2008-06-27
Un ancêtre du réseau?
À la suite de la parution d'un article dans The New York Times le 17 juin dernier, j'ai découvert le Mundaneum de Mons, en Belgique. Bien avant que Vannevar Bush signe son essai « As We May Think » dans The Atlantic en juillet 1945, le Belge Paul Otlet (1868-1944) avait imaginé quelque chose comme un réseau de machines permettant d'accéder de loin à l'informaton et il aurait même pressenti le concept de l'hyperlien documenté permettant de relier deux ouvrages. Paul Otlet n'est-il pas d'ailleurs un des fondateurs des standards bibliographiques modernes? En 1935, dans un essai intitulé Monde : essai d'universalisme, il écrivait :
« L'homme n'aurait plus besoin de documentation s'il était assimilé à un être devenu omniscient, à la manière de Dieu même. À un degré moins ultime serait créée une instrumentation agissant à distance qui combinerait à la fois la radio, les rayons Röntgen, le cinéma et la photographie microscopique. Toutes les choses de l'univers, et toutes celles de l'homme seraient enregistrées à distance à mesure qu'elles se produiraient. Ainsi serait établie l'image mouvante du monde, sa mémoire, son véritable double. Chacun à distance pourrait lire le passage lequel, agrandi et limité au sujet désiré, viendrait se projeter sur l'écran individuel. Ainsi, chacun dans son fauteuil pourrait contempler la création, en son entier ou en certaines de ses parties. »
De concert avec Henri La Fontaine (1854-1943, Prix Nobel de la Paix en 1913), Otlet avait mis au point une Classification Décimale Universelle et œuvré pour la fondation du Mundaneum, conçu à l'origine comme un centre de documentation à caractère universel. L'institution avait bénéficié d'un certain soutien belge dans l'espoir que la Belgique finirait par attirer des éléments de la Société des Nations durant l'entre-deux-guerres. Otlet avait fini par imaginer une Cité Mondiale du savoir et de la connaissance pour laquelle Le Corbusier aurait réalisé des plans et maquettes. Il s'agissait pour la Cité de rassembler, à un degré mondial, des grandes institutions consacrées au travail intellectuel : bibliothèques, musées et universités.
On en saura plus en lisant le livre de Françoise Levie, L'Homme qui voulait classer le monde (Prix du Parlement de la Communauté française de Belgique 2007).
Le destin d'Otlet rappelle à point l'Europe s'est sabordée entre 1914 et 1945, sombrant dans une seconde Guerre de Trente Ans qui a anéanti des décennies de capital intellectuel accumulé et d'utopies louables au nom du nationalisme, du militarisme et des traditions. Si les États-Unis ont pris le relais, presque à leur corps défendant, c'est beaucoup par défaut... en attendant de succomber aux mêmes maux, si ce n'est déjà fait.
« L'homme n'aurait plus besoin de documentation s'il était assimilé à un être devenu omniscient, à la manière de Dieu même. À un degré moins ultime serait créée une instrumentation agissant à distance qui combinerait à la fois la radio, les rayons Röntgen, le cinéma et la photographie microscopique. Toutes les choses de l'univers, et toutes celles de l'homme seraient enregistrées à distance à mesure qu'elles se produiraient. Ainsi serait établie l'image mouvante du monde, sa mémoire, son véritable double. Chacun à distance pourrait lire le passage lequel, agrandi et limité au sujet désiré, viendrait se projeter sur l'écran individuel. Ainsi, chacun dans son fauteuil pourrait contempler la création, en son entier ou en certaines de ses parties. »
De concert avec Henri La Fontaine (1854-1943, Prix Nobel de la Paix en 1913), Otlet avait mis au point une Classification Décimale Universelle et œuvré pour la fondation du Mundaneum, conçu à l'origine comme un centre de documentation à caractère universel. L'institution avait bénéficié d'un certain soutien belge dans l'espoir que la Belgique finirait par attirer des éléments de la Société des Nations durant l'entre-deux-guerres. Otlet avait fini par imaginer une Cité Mondiale du savoir et de la connaissance pour laquelle Le Corbusier aurait réalisé des plans et maquettes. Il s'agissait pour la Cité de rassembler, à un degré mondial, des grandes institutions consacrées au travail intellectuel : bibliothèques, musées et universités.
On en saura plus en lisant le livre de Françoise Levie, L'Homme qui voulait classer le monde (Prix du Parlement de la Communauté française de Belgique 2007).
Le destin d'Otlet rappelle à point l'Europe s'est sabordée entre 1914 et 1945, sombrant dans une seconde Guerre de Trente Ans qui a anéanti des décennies de capital intellectuel accumulé et d'utopies louables au nom du nationalisme, du militarisme et des traditions. Si les États-Unis ont pris le relais, presque à leur corps défendant, c'est beaucoup par défaut... en attendant de succomber aux mêmes maux, si ce n'est déjà fait.
Libellés : Histoire, Technologie