2007-03-24

 

Si les journalistes savaient compter...

L'émission « Pensée libre » demandait cette semaine à quoi servent les mathématiques. Dans le Voir de Montréal, Parenteau nous fournit la réponse : à éviter de dire des bêtises.

Dans une chronique sur le factice déséquilibre fiscal, il vantait le transfert de points d'impôt au lieu d'une amélioration des paiements directs pour favoriser la démarche indépendantiste. Oublions le fait que ceci se traduirait par de moindres rentrées d'argent, et donc moins d'argent pour les pauvres, les personnes malades, l'environnement, ec. Il est bien connu que les idéologues font passer l'intérêt d'une cause avant les bénéfices tangibles.

C'est le paragraphe final qui illustre le mieux l'aveuglement idéologique de Parenteau, ou peut-être son ignorance des mathématiques:

« Mais le plus beau pour Harper, là-dedans, c'est que si le Québec se met à péter le feu économiquement, il ne recevra plus de paiements de péréquation, il en donnera! Tout ça donne du poids à une des rares bonnes idées de Mario Dumont : que le gouvernement du Québec soit le seul à percevoir des impôts sur son territoire et qu'il envoie ensuite à Ottawa ce qui lui revient pour œuvrer dans ses champs de compétence. Autrement dit, renverser le courant de l'argent. »

Tout d'abord, commençons par cette étrange association d'idées. Parenteau semble laisser entendre que si le Québec percevait tous les impôts sur son territoire avant d'envoyer à Ottawa la part requise pour les programmes fédéraux, il n'aurait pas à verser de péréquation. Parenteau s'imagine-t-il que la péréquation correspond à des chèques écrits en Alberta ou en Ontario et encaissés au Québec? C'est un programme fédéral dont le financement sort de la caisse commune. Dans la mesure où les provinces moins riches en profitent alors que les plus riches ne reçoivent rien, on peut dire que celles-ci financent celles-là, mais un Québec « autonomiste » à la Dumont continuerait, dans les mêmes conditions, à recevoir des paiements de péréquation à même la caisse commune et à remettre exactement les mêmes impôts.

Paierait-il de la péréquation? Maintenant que les revenus des dix provinces sont pris en compte, un moment de rélfexion suffit pour conclure qu'il est extrêmement improbable que le Québec soit privé un jour de paiements de péréquation. Rappelons les chiffres : l'Ontario (38%) et l'Alberta (10%) représentent ensemble environ la moitié de la population canadienne et plus de la moitié de l'économie. Tant que le pétrole fera rouler l'économie mondiale et que l'Ontario bénéficiera d'une rente de situation comme capitale financière du Canada (pas seulement anglophone) en plus de jouir d'un accès névralgique au centre géographique de l'Amérique du Nord, il y a fort à parier que ces deux provinces auront des revenus plus élevés que le Québec. Pour que le Québec n'obtienne pas de revenus de péréquation, il faudrait qu'il soit au-dessus de la moyenne.

Or, si la moitié du Canada est dès le départ au-dessus de la moyenne, il n'y a que deux possibilités, compte tenu du fait que le Québec représente environ la moitié du reste.

D'une part, si le Québec est plus ou moins sous la moyenne, une ou deux provinces parmi les autres (la Colombie-Britannique ou la Saskatchewan, par exemple, comme cela s'est déjà vu) pourraient s'élever au-dessus, mais le Québec recevra des paiements de péréquation. D'autre part, si le Québec est au-dessus de la moyenne, cela signifierait que les trois quarts du pays seraient au-dessus de la moyenne. Par conséquent, pour qu'un quart du pays équilibre les trois quarts en tirant la moyenne vers le bas, il faudrait que toutes les autres provinces plongent si loin sous la moyenne qu'elles pourraient postuler pour une appartenance au Tiers Monde. Ce qui est fort peu probable.

Bref, le Québec n'a pas fini de profiter de la péréquation...

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