2008-06-23

 

Vers la déchéance anglaise?

La semaine dernière, un article du Independent révélait à quel point les chargés de cours des universités britanniques ressentaient la pression de leurs supérieurs qui tenaient à conserver dans les salles de classe des étudiants payants, parfois venus de l'étranger, ou qui tenaient à voir leur établissement figurer dans les palmarès des universités. Or, comme les palmarès britanniques carburent au rendement des étudiants, il n'était pas question pour ces chargés de cours de décerner des notes trop sévères ou d'exclure des étudiants pour plagiat. (On peut toutefois comprendre les errements de certains étudiants étrangers si on comprend mieux le système dont sortent certains d'entre eux.)

Un anonyme issu des mêmes rangs du côté des États-Unis exprimait récemment un avis semblable sur les étudiants qui aboutissent dans les salles de classe dans ce pays, qui ne sont peut-être pas à leur place, mais que le système empêche d'exclure sous peine de voir tout l'édifice s'effondrer... Un essai également anonyme paru dans The Atlantic aux États-Unis est de la même eau (au point où on se demande si l'auteur est le même). Au Canada, inspirée par le blogue de Marc Bousquet, Anne Galloway de l'Université Carleton s'intéresse pour sa part à la condition des étudiants diplômés, corvéables à merci dans le meilleur des cas... quand ils ne sont pas tout simplement jetables, voire excrétables.

L'anonymité de la plupart de ces interventions souligne la précarité de la condition des chargés de cours qui donnent parfois plus de la moitié des cours dans les universités que je connais, mais qui ne jouissent de pratiquement aucune sécurité d'emploi. Ils sont donc particulièrement exposés aux pressions de la hiérarchie, qui, d'après ce que j'ai vu, sera rarement encline à soutenir un professeur qui tente de faire respecter les standards minimaux en matière de qualité et d'intégrité du travail étudiant. Et encore, comme je suis un homme d'un certain âge, je n'ai senti qu'une seule fois qu'on tentait de m'intimider alors qu'Anne Galloway se plaint de plusieurs cas. (Mais on a déjà essayé de m'acheter.)

Bref, j'ai l'impression que certaines universités canadiennes sont sur une pente glissante, qui pourrait les conduire à la déchéance de leurs semblables aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Certains des facteurs sont les mêmes : afflux d'étudiants étrangers, ouverture à des étudiants que l'aventure universitaire intéresse uniquement du point de vue du diplôme à décrocher, recours à des professeurs à temps partiel sous-payés... Mais s'il doit y avoir redressement, je me demande bien qui seront les redresseurs, car ils se cachent bien pour l'instant. Non, décidément, dans mon coin de pays, il n'y a pas de justiciers à l'horizon.

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