'a permis de passer par Vermilion Bay, Ontario, en imposant un vernis de science-fiction aux paysages visibles de la voiture...
Libellés : Livres, Science-fiction