2008-12-05
Le yin et le yang
L'affrontement des deux Stéphane est franchement cosmique. Les polarités sont rarement aussi opposées que dans le choc de Stephen Harper et Stéphane Dion. Ils incarnent à un degré rarement vu la complémentarité du yin et du yang. L'émotion et la froideur. La franchise et le calcul. La compassion et l'égoïsme bien compris.
Autrement dit, ce sont deux facettes du caractère national qui s'affrontent et l'issue du conflit pourrait déterminer l'allure de la politique nationale pour un bon moment. La position de Harper est à la fois très forte et très vulnérable; il a remporté l'élection et il incarne la légitimité du pouvoir. En revanche, Dion doit s'appuyer sur la seule expression de la volonté populaire qui a réparti ses voix de manière à accorder aux partis de l'opposition la majorité des sièges et des votes. En principe, la volonté populaire est le fondement de la démocratie, mais le système britannique matérialise encore aujourd'hui la tension entre le pouvoir régalien brut de la Couronne, dont Stephen Harper est le serviteur et le bras armé, et le pouvoir latent du peuple, dont le Parlement est à la fois l'arène et le carcan. C'est dans le cadre de cette tension perpétuelle que le Parlement est une institution potentiellement révolutionnaire, comme on l'a vu à quelques reprises dans l'histoire des institutions parlementaires, mais c'est aussi le défi pour un chef de l'opposition — incarner la révolution inspire toujours plus de méfiance qu'incarner le statu quo, et il serait préférable de pouvoir convaincre le peuple du bien-fondé de son opposition. Dion le pourra-t-il?
Autrement dit, ce sont deux facettes du caractère national qui s'affrontent et l'issue du conflit pourrait déterminer l'allure de la politique nationale pour un bon moment. La position de Harper est à la fois très forte et très vulnérable; il a remporté l'élection et il incarne la légitimité du pouvoir. En revanche, Dion doit s'appuyer sur la seule expression de la volonté populaire qui a réparti ses voix de manière à accorder aux partis de l'opposition la majorité des sièges et des votes. En principe, la volonté populaire est le fondement de la démocratie, mais le système britannique matérialise encore aujourd'hui la tension entre le pouvoir régalien brut de la Couronne, dont Stephen Harper est le serviteur et le bras armé, et le pouvoir latent du peuple, dont le Parlement est à la fois l'arène et le carcan. C'est dans le cadre de cette tension perpétuelle que le Parlement est une institution potentiellement révolutionnaire, comme on l'a vu à quelques reprises dans l'histoire des institutions parlementaires, mais c'est aussi le défi pour un chef de l'opposition — incarner la révolution inspire toujours plus de méfiance qu'incarner le statu quo, et il serait préférable de pouvoir convaincre le peuple du bien-fondé de son opposition. Dion le pourra-t-il?