2009-01-04

 

Le nouvel opium du peuple

L'autre jour, un commentateur à la radio de Radio-Canada se lançait dans un grand sermon sur les souhaits du Nouvel An, qui incluaient autrefois le paradis à la fin de nos jours. Dorénavant, on désirerait plutôt le paradis avant la fin de nos jours.

C'est sans doute exact dans une société de plus en plus matérialiste, dont le souhait le plus cher devient souvent la retraite à la fin de nos jours. En témoigne ce que l'on pourrait appeler l'industrie de l'âge d'or : régimes de retraite, pensions privées et publiques, publicité donnée aux précautions à prendre pour se ménager une retraite agréable, promesse implicite d'une retraite dorée et stimulante pour les travailleurs, voyages organisés et activités nombreuses pour les retraités... Le paradis nous attend désormais au bout d'une vie de travail.

Mais est-ce encore le cas? L'effondrement boursier a déjà entamé les épargnes de quelques-uns et réduit les rentes espérées. De plus, des emplois devenus excessivement accaparants — la faute au dégraissage des hiérarchies, aux nouvelles technologies et au souci incessant de la productivité (motivé par des revendications salariales toujours renouvelées) — risquent d'accoucher d'une génération épuisée, en plus ou moins bonne santé. Bref, d'une génération usée et pas toujours capable de profiter autant de la retraite que les générations précédentes, qui ont bénéficié de départs anticipés, de conditions de travail moins exigeantes et de retraites pas encore écornées par les crises successives.

Que va-t-il se passer? On a fait marcher toute une génération à la baguette (métro, boulot, dodo, votez pour les baisses d'impôt!) en lui promettant une retraite à la hauteur. Que se passera-t-il si le paradis de la nouvelle religion de la consommation jusqu'à la fin ne remplit pas ses promesses?

On peut imaginer que les nouvelles générations qu'on veut faire payer pour les retraites des aînés, même si elles ne sont pas assez nombreuses pour le faire aussi facilement qu'autrefois, se montreront plus que rétives si elles constatent que le jeu n'en vaut pas la chandelle...

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