2008-08-26

 

Les vrais bilans olympiques

Comme d'habitude, j'ai suivi les Jeux olympiques, mais de façon de plus en plus lointaine. Peut-être en raison du décalage horaire ou de l'absence de télé chez moi. Mais plus probablement parce qu'il est de plus en plus évident que les Jeux olympiques confirment que l'économie et la loi des grands nombres priment sur le reste.

Les pays les plus peuplés qui consacrent le plus de moyens (financiers ou autres) à leurs programmes sportifs (en favorisant l'élite) remportent le plus de médailles. Ce n'est franchement pas plus compliqué que ça. Même si, de temps en temps, un petit pays peut surprendre, comme dans le cas de la Jamaïque, portée cette année par un athlète exceptionnel, Usain Bolt (un peu l'équivalent du Mulet chez Asimov), la loi des moyennes les rattrapent tôt ou tard. Et même la Jamaïque comptait au total moins de médailles que le Canada, tout en ayant deux fois plus de médailles d'or que le Canada.

Comme on l'a souvent fait remarquer, toutefois, la performance canadienne (une dix-neuvième place cette année) a meilleur air si on inclut les résultats des Jeux d'hiver. Pour voir, j'ai donc additionné les médailles des Jeux de Turin en 2006 et des Jeux de Pékin en 2008. Le classement final selon la somme des médailles pour les deux, en tenant compte de la couleur des médailles, hisse le Canada en neuvième place. Le tableau des vingt premiers a l'air de ceci :
Les quatre pays au sommet du tableau sont les grandes puissances du monde; il ne manque vraiment que l'Inde et le Japon. Viennent ensuite les pays industrialisés qui comptent de 15 à 60 millions d'habitants environ — à la fois riches et peuplés, donc. Ceux-ci sont sans doute départagés en partie par les moyens consacrés aux sports amateurs. Si on se réfère aux chiffres du Globe and Mail, qui ne précise pas toujours s'ils s'appliquent aux sports d'été et d'hiver, on apprend que les Australiens dépenseraient 250 millions de dollars par année sur les sports olympiques, les Britanniques 195 millions de dollars et les Canadiens 166 millions de dollars en 2008-2009. Si la Grande-Bretagne surpasse l'Australie avec un budget plus mince (mais une population plus grande), le Canada traîne derrière, comme on s'y attendrait — moins peuplé que la Grande-Bretagne et moins généreux que l'Australie.

En revanche, les performances surprenantes de petits pays (8-9 millions d'habitants) comme l'Autriche, la Suède et la Suisse s'expliquent probablement par une culture sportive particulièrement développée dans le cas des sports d'hiver. La performance de pays encore moins peuplés, comme la Jamaïque et la Norvège, est exceptionnelle, mais elle s'explique aussi par une excellence sportive très ciblée, soit en patinage soit sur la piste. La présence du Kenya, de loin le plus pauvre de tous ces pays, témoigne également de ce phénomène.

Conclusion? Si on veut savoir où le Canada finira, on n'a qu'à comparer sa population, ses revenus par habitant et son budget sportif aux chiffres correspondants des autres prix. Ce qui ôte un certain suspense au spectacle...

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Comments:
Bonjour,
Je suis tombé sur un article il y a peu. Une étude sur le sujet à donné une formule avec comme critères évidemment le nombre d'habitants et le PIB par habitant, mais également l'existence et l'importance d'un programme national pour le sport de haut-niveau (détection et aides), le fait de recevoir (la "prime" au pays receveur, indéniable dès lors qu'il y a jugement humain, que cela s'applique à une note artistique ou à l'attribution d'un point), et quelques autres petits points dont je ne me souviens plus.

A noter qu'il faut de toutes façons se baser sur un classement au nombre de médailles or, argent, bronze confondus (à la façon américaine), et non au classement du CIO, qui favorise les cas particuliers et fait donc émerger de petits pays sur la seule présence d'une ou deux "exceptions" (Bolt, Bekele + Dibaba). En tenant compte du nombre de "podium" (ce serait probablement encore plus fiable en prenant le nombre de "finalistes"), Jamaïque et Kenya disparaissent des 20 premiers, et ton classement (en complétant avec Belarus et surtout Cuba - il en manque surement d'autres) ressemblerait à ceci :

USA 135

Chine 111
Russie 94

Allemagne 70

France 49
GB 48
Australie 48

Canada 42
Corée du sud 42
Italie 39

Ukraine 29
Norvège 29
Japon 26
Autriche 26
Pays-Bas 25
Cuba 24
Suisse 20
Belarus 19
Suède 19
Espagne 18

Qui semble finalement encore plus logique.
 
Oui, je suis au courant d'articles sur le sujet, mais j'avoue que je n'ai pas poussé la curiosité jusqu'à les consulter. J'étais surtout curieux de voir ce que je pouvais obtenir en mettant quelques données dans un tableur.

À première vue, ta liste correspond à mes données (pas de nouveau pays gravissant quelques rangs dans le classement), comme quoi le classement du CIO ne fausse pas à ce point la présence des pays dans les 20 premiers même s'il affecte le classement.

En revanche, on pourrait soutenir qu'un classement purement quantitatif sous-estime la différence entre l'or et le bronze. Certes, dans une épreuve ponctuelle, la différence est parfois infime, mais, quand on accumule les épreuves, 20 médailles d'or plutôt que 20 médailles de bronze, ce n'est plus entièrement le fruit du hasard.

Par conséquent, on peut aussi tenter un classement pondéré, en donnant trois points à l'or, deux à l'argent et un au bronze. Du coup, le classement change un peu pour les 2 derniers Jeux olympiques :

États-Unis (272)
Chine (242)
Russie (183)
Allemagne (146)
Grande-Bretagne (100)
Australie (93)
Corée du sud (93)
France (87)
Canada (81)
Italie (75)
Norvège (52)
Japon (52)
Autriche (52)
Pays-Bas (52)
Ukraine (48)
Cuba (39)
Suède (39)
Suisse (38)
Espagne (38)
Belarus (34)

Le Kenya et la Jamaïque apparaissent ensuite. On remarquera que la France précède désormais le Canada (cocorico!). Mais les petits pays sportifs (Norvège, Autriche, Suède, Suisse, Cuba) restent bien classés.

Cela dit, même si on peut déjà dégager ainsi l'importance de la richesse et de taille des pays, l'inclusion de deux Jeux olympiques seulement accentue les effets à court terme (retombées du financement pré-olympique de la Chine pour 2008, de l'Australie pour 2000, de la Grande-Bretagne pour 2012 et du Canada pour 2010; l'Italie a fait un effort pour 2006, mais il n'est pas évident). Inversement, en incluant plus de Jeux olympiques, on estomperait les effets des variations du financement et on verrait mieux les effets étudiés par d'autres (PIB, population, etc.).
 
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