2006-08-03

 

Un très petit pays

Non, il ne s'agit pas du Liban ou d'Israël, mais du Canada il y a un siècle. Ce qui m'inspire cette réflexion, c'est une note dans les papiers de mon père au sujet de son propre père, le docteur Jean Trudel (1888-1968), dont j'ai déjà eu l'occasion de parler. Étudiant en médecine en 1911 (on le voit à cette date dans la photo de droite, avec ce qui semble être la faluche des carabins de l'Université Laval de Montréal), il est interne en 1913 à l'Hôpital Saint-Paul de Montréal. C'est l'époque héroïque des services hospitaliers. L'Hôpital Saint-Paul a sa propre ambulance... hippomobile. Elle sert à venir, entre autres, au secours des blessés sur la voie publique. Quand un accident est signalé, c'est à qui arrivera le premier. Fouette, cocher! L'interne fait tinter la cloche pour annoncer l'arrivée en trombe de l'ambulance tirée par des pur-sang au galop. Parfois, c'est la course avec l'ambulance du Montreal General et l'interne doit sauter de l'ambulance en mouvement, puis courir jusqu'à la victime de l'accident pour la toucher de la main avant la concurrence, afin de revendiquer pour l'Hôpital Saint-Paul l'honneur de la soigner (et les avantages afférents, je suppose). Dans la photo ci-dessous, on voit une ambulance à cheval de ce type, photographiée le 8 septembre 1913. Le cocher se tient à l'avant, l'interne de service assis à côté de lui. La petite taille du véhicule laisse supposer qu'il n'est pas question d'apporter les premiers soins à la victime à l'intérieur de l'ambulance. Elle est simplement enfournée dans l'ambulance et, si elle survit au trajet, elle sera soignée à l'hôpital... L'Hôpital Royal Victoria aurait été le premier à disposer d'une ambulance motorisée.

C'est aussi à cette époque que mon grand-père aurait soigné Joseph Beaubien (1865-1949), le maire d'Outremont, qui avait contracté la scarlatine en 1913. C'est ce que rapporte cette note de mon père, qui tenait l'information de sa mère. Quand Beaubien en réchappe, il envoie à mon grand-père deux caisses de bière « New Frontenac », un produit sans doute de la brasserie Frontenac fondée en 1911 soit par Louis Beaubien (1837-1915), le père de Joseph, soit par Joseph lui-même. (Les sources divergent un peu sur cette vénérable histoire brassicole, mais la date de 1911 doit être la bonne.) Précisons que les deux caisses étaient en fait destinées à tous les internes, et pas seulement au docteur Trudel. Pour une jeune brasserie, c'était de la reconnaissance bien placée puisqu'elle pouvait accroître ainsi sa... reconnaissance.

La station de métro Beaubien à Outremont honore la famille Beaubien en général, mais il y a aussi un buste de Joseph Beaubien dans le parc Beaubien. Entre autres initiatives, Joseph Beaubien avait encouragé l'implantation du collège Stanislas à Outremont.

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