2008-05-23

 

Tourner en rond, ou non

Le dernier Indiana Jones boucle la boucle, et de plus d'une façon. Lucas et Spielberg ont saupoudré le film d'allusions visuelles (le logo de la Paramount s'effrite au début et à la fin du film) et de rappels de films précédents. Cette dernière aventure du héros vieillissant m'a rappelé cet album de Tintin qui avait longtemps été le dernier qui apparaissait sur les couvertures arrière des autres albums, Vol 714 pour Sydney. On retrouve la même convocation de personnages du passé et le mouvement circulaire d'une soucoupe volante illustre parfaitement le tournoiement de la narration qui revient sans cesse du passé au présent, et vice-versa. Il y a comme un désir de transcendance, qu'il soit symbolisé par des extraterrestres ou des visiteurs d'une autre dimension, mais les mortels n'ont pas le droit de voir ce qui les dépasse. Tout comme dans le premier film, les yeux ne peuvent pas le supporter (fantasme de cinéastes?) et les globes oculaires se désintègrent. Il y a des connaissances réservées aux seuls dieux... Le message est plus pessimiste que dans Close Encounters of the Third Kind, et il justifierait les accusations de conservatisme portées à l'endroit de Lucas par plusieurs auteurs de sf déjà rebutés par le néo-féodalisme et le providentialisme messianique de Star Wars.

Le film lui-même m'a semblé s'essouffler dans sa seconde partie, quand il aboutit dans la jungle trop familière d'innombrables récits d'aventures. La première partie du film jouait beaucoup plus habilement avec les clichés, avec l'âge du professeur Jones et avec des éléments de la culture de l'année 1957. Même la tombe péruvienne avait plus d'atmosphère que les ruines d'Akakor en Amazonie, que le film assimile à celles du royaume d'El Dorado. Dans la jungle, ce sont des périls éculés (sables mouvants, fourmis, chutes d'eau) qui ponctuent les poursuites et les bagarres. Et la cité précolombienne dont l'entrée se cache derrière une chute d'eau rappelle, tiens, encore Tintin et son Temple du Soleil... Bref, ce dernier Indiana Jones récapitule tout un pan de la culture du vingtième siècle, jusque dans ses excentricités (soucoupistes) les plus discutables, avec le détachement rendu possible par sa production au vingt-et-unième siècle.

Pour l'instant, on ne peut que rêver à ce que le vingt-deuxième siècle retiendra de la culture du vingt-et-unième...

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