2008-09-02

 

Virée en Estrie

Il faisait si beau que je n'ai pas dit non hier à un après-midi sur les routes de l'Estrie. Grâce à πR et Astrodan, j'ai pu me faire voiturer. Premier arrêt : Frelighsburg, au pays de la pomme.Classé parmi les plus beaux villages du Québec, il conserve de son passé loyaliste quelques beaux morceaux — mais nettement moins de son passé abénaqui, à l'exception d'une petite exposition d'art autochtone. L'ancienne école accueille maintenant le bureau de tourisme et un centre d'art actuellement consacré à une exposition de Raôul Duguay. Cette vieille Grammar School qui a perdu ses pignons (mais gardé un petit clocher sans cloche) est visible dans la photo ci-dessus. L'église du village n'est pas trop laide non plus et reste dans le même ton, usage de briques rouges et architecture géorgienne. Néanmoins, Frelighsburg vaut surtout par son cadre de collines boisées; les maisons proprettes et les gîtes peuvent rappeler les villages de la Nouvelle-Angleterre ou même les petites villes loyalistes de l'Ontario, mais leur hétérogénéité empêche l'ensemble d'accéder à ce qui serait un véritable dépaysement et un authentique effet esthétique. J'ai été un peu moins impressionné que je ne m'y attendais, tellement j'ai entendu parler des décors enchanteurs des Cantons de l'Est! Hormis quelques excursions à Orford, Magog et Sherbrooke, je n'avais jamais eu l'occasion de suivre le chemin des écoliers par monts et par vaux... Mais je me souviendrai longtemps d'une nouvelle découverte culinaire à Frelighsburg : la crème glacée molle avec coulis de vrai sirop d'érable. Un délice!Cela dit, quand la route passe devant les vergers de la région et ouvre des perspectives sur les Montagnes Vertes qui ont donné leur nom au Vermont, à quelques kilomètres au sud à peine, on respire mieux qu'à Montréal. La photo ci-dessus, prise de la route à la sortie de Frelighsburg, après un arrêt pour déguster du cidre de glace chez un producteur local, montre ces montagnes au loin. On respire mieux aussi en arrivant au bord du lac Memphrémagog. Au détour d'une petite route est apparu un mouillage de bateaux de plaisance, au bout d'une étroite jetée en béton qui accueillait un pêcheur ou deux. À l'arrière-plan, les collines boisées cachent bien leur secret : la présence de nombreuses résidences secondaires plus ou moins cossues, et la proximité de la ville de Magog. On se croirait en pleine nature et c'est pourtant une banlieue d'Outremont...

L'arrêt suivant du pélerinage, c'était naturellement le monastère de Saint-Benoît-du-Lac. Contrairement aux fondations monastiques des vieux pays, l'abbaye est très récente et ne remonte qu'à 1912. L'architecture (néo-romane?) du lieu et le style (parfois moderne) de l'ornementation l'attestent. Nous sommes loin d'une version canadienne du monastère du Nom de la Rose — même si une rose s'épanouissait non loin d'une chapelle un peu à l'écart... Ironiquement, pour beaucoup de Montréalais, l'abbaye est devenue une destination touristique où on s'arrête autant pour faire quelques emplettes (cidre, chocolat des Trappistes, produits du terroir) à la boutique que pour goûter le silence recueilli des lieux ou assister à la messe! On peut faire la cueillette de pommes dans le verger, pique-niquer sur une pente qui domine le lac Memphrémagog ou tout simplement se promener sur les petits chemins. Même si la foi n'y est plus et même si cela se trouve dans une région autrefois anglophone, c'est un rituel qui s'insère naturellement dans les habitudes des Québécois francophones, et peut-être plus difficilement dans les loisirs des nouveaux immigrants. D'ailleurs, il me semble qu'il y a vingt ans à peine, des groupes de jeunes organisaient encore (entre autres, à l'Université d'Ottawa) des pèlerinages à pied, de Magog à l'abbaye, à l'instar du pèlerinage de Chartres pour la Pentecôte chaque année. Cela s'est-il perdu? Moi qui suis passé par Chartres à pied en 1990, je sais combien la marche donne du prix aux découvertes que l'on fait en chemin, ou à l'arrivée. Un vitrail comme celui qui surmonte l'entrée de la chapelle retient l'attention du pélerin quand il n'attire pas le regard du visiteur de passage en voiture...Nous avons mangé à Magog (du cerf, dans mon cas) avant de revenir à Montréal. Un peu trop tard pour le travail, car le service n'avait pas été rapide au restau...

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