2007-07-31

 

L'Irak et les statistiques

Dans la presse d'aujourd'hui, on trouve une dépêche de l'Associated Press qui claironne à plusieurs reprises que le total des pertes étatsuniennes (plus particulièrement, les 75 morts rapportées au dernier décompte) en Irak en juillet est le plus bas depuis huit mois. Le commandant en second exprime un optimisme prudent, mais il déclare qu'il faudrait attendre avant de confirmer la réalité de la tendance. Comme quoi il est plus intelligent que les journalistes responsables de la dépêche : en Irak, contrairement à ce qui se passe en Afghanistan, l'été n'a jamais été la saison de prédilection de la résistance. La chaleur est brutale dans ce pays et les insurgés, qui sont des humains comme les autres, semblent réduire leurs activités (ou ce sont les soldats étatsuniens qui s'exposent moins aux coups). On peut faire de ce total de 75 morts une statistique encourageante en comparant ce total à un total antérieur à l'augmentation des troupes. Ou on pourrait souligner que c'est le mois de juillet le plus meurtrier jusqu'à maintenant pour les soldats étatsuniens...

Or, revenons aux données disponibles sur les pertes mensuelles des États-Unis en Irak. Je m'en suis déjà servi pour illustrer en même temps l'évolution des effectifs étatsuniens et l'évolution du nombre de morts. Par contre, on peut aussi examiner l'évolution du nombre de morts dans le courant d'une année afin de voir s'il se dégage un effet saisonnier.Dans la figure ci-dessus, on voit bien qu'en général, l'été et, en particulier, le mois de juillet sont moins meurtriers que les autres moments de l'année. Pour toutes les années sauf 2005, qui est caractérisée par des hauts et des bas (dont un minimum en juillet...), l'été est marquée par une décrue relative des pertes. Si j'avais le temps, je calculerais la moyenne pour chaque mois... tiens, je l'ai fait dans la figure ci-dessous et j'en ai profite pour ajouter au total de juillet le décès supplémentaire annoncé par la dépêche d'Associated Press... La tendance en noir est assez parlante et permet de relativiser le spin médiatique.

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Comments:
Il est troublant de constater que ce genre d'analyse se retrouve sur internet et non plus dans la presse dite MSM.
Cette dernière s'inquiète, avec raison, de la concurrence du net, mais face au conformisme, à la recherche systématique du scoop et à l'absence d'analyse de la presse traditionnelle, pas étonnant que beaucoup se tourne vers des sources d'informations alternatives, avec tous les risques que cela comporte.
 
Dans la presse que je lis, il reste de bons journalistes, ou plutôt je crois qu'on parle ici d'analystes, mais ils sont malheureusement submergés sous le nombre des vendus, des dupes et, bien sûr, des paresseux qui se contentent de colliger quelques dépêches, d'assister à des conférences de presse et de recueillir quelques commentaires pour trousser un article rapide.

Si les bons journalistes passaient leur temps à corriger les erreurs des autres, ils n'auraient plus le temps de rien faire!

Je ne sais pas si la blogosphère y peut quelque chose. Il faut être un peu journaliste manqué, comme moi, pour aller chercher l'info ou pour survoler la blogosphère afin de trouver les pépites. Moi-même, je veux bien aller chercher l'info brute et tenter de dégager quelque chose qui s'approcherait de la vérité... mais j'ai rarement le temps et la patience qu'il faudrait pour passer la blogosphère au crible.
 
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