2007-06-17
Lettres amphibologiques
Dans Le maître des bourrasques de Laurent McAllister, le personnage principal reçoit une lettre dont il faut lire une ligne sur deux. Le genre est bien connu, entre autres par une correspondance apocryphe entre Georges Sand et Alfred de Musset, encore que les sources divergent sur les acrostiches. Le canular remonterait aux années entre 1870 et 1915, ce qui n'est pas inintéressant puisque j'ai trouvé mon inspiration pour la lettre dans Le maître des bourrasques dans un numéro de la revue française La Nature paru entre 1872 et 1890 approximativement. De mémoire, l'exemple donné tenait de la lettre d'amour à faire passer sous le nez d'un père jaloux. Aurait-il inspiré aussi l'auteur du canular dont Sand est la victime?
Un autre exemple est donné dans le journal des étudiants du Petit Séminaire de Québec, L'Abeille. Dans le numéro du 10 juillet 1851, on reproduit une lettre amphibologique, attribuée à Mme de Saint-André, qui aurait communiqué ainsi avec Louis de Bourbon, prince de Condé, emprisonné après l'échec de la conjuration d'Amboise en 1560. Cela donne ceci :
« Croyez-moi, Prince, préparez-vous à
la mort : aussi bien vous sied-il mal de
vous défendre. Qui veut vous perdre est
ami de l'État. On ne peut rien voir de
plus coupable que vous. Ceux qui
par un véritable zèle pour le Roi
vous ont rendu si criminel, étoient
honnêtes gens et incapables d'être
subornés. Je prends trop d'intérêt à
tous les maux que vous avez faits en
votre vie pour vouloir vous taire
que l'arrest de votre mort n'est plus
un si grand secret. Les scélérats,
car c'est ainsi que vous nommez ceux
qui ont osé vous accuser, méritaient
aussi justement récompense, que vous
la mort qu'on vous prépare, votre seul
entêtement vous persuade que votre seul
mérite vous a fait des ennemis,
et que ce ne sont pas vos crimes
qui causent votre disgrâce. Niez
avec votre effronterie accoutumée
que vous ayez eu aucune part à
tous les criminels projets de
la conjuration d'Amboise. Il n'est pas,
comme vous vous l'êtes imaginé, im-
possible de vous en convaincre : à
tout hasard recommandez-vous à
Dieu. »
Avec quelques développements supplémentaires, la lettre citée par L'Abeille sera reprise dans L'Opinion publique le 18 juin 1874. Comme quoi, rien ne se perd...
Un autre exemple est donné dans le journal des étudiants du Petit Séminaire de Québec, L'Abeille. Dans le numéro du 10 juillet 1851, on reproduit une lettre amphibologique, attribuée à Mme de Saint-André, qui aurait communiqué ainsi avec Louis de Bourbon, prince de Condé, emprisonné après l'échec de la conjuration d'Amboise en 1560. Cela donne ceci :
« Croyez-moi, Prince, préparez-vous à
la mort : aussi bien vous sied-il mal de
vous défendre. Qui veut vous perdre est
ami de l'État. On ne peut rien voir de
plus coupable que vous. Ceux qui
par un véritable zèle pour le Roi
vous ont rendu si criminel, étoient
honnêtes gens et incapables d'être
subornés. Je prends trop d'intérêt à
tous les maux que vous avez faits en
votre vie pour vouloir vous taire
que l'arrest de votre mort n'est plus
un si grand secret. Les scélérats,
car c'est ainsi que vous nommez ceux
qui ont osé vous accuser, méritaient
aussi justement récompense, que vous
la mort qu'on vous prépare, votre seul
entêtement vous persuade que votre seul
mérite vous a fait des ennemis,
et que ce ne sont pas vos crimes
qui causent votre disgrâce. Niez
avec votre effronterie accoutumée
que vous ayez eu aucune part à
tous les criminels projets de
la conjuration d'Amboise. Il n'est pas,
comme vous vous l'êtes imaginé, im-
possible de vous en convaincre : à
tout hasard recommandez-vous à
Dieu. »
Avec quelques développements supplémentaires, la lettre citée par L'Abeille sera reprise dans L'Opinion publique le 18 juin 1874. Comme quoi, rien ne se perd...
Libellés : Arts, Culture, Histoire