2006-12-12

 

Les derniers feux du XIXe siècle

La doyenne de l'humanité vient de mourir.

Du coup, la continuité humaine des vivants ne remonte plus qu'à 1891.

C'est en soi déjà étonnant. Cela veut dire qu'il reste un certain nombre de personnes qui avaient l'âge de raison (sinon celui de la majorité) lorsqu'un certain archiduc autrichien est mort à Sarajevo. Des personnes qui auraient pu côtoyer la reine Victoria, Albert Einstein ou Charles Darwin... ou Jules Verne.

Certes, dans la plupart des cas, les grands aînés n'ont que des souvenirs épars de leur jeunesse et n'ont jamais côtoyé les personnages qui sont restés dans les annales. Il semble même y avoir un lien entre la longévité et les longues vies tranquilles. Et un autre entre la longévité et le sexe féminin... Il ne reste presque plus de vétérans (masculins) de la Première Guerre mondiale. Pourtant, les quelques survivants sont nés presque dix ans après les détenteurs des records actuels de longévité. La guerre (cela n'a rien d'étonnant), ou peut-être leur sexe biologique, aura donc écourté la vie de cette cohorte. (Hôpital du corps expéditionnaire de l'armée des États-Unis en France en 1918. — Library of Congress)

Néanmoins, s'il y a peu de témoins des grands événements de l'Histoire parmi les grands aînés, ils constituent un lien avec des époques oubliées. À défaut d'avoir été au front ou d'avoir participé aux grands événements politiques, scientifiques ou culturels du siècle, ils ont arpenté des villes qui n'existent plus ou parcouru des avenues encore neuves de villes qui nous semblent maintenant historiques. Ils nous permettent aussi de relativiser notre propre existence...(Avenue Léopold II, Ostende, Belgique, vers 1900. — Library of Congress)

Un jour, la dernière survivante du XIXe siècle s'éteindra. Et je me sentirai beaucoup plus vieux, tout d'un coup.

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