2006-07-16

 

L'implosion démographique

Je feuilletais tout à l'heure un numéro du Nouvel Obs qui rappelle que la bombe de la surpopulation a fait long feu depuis bientôt quarante ans. Si quelques aspects du film Soylent Green restent inquiétants, l'explosion démographique envisagée par la science-fiction des années 60 et 70 n'a pas — tout à fait — eu lieu.

C'est-à-dire que la population humaine sur Terre a bel et bien augmenté. Elle a approximativement doublé depuis ma naissance, mais elle ne devrait croître que de 50% environ au cours des quarante prochaines années. Le ralentissement est donc dramatique. Les perspectives actuelles du département de la statistique de l'ONU sont résumées sur une grande affiche (.PDF) qui prévoit pour 2050 une population mondiale de l'ordre de neuf milliards de personnes. Si le nombre d'enfants par mère converge bien dans toutes les régions du monde, conformément à ce scénario...

Mais même la prévision haute n'atteint pas les douze milliards et la prévision basse ne dépasse pas les huit milliards!

Du coup, les préoccupations changent. La fécondité n'est plus une malédiction. Dans les pays occidentaux menacés par la décroissance, on s'intéresse de plus en plus à la fertilité et à son encouragement. Les grandes villes doivent composer avec des transformations massives, les pertes et les gains ne s'équilibrant pas toujours et affectant des parties différentes de ces agglomérations. La pyramide des âges évolue et la population vieillit, posant le problème du financement des retraites. Pour des sociétés habituées aux défis posés par la croissance, la décroissance a quelque chose d'effrayant parce qu'elle semble sans précédent et semble annoncer une diminution qui pourrait aller jusqu'à la disparition pure et simple...

Toutefois, je suis porté à rapprocher cette situation d'une situation déjà observée. Avant l'époque moderne, les villes européennes du Moyen-Âge souffraient souvent d'un déficit
démographique structurel. Le nombre des morts dépassait le nombre des naissances. Pour que les villes survivent, elles devaient attirer et conserver de nouveaux arrivants en provenance des campagnes. Cette immigration paysanne compensait les pertes naturelles des cités.

Les pays occidentaux sont d'ores et déjà en train de jouer un rôle semblable, dans l'économie-monde, au rôle joué par les cités médiévales dans leur propre contexte. Lieux d'innovation et de culture, regroupements de postes et d'emplois lucratifs, bastions de paix, de sécurité et de prospérité, ils attirent naturellement les habitants de pays moins privilégiés. Les villes d'autrefois ont réussi à survivre longtemps en palliant ces déséquilibres. Si les pays occidentaux sont, dans l'ensemble, rattrapés par la production asiatique, ils pourraient néanmoins survivre en sachant intégrer de nouvelles populations. Le défi est réel, mais il faut se souvenir que ceci a déjà été fait...

Certes, à terme, si la décroissance est générale, le déplacement des populations ne suffira plus. Mais les écarts sont si grands en ce qui a trait à la densité de la population qu'il y aura sûrement de la marge pendant des années, compte tenu surtout de ces deux ou trois autres milliards de personnes qui viendront s'ajouter à l'humanité d'ici 2050.

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