2006-05-17

 

L'éclosion d'un auteur

Cela fait un moment que j'ai fini de lire Bloom de Wil McCarthy. Le roman date de 1998, quand l'auteur avait trente-deux ans. Le cadre est radical : la Terre a été dévastée et conquise par une « éclosion » de vie synthétique. Les survivants se sont réfugiés soit dans les astéroïdes soit dans les lunes des planètes joviennes. Le narrateur fait partie d'une expédition lancée de Ganymède pour retourner dans la partie intérieure du système solaire.

Comme plusieurs autres auteurs de sf avant lui (je pense ici à David Brin dans Glory Season), McCarthy utilise le Game of Life, c'est-à-dire le « jeu de la vie », un automate cellulaire informatique mis au point par John Conway en 1970 à Cambridge, prolongeant des travaux amorcés par Ulam et von Neumann. La version originale a inspiré de nombreuses variantes. Durant mes études en physique il y a vingt ans, nous avions travaillé avec des simulations de Monte-Carlo, dans la lignée des travaux d'Ising avant la Seconde Guerre mondiale. (Pour une discussion de l'intersection de ces méthodes et des automates cellulaires dans le cadre de la physique, voir ce projet de l'INRIA.) Cela faisait partie de l'apprentissage de base du physicien, mais je n'avais pas eu l'occasion de jouer avec des automates cellulaires conçus pour l'auto-reproduction.

Dans une entrevue insérée en appendice, McCarthy admet que sa découverte du Jeu de la vie a fait partie des inspirations fondamentales du roman. De fait, le narrateur se fait expliquer un peu la chose par un spécialiste à bord de l'astronef et ces explications lui insufflent un tel enthousiasme qu'il se met à jouer avec ses propres versions du programme fondamental, ce qui jouera — naturellement mais assez artificiellement — un rôle dans le dénouement. Mais, dans le cadre de ce roman, il faudrait peut-être tenir pour supérieure une intervention « artificielle » d'un ressort de l'intrigue. Tout le propos du livre, après tout, c'est de savoir si la vie technogénique est nécessairement à proscrire. La question est posée; la réponse offerte par McCarthy est un peu forcée.

Ce que je retiens toutefois du roman, c'est la description par McCarthy de la vie à bord d'un petit astronef. Pour un écrivain de sf dure, il ne se débrouille pas si mal pour rendre les affres des personnages coincés dans cet espace restreint et pour différencier la narration du personnage de ses reportages en tant que journaliste pour le réseau des installations lunaires de Jupiter et au-delà. J'ai encore quelques titres de sa plume dans ma pile de livres à lire.

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