2007-10-31

 

Science-fiction baconienne

On associe plus souvent le moine franciscain Roger Bacon à certaines formes de futurisme technologique. Même Umberto Eco, dans Le Nom de la rose, avait succombé à cette vénérable tradition, qui est pourtant tout à fait erronée puisque le Franciscain affirmait noir sur blanc que les merveilles de la technique dont il parlait remontaient à l'Antiquité.

De Francis Bacon (1561-1626), on connaît La Nouvelle Atlantide (1624-1626) comme ouvrage proche de la science-fiction ou de l'utopie. Mais ses écrits les plus sérieux n'étaient jamais très éloignés des attitudes et des idées qui sont encore aujourd'hui chéries des amateurs et des auteurs de science-fiction. Dans son essai De la dignité et de l'accroissement des sciences, qui remonte à 1605, il note au passage : « On a inventé les lunettes pour aider les vues faibles; ne pourrait-on pas imaginer quelque instrument qui, appliqué aux oreilles des personnes un peu sourdes, les aidât de même à entendre? » Sans doute songe-t-il confusément à quelque chose qui se rapprocherait plus de la trompette de Tryphon Tournesol dans Tintin que de l'implant cochléaire.

Sa description de la créativité d'un petit groupe animé par l'émulation les uns des autres pourrait s'adapter aux milieux créatifs de la science-fiction : « rien ne serait plus capable de produire une sorte de pluie d'inventions utiles, et, qui plus est, neuves et comme envoyées du ciel, que de faire des dispositions telles que les expériences d'un grand nombre d'arts vinssent à la connaissance d'un seul homme, ou d'un petit nombre d'hommes qui, par leurs entretiens, s'exciteraient mutuellement et se donneraient des idées, afin qu'à l'aide de cette expérience guidée dont nous parlons ici, les arts pussent se fomenter, et, pour ainsi dire, s'allumer réciproquement, par le mélange de leurs rayons. Car, bien que la méthode rationnelle du nouvel Organum promette de plus grandes choses, cependant, à l'idée de la sagacité qui s'exerce par le moyen de l'expérience guidée, on pourrait saisir une infinité de choses qui se trouveraient plus à portée pour les jeter au genre humain, à peu près comme ces présents de toute espèce que, chez les anciens, on jetait à la multitude. »

J'avoue que j'aime bien cette image de la science-fiction en empereur romain jetant de l'or à profusion aux foules rassemblées...

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