2007-02-21

 

Le printemps, saison de la guerre?

Dans les nouvelles du moment, on peut relever l'arrivée d'un second porte-avions étatsunien à portée de frappe de l'Iran, l'explication de l'ampleur potentielle des plans pour une attaque de l'Iran et les efforts du président Bush pour attiser les hostilités verbales, car il fait de son mieux pour convaincre ses concitoyens que le gouvernement iranien est responsable de tout ce que feraient des Iraniens en Irak, que ce gouvernement le veuille ou non, qu'il le sache ou non. (Ceci permettrait de condamner George W. Bush pour tout ce que ses soldats font en Irak, curieusement...)

S'agit-il d'un nouveau bluff? En avril dernier, les États-Unis avaient orchestré une campagne diplomatique, sans doute doublée de tentatives d'intoxication médiatique, pour faire pression sur l'Iran, voire sur ses propres alliés. La menace d'une guerre nucléaire avait filtré, dans un contexte qui rappelait furieusement les préparatifs de l'invasion de l'Irak. À l'époque, j'avais parlé de bluff. Une façon de ne pas m'engager, mais aussi une façon de reconnaître la dimension spectaculaire de la combinaison d'annonces officielles et de fuites montées en épingle. Cette année, le printemps sera-t-il la saison de la guerre, comme en 2003, ou la saison des bluffs, comme en 2006?

S'il y a une raison de s'inquiéter, c'est à cause du syndrome du marteau qui fait que, lorsqu'on a un marteau, tous les problèmes ressemblent à des clous. Personne n'échappe à la tentation de se servir des outils à sa disposition. (La principale exception serait les armes nucléaires : plus on en a, moins c'est pour s'en servir. Sauf contre ceux qui n'en ont pas.) On se souvient parfois avec une certaine affection de l'administration Clinton aux États-Unis, mais il convient de rappeler la question posée par sa secrétaire d'État, Madeleine Albright, à Colin Powell : « What's the point of having this superb military you're always talking about if we can't use it? » Le chat sortait du sac, révélant cette prédisposition sans doute commune aux gens de pouvoir qui sont avant des praticiens à la recherche de solutions.

L'administration Bush actuelle a-t-elle la discipline requise pour manier l'arme du bluff sans jamais céder à la tentation d'aller jusqu'au bout? Contre la Corée du Nord, peut-être bien. Mais contre l'Iran, la bête noire des néo-conservateurs étatsuniens depuis 1979, ce n'est pas si sûr et la question demeure posée.

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